Tim Stutzle se sent encore comme une recrue.

Et à bien des égards, il l'est toujours.

L'attaquant des Sénateurs d'Ottawa a eu un avant-goût de la vie dans la LNH pendant la saison écourtée par la pandémie après avoir été sélectionné au troisième rang au repêchage de 2020.

Stutzle a participé à son premier camp d'entraînement, il s'est habitué à jouer sur les plus petites patinoires nord-américaines, il a appris certaines des rigueurs du jeu dans la meilleure ligue au monde et il a inscrit 12 buts et 29 points en 53 matchs.

Il y a aussi beaucoup de choses qu'il n'a pas pu faire, y compris des dîners d'équipe, visiter de nouvelles villes, faire des voyages en voiture aux États-Unis et jouer devant des spectateurs en raison des restrictions sanitaires imposées par la COVID-19 qui ont limité les sept équipes canadiennes à s'affronter au sein de la même section.

« Tout va être une fois encore nouveau », a mentionné l'Allemand de 19 ans.

Malgré l'expérience insolite d'être essentiellement isolé du reste du monde dans un nouveau pays loin de sa famille et de ses amis, tout en jouant dans des amphithéâtres vides, Stutzle est convaincu que ce premier contact avec la LNH l'a aidé à se préparer pour ce qui est à venir.

« C'était vraiment étrange, a-t-il mentionné. C'était, mentalement, vraiment difficile. Mais je suis vraiment reconnaissant d'avoir pu disputer la saison dernière. C'est quelque chose de vraiment spécial. Tout le monde ne pouvait pas jouer. Je l'ai vu en Allemagne, il y avait tellement de jeunes enfants qui n'ont pas pu jouer au hockey toute l'année.

« Mais mentalement, c'était vraiment difficile. C'était seulement hockey, hockey, hockey. »

Plus confiant et plus fort

Les coéquipiers de Stutzle ont entrepris leur calendrier préparatoire à l'étranger avec une victoire de 3-2 en prolongation, dimanche, contre les Jets de Winnipeg devant 14 625 partisans entièrement vaccinés et masqués au Centre Canada Life. Mais il est resté pour sa part dans la capitale nationale, ce qui signifie qu'il effectuera sans doute ses débuts dans la LNH avec la présence d'une foule mercredi, quand les Sénateurs accueillent les Maple Leafs de Toronto.

« Sans partisans, c'est totalement différent, a-t-il confié. Je ne pourrais pas être plus heureux et excité de la présence de spectateurs dans l'édifice pour nous encourager.

« C'est la raison pour laquelle nous jouons. »

Un rouage important d'un jeune groupe de joueurs qui cherche à progresser cette saison - le directeur général des Sénateurs Pierre Dorion a affirmé que la reconstruction de son club est terminée - Stutzle est conscient qu'il ne peut répéter les erreurs de 2020-21 lorsque l'équipe amorcera son calendrier de 82 matchs au sein de la très compétitive section de l'Atlantique, le 14 octobre.

« Nous avons un noyau vraiment, vraiment jeune, a reconnu Stutzle, dont l'équipe a commencé la saison dernière avec un piètre palmarès de 2-12-1 avant de la terminer avec une respectable fiche de 21-16-4. « Nous avions beaucoup de recrues, nous allons rester très jeunes, mais nous voulons être bien meilleurs, surtout en début de saison. »

L'entraîneur-chef D.J. Smith a noté qu'il avait vu un joueur différent au début du camp d'entraînement.

« (Un) jeune plus confiant, plus grand, plus fort qui a la réelle capacité de marquer des buts, a analysé Smith, qui s'apprête à entamer sa troisième saison à la tête d'une formation qui n'a pas participé aux séries éliminatoires depuis 2017.

« Je ne veux pas mettre un chiffre - pour ne pas lui donner le sentiment qu'il doit absolument l'atteindre - mais je peux le voir en marquer 25.

« Il a juste l'air de s'amuser. Aussi simple que cela puisse être, quand les bons joueurs s'amusent, ils retournent à l'époque où ils étaient enfants. »

Le défenseur Thomas Chabot est convaincu que Stutzle n'a offert qu'un petit aperçu de son talent au moment d'entamer une quatrième saison professionnelle après deux en Allemagne avant d'être sélectionné au troisième rang par les Sénateurs.

« Je ne pense pas que nous ayons tout vu, c'est sûr, a prétendu Chabot. Il est tellement talentueux... il est doté d'une très belle personnalité et il est plaisant à côtoyer.

« Je suis vraiment heureux de l'avoir à mes côtés. »

Expérience olympique

Une autre équipe dont Stutzle fera presque assurément partie cet hiver est celle de l'Allemagne aux Jeux olympiques de Pékin, une formation qui aura à sa tête la vedette des Oilers d'Edmonton Leon Draisaitl.

Le parcours s'annonce toutefois difficile pour les Allemands - médaillés d'argent aux Jeux de 2018 à Pyeongchang alors que les joueurs de la LNH n'y ont pas participé - dans un groupe qui comprend aussi le Canada et les États-Unis.

« J'espère que nous pourrons rivaliser avec acharnement contre ces équipes, a affirmé Stutzle, qui mène la prochaine génération de talents de son pays. Si vous travaillez fort, que vous patinez au maximum, je pense que tout peut arriver.

« Tout le monde travaille dans un but commun. »

Stutzle n'a pas connu l'expérience des spectateurs à l'intérieur des amphithéâtres la saison dernière, mais il a vécu un moment spécial qui est devenu viral sur les réseaux sociaux.

Un groupe d'enfants et de parents de son quartier d'Ottawa a célébré le premier tour du chapeau de l'adolescent dans la LNH en lançant des dizaines de chapeaux par-dessus la clôture arrière de la maison qu'il partage avec ses coéquipiers Brady Tkachuk - qui n'a toujours pas signé son contrat avant la campagne 2021-2022 - et Josh Norris.

« Je ne suis pas un gars qui aime être le centre d'attraction, se souvient Stutzle avec un sourire. Au début, c'était un peu gênant pour moi de me tenir là sous les regards de tout le monde, mais c'est quand même quelque chose que je n'oublierai jamais. Je suis vraiment reconnaissant. Ce fut un bon moment à Ottawa.

« Tout le monde est vraiment excité de l'équipe que nous avons. Je ne pourrais pas être plus excité de faire partie de ce groupe. »

Stutzle est également excité à l'idée de découvrir la vie de la LNH - pour vrai cette fois.