LAVAL – À la fin de sa première saison à la barre du Rocket de Laval, Joël Bouchard a remis à chacun de ses joueurs une feuille sur laquelle était inscrite une liste de « devoirs » pour la saison estivale.

 

Cale Fleury s’est fait conseiller de travailler sur son lancer et d’améliorer sa condition physique. À Jake Evans, on a dit qu’il devait prendre un peu de coffre. Alexandre Alain a reçu la mission de peaufiner son coup de patin.

 

Pour Lukas Vejdemo, la clé était dans les mains. « Une des choses qu’on voulait avec lui, c’était de s’assurer que sa dextérité s’améliore, autant avec les réceptions de passes qu’avec le maniement de rondelle, identifiait Bouchard mardi. Au centre, tu dois avoir de bonnes mains pour que le jeu continue. C’est pas qu’il avait des mains horribles. C’est qu’on voulait qu’il ait des mains pour le professionnel de haut niveau, pour la Ligue nationale. »

 

Difficile de dire à quel point Vejdemo, un choix de troisième ronde du Canadien en 2015, est près d’atteindre la LNH. Ce qu’on peut toutefois affirmer avec certitude, c’est qu’il s’en est grandement approché depuis son transfert en Amérique du Nord.

 

D’un projet un peu obscur, le Suédois de 23 ans doit maintenant être considéré comme l’une des valeurs sûres du club-école du Canadien. Aux responsabilités défensives qui lui étaient confiées la saison dernière se sont greffés des mandats réguliers en avantage numérique. Son entraîneur l’envoie également dans la mêlée lorsque l’équipe doit protéger une avance fragile en fin de rencontre.

 

En marquant dans un filet désert dans une victoire de 3-0 contre les Sound Tigers de Bridgeport, samedi, Vejdemo s’est inscrit à la feuille de pointage dans un sixième match de suite. Au cours de cette séquence, il a accumulé un total de huit points et affiché un différentiel de plus-4.

 

Depuis le début de la saison, le jeune joueur de centre est le meilleur marqueur du Rocket, à égalité avec Alex Belzile, avec une fiche de 12 points en 18 parties. Et il réussit tout ça sans être jumelé aux principaux éléments offensifs de l’équipe, Bouchard l’ayant surtout associé à des ailiers comme Alain, Nikita Jevpalovs, et Joe Cox

 

« C’est un gars qui, dans les douze derniers mois, a beaucoup gagné en maturité sur la glace, observe Bouchard. L’expérience, ça ne s’achète pas, je le dis tout le temps, et il fait ce qu’on lui demande. Ce que ça fait, c’est que sur la glace, il est extrêmement constant et quand tu amènes de la constance dans ton jeu chez les professionnels, tu es le genre de gars sur qui l’entraîneur peut se fier. »

 

« C’est un gars que j’ai poussé beaucoup l’an passé. Il a eu une période creuse, comme tous les joueurs recrues. Mais cet été et depuis le début de l’année, il fait ses devoirs et il récolte en ce moment les bénéfices. »

 

De nouveaux bâtons

 

Vejdemo a pris au sérieux les recommandations qui lui ont été prodiguées à la fin de sa saison recrue. De retour en Suède, il a rapidement établi un contact avec deux entraîneurs spécialisés dans le maniement de rondelle que des amis lui avaient référés.

 

Le premier conseil qu’ils lui ont donné l’a pris de court.

 

« J’ai raccourci mon bâton pas mal, confie Vejdemo en montrant un espace de plusieurs centimètres entre le pouce et l’index. C’était leur idée. Ils travaillent aussi avec William Karlsson, des Golden Knights de Las Vegas, et ils l’avaient convaincu de le faire. Je dirais que ça marche plutôt bien pour lui, alors je me suis dit ‘pourquoi pas?’ »

 

L’ajustement a nécessité une certaine période d’adaptation, mais Vejdemo explique qu’il a commencé son entraînement estival plus tôt qu’à l’habitude et a eu amplement de temps pour s’ajuster. « C’était assurément bizarre au début, mais maintenant, c’est comme si j’avais toujours joué avec ces bâtons. »

 

Le polyvalent pivot estime qu’en plus d’un meilleur contrôle du disque, la nouvelle posture qu’implique la modification de ses bâtons a eu une influence positive sur son coup de patin. Bouchard constate aussi qu’il est plus efficace au cercle des mises en jeu.

 

« Tout était nouveau pour moi l’an passé. Le jeu ici est complètement différent. Cette année, je me sens beaucoup plus confortable avec tout ce qui m’entoure et ça m’aide beaucoup. J’ai fini la saison sur une bonne note l’an dernier et je voulais bâtir là-dessus cet été. Je crois avoir réussi à le faire et ça se voit présentement dans mon début de saison. »

 

« Sa contribution offensive, c’est parce qu’il fait les bonnes choses, renchérit Bouchard. Au-delà des améliorations dont on a parlé, il est vraiment à point dans son engagement physique, son jeu méthodique sur 200 pieds et son niveau de compréhension dans toutes les situations du jeu. J’en parlais aux joueurs ce matin: parmi tous les joueurs qui sont dans la Ligue nationale, il y en a 2% qui peuvent se permettre d’être uniquement des joueurs offensifs ou des joueurs défensifs. Les autres doivent être bons dans tous les aspects. Donc j’attribue sa contribution offensive à son jeu défensif, aux petites améliorations qu’il a su apporter et à l’expérience qu’il a prise au cours des douze derniers mois. »