LAVAL – Vaincu à ses cinq dernières sorties, le Rocket de Laval traverse déjà sa deuxième longue séquence d’insuccès de la saison. Cette fois, par contre, il faut gratter un peu plus pour trouver des traces de positivisme.

Entre le 19 octobre et le 2 novembre, période au cours de laquelle le club-école du Canadien avait perdu six matchs consécutifs, la lumière au bout du tunnel était aveuglante. Le Rocket était l’équipe dominante à chacune de ses sorties et tous les signes pointaient vers une résolution imminente du problème.

Il est impossible de tirer les mêmes conclusions en analysant la série de cinq revers qui accable présentement l’équipe. L’attaque se cherche, les unités spéciales ne remplissent pas leur mandat et les conséquences au classement sont brutales : la troupe de l’entraîneur-chef Joël Bouchard occupe présentement le 30e et avant-dernier rang du classement général de la Ligue américaine avec seulement 16 points en 21 matchs.

Mardi, au retour d’un long voyage infructueux, Bouchard a dirigé un entraînement dynamique avec l’entrain qu’on lui connaît. La frustration était palpable au sein de son groupe et le coach a dû ramener quelques joueurs à l’ordre à l’occasion, mais dans l’ensemble, les récentes défaites à Syracuse, Utica et Charlotte ne semblaient pas avoir laissé trop de stigmates.

« L’an dernier, notre attitude n’était pas aussi positive qu’elle l’est en ce moment. Beaucoup de gars étaient réticents à appliquer les directives qui nous étaient donnés, est en mesure de comparer le défenseur Brett Lernout. Cette année, ce n’est pas le cas. Tout le monde y croit, tout le monde pousse dans la même direction. »

« Je comprends les gens, affirme Bouchard. On voit les scores et on fait "Ah..." Mais la vraie vie, c’est que c’est une équipe qui performe encore assez pour avoir plus de victoires. Je comprends que les défaites s’accumulent et je ne trouve pas ça le fun. Je suis tanné. Mais je pense que je suis plus tanné pour [mes joueurs], parce que ce sont des bons gars qui travaillent fort et qui croient en ce qu’on fait. Tu ne joues pas aussi bien défensivement quand tu t’en fous. La qualité du jeu défensif, c’est le reflet d’un groupe investi qui joue de la bonne façon. C’est purement de la volonté et de l’investissement, et les gars le font. Moi, il faut que je gère l’effort et les intentions. Si je fais juste gérer le résultat, je vais être malhonnête envers les gars et je ne serai pas ce coach-là. »

« Dans les derniers matchs, est-ce qu’on a été parfaits? Non. Mais on mérite une couple de victoires là-dedans, ça c’est sûr. »

Voici trois aspects qui font particulièrement mal au Rocket depuis quelques semaines.

Des départs difficiles à combler

Le Rocket doit présentement composer avec une réalité qui frappe toutes les équipes de la Ligue américaine. Depuis le 7 novembre, trois de ses piliers ont été rappelés par le grand club, soit les attaquants Kenny Agostino et Michael Chaput et le défenseur Brett Kulak.

En leur absence, de plus grandes responsabilités ont dû être partagées entre des joueurs qui n’ont peut-être pas ce qu’il faut pour les endosser.

« Dans notre conception d’équipe, qui est une équipe de travaillants, quand on perd Agostino, Chaput et Kulak, on ne les remplace pas par des gars qui ont plus d’expérience. Et je dis ça avec beaucoup de respect pour mes joueurs. S’ils n’étaient pas bons et qu’ils se pognaient le beigne, je le dirais. Ils ne se pognent pas le beigne. Ils travaillent comme des chiens. »

« Est-ce qu’ils travaillent toujours bien? Non. Est-ce qu’ils ont toujours la finition? Non. Mais le jeu défensif est aussi bon qu’il y a trois semaines, je te dirais même plus. C’est juste qu’à moment donné, on manque d’expérience, de millage et on doit sortir les gars de leurs cases. C’est la même chose partout, sauf qu’il y a des équipes qui ont plus de profondeur que d’autres. Il faut que je mette ça en perspective comme coach. »

Des vétérans en panne sèche

Des joueurs qui ont vu neiger, il en reste dans le vestiaire du Rocket. Il est maintenant temps que ceux-ci se lèvent.

Alexandre Grenier, un franc-tireur qui a marqué 20 buts la saison dernière et qui connaît la Ligue américaine comme le fond de sa poche, n’a marqué qu’une fois à ses 16 derniers matchs. Même chose pour Hunter Shinkaruk, qui a été blanchi à ses 14 derniers matchs. On pourrait ajouter à la liste le nom de Michael McCarron, qui n’a que deux points à ses 13 derniers matchs.

« Ce n’est pas parce qu’ils s’en foutent et ce n’est pas parce qu’ils n’essaient pas, a défendu Bouchard. Est-ce qu’ils se cherchent? Oui. Les marqueurs, quand ça ne marque pas, ça se cherche. Est-ce qu’on leur donne des outils? Oui. Est-ce qu’on leur parle? Oui. Mais à la fin, quand ils sont devant le filet, je ne peux pas aller jouer pour eux autres non plus. Mais mon expérience avec ces gars-là, c’est que quand ça pogne en feu, ça pogne en feu. Là, c’est le temps pour eux autres. Je ne leur lance pas de flèche plus qu’à d’autres, mais si tu leur demandais, je ne suis pas sûr qu’ils trouvent ça bien drôle non plus. »

Des problèmes d'indiscipline

Le Rocket se tire dans le pied. Dans ses cinq derniers matchs, il a accordé 27 avantages numériques à l’adversaire. Huit de ces grenades lui ont éclaté en plein visage.

Difficile de bâtir toute forme de momentum en attaque quand ton cinquième homme est confiné au rôle de spectateur.

« C’est l’un des problèmes qu’on a eu à traiter et tu vois, au dernier match, on a eu trois punitions, constate Bouchard. On a fait des réglementations parce que là ça va faire, cinq, six [punitions par match]. Ce n’était pas toutes des punitions stupides, mais il y en avait une ou deux et c’était celles qui nous faisaient mal. Et quand je dis "stupide", ce n’est pas du désintérêt, mais plutôt de l’intensité mal placée dans des moments qui ne sont pas opportuns. Ce n’est pas pour mal faire. C’est juste le focus, la concentration, le stress... Avoir peur de se faire battre quand tu as quatre coéquipiers en arrière. Il faut casser ça. »