LAVAL – « Un brillant avenir ». À l’unisson, c’est ce qui a été prédit à Rafaël Harvey-Pinard jeudi lors du bilan de fin de saison du Rocket.

Clairement, le jeune Saguenéen a laissé une forte impression à sa deuxième saison dans la Ligue américaine. Identifié comme un mentor par les jeunes Joshua Roy et Xavier Simoneau au camp des recrues du Canadien en septembre, il a enchaîné en gagnant le respect des vétérans qu’il a côtoyés à Laval.

Désigné comme l’un des assistants au capitaine Xavier Ouellet par l’entraîneur Jean-François Houle en début de campagne, celui que ses coéquipiers surnomment « HP » a forgé son identité de leader en plus de s’établir comme l’un des plus importants contributeurs par ses performances sur la patinoire. Il a terminé l’année au premier rang du classement des compteurs de l’équipe avec 56 points en 69 parties.

« Il a tellement un bright future en avant de lui, a constaté Jean-Sébastien Dea dans la langue de P’tit Belliveau. En dehors de la glace il est tellement énergique, toujours le sourire à l’aréna. C’est de ce genre de joueurs dont tu veux t’entourer et avec qui tu veux grandir dans ta carrière. Je pense qu’il y a des belles choses qui s’en viennent pour lui. »

« Il se présentait à chaque jour et il avait toujours du plaisir, a remarqué Danick Martel, son cochambreur sur la route. Juste un maudit bon gars, du genre que tu veux avoir dans ton équipe. Ils lui ont donné un ‘A’ au début de l’année et ce n’est pas pour rien. Il travaille tellement fort, son éthique de travail est exemplaire. Être là pour encadrer un jeune comme lui, c’est du bonbon. »

Houle a lui aussi été conquis par les qualités de son numéro 11. Il aurait pu passer l’après-midi à en énumérer. « Je l’ai trouvé plus rapide qu’au début de l’année. Son lancer, j’ai trouvé qu’il s’est amélioré énormément », a-t-il proposé spontanément. Mais ce qui l’a surtout charmé, c’est que celles-ci ont été dorlotées, soignées aux petits oignons, traitées avec l’assiduité propre à un premier de classe.

« C’est un joueur dévoué, il étudie la game. Ça n’arrive pas par hasard avec Rafaël. Il fait le travail pour s’améliorer et je pense qu’il a un grand futur en avant de lui », a à son tour prophétisé le coach.

Et Harvey-Pinard, que retiendra-t-il de sa saison? D’abord, qu’elle a été longue. Sa première saucette chez les professionnels avait été réduite à 36 parties en raison des restrictions sanitaires liées à la COVID-19. Sous ses patins en 2021-2022 se sont succédées une saison de 69 matchs et un parcours éliminatoire d’une quinzaine de parties supplémentaires. À travers tout ça, il s’est vu attribuer un stage de quatre matchs, ses premiers, dans la LNH.

« Ça m’a permis de voir la difficulté du calendrier, se félicite-t-il avec le recul. C’est un horaire chargé, on joue beaucoup de matchs. On ne s’habitue pas nécessairement à ça dans le junior. Juste là, je peux tirer beaucoup d’apprentissage. Après, faire une longue poussée en séries, avec le support des vétérans et tout ce qu’ils nous ont montré, c’est juste profitable. Et en côtoyant des pros de la LNH, c’est sûr que tu peux apprendre juste en les regardant. Je pense qu’en général, ça a été une grosse année d’apprentissage pour moi. »

Une place à Montréal

Tout n’a pas été rose non plus. Une bonne chose, diront certains, puisque d’après des calculs éprouvés datant de temps immémoriaux, c’est souvent après avoir pris un pas de recul qu’on est le mieux placé pour en prendre deux vers l’avant.

Les modestes déboires de Harvey-Pinard se sont résumés à deux faux-départs. Le premier, au crépuscule de la saison, s’est traduit par une récolte d’un seul but à ses 13 premiers matchs. Le deuxième l’a vu amorcer les séries sur une disette de neuf matchs.

À chaque fois, les choses se sont replacées et aujourd’hui, l’attaquant de 23 ans considère ces petites mésaventures comme un outil de plus dans son coffre.  

« Vivre ces moments-là au niveau professionnel, ce n’est pas toujours facile, mais quand tu réussis à les surmonter, je pense que c’est juste bon pour la suite. Tu vas en revivre d’autres plus loin dans ta carrière, il y a toujours des hauts et des bas, mais s’en sortir de même, je pense que c’est une preuve de persévérance. Ce qu’on peut retenir de ça, c’est juste de ne jamais arrêter de jouer de la manière dont t’es supposé jouer, de garder ton identité. Même quand il y a des moments plus difficiles, continue à travailler, donne ton 100%. Une fois que ça débloque, c’est parti pour de bon. »

Toutes ces précieuses leçons apprises au cours des derniers mois, Harvey-Pinard les gardera en tête tout l’été en vue de ce qu’il considère être un important examen à l’automne. Il le dit du bout des lèvres, avec une prudence qu’on sent beaucoup plus motivée par la lucidité que par une quelconque crainte de l’échec, mais il le dit quand même.

Il veut jouer avec le Canadien, à temps plein, dès la saison prochaine.

« Je ne pensais pas à grand-chose d’autres qu’aux séries dernièrement, mais c’est sûr que je sais ce que je veux l’année prochaine. Je veux faire ma place à Montréal. Ça va être ça mon but et je vais travailler très fort cet été pour l’atteindre. »