Jean-Gabriel Pageau estime que les Sénateurs ont une autre histoire à écrire
Sénateurs d'Ottawa mercredi, 15 avr. 2015. 14:01 samedi, 14 déc. 2024. 20:43MONTRÉAL – Chaque fois que la commissure de ses lèvres se rapproche de ses lobes d’oreilles, Jean-Gabriel Pageau laisse paraître un vestige de ses premières séries dans la Ligue nationale.
Pageau comptait à peine deux semaines d’expérience dans la LNH au printemps 2013 lorsque les Sénateurs d’Ottawa ont pris la direction de Montréal pour y affronter le Canadien au premier tour du tournoi éliminatoire de la saison qui venait d’être écourtée par un lock-out. Il ne le savait pas encore, mais cette série allait lui servir de tribune pour se présenter au reste de la Ligue.
Dans le troisième match, Pageau a inscrit un tour du chapeau dans une écrasante victoire qui permettait aux Sénateurs de prendre une avance de 2-1 dans la série. Il avait aussi reçu un coup de bâton qui avait fait voler l’une de ses dents sur la patinoire.
Deux ans plus tard, le petit trou est encore là, comme un souvenir qui ne veut pas s’effacer.
« Ils l’ont réparée, mais elle est retombée. Elle ne veut pas rester là! Il faudrait bien que je finisse par faire quelque chose… », racontait le jeune Gatinois mercredi après l’entraînement matinal de son équipe.
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Pageau n’a pas besoin de voir son sourire troué pour se rappeler du match qui a lancé sa carrière. Avant même que les Sénateurs se soient débarrassé du Canadien en cinq matchs, en 2013, il était déjà reconnu comme leur nouvelle bête noire, une réputation à laquelle il s’est assuré de faire honneur au fil des ans. Alors que les deux rivaux s’apprêtent à en découdre une fois de plus dans la chaleur du mois d’avril, Pageau affiche une production de neuf points en onze matchs en carrière contre le CH.
« J’ai peut-être eu quelques bonds chanceux », suggère-t-il humblement pour expliquer ses succès répétitifs contre l’équipe de la métropole québécoise.
Ses habitudes étant bien documentées, Pageau sera probablement surveillé comme peu de joueurs de quatrième trio l’ont été dans l’histoire récente du Centre Bell à partir de ce soir. Il en est conscient et il ne s’en plaint pas.
« Je ne me stresse pas avec ça. J’essaie de prendre la pression et de la tourner en positif. J’ai toujours confiance en mes moyens, peu importe l’équipe qu’on affronte », dit l’ancien des Olympiques de Gatineau.
Le travail accompli par Pageau au cours des derniers mois lui donnerait le droit d’exiger qu’on le reconnaisse maintenant pour autre chose que son efficacité contre un club en particulier. À partir du 17 février, il a inscrit un point dans trois matchs consécutifs après avoir été rappelé de la Ligue américaine pour combler la perte de Clarke MacArthur. Il n’est plus jamais redescendu. Le fougueux joueur de centre a inscrit un point dans huit des 16 parties des Sens en mars et a trouvé le fond du filet dans chacun des trois derniers matchs de la saison, dont celui garantissant la victoire et la qualification de son équipe pour les séries éliminatoires contre les Flyers de Philadelphie.
« C’est certain que ça m’a enlevé de la pression, approuve Pageau en pensant à la journée où on lui a annoncé qu’il ne retournerait plus à Binghamton. J’ai commencé à pouvoir jouer le style que je voulais depuis le début. Ensuite, plus tu joues de matchs dans la LNH, plus tu gagnes en confiance. Je suis vraiment content que ça me soit arrivé en fin de saison, juste avant les séries. Ça peut juste m’aider pour ce qui s’en vient. »
Pageau chérit les moments qui l’ont mis sur la mappe à ses débuts chez les pros. Il savait aussi que le sujet ferait de nouveau surface à l’approche des retrouvailles printanières entre les deux clubs. Mais il ne veut plus être défini par trois buts marqués il y a deux ans.
« C’est certain que c’est un souvenir dont je vais toujours me rappeler, mais j’essaie de tourner la page. Les années avancent et d’autres histoires s’écrivent. Cette année, on a une belle équipe et on a une belle chance de créer d’autres belles choses. »
« Une meilleure équipe » avec Pacioretty
Erik Karlsson a admis que la vue d’un Centre Bell vide et silencieux, un abri qui n’attendait que d’être envahi par la tempête, lui rappelait de bons souvenirs. Le capitaine des Sénateurs a hâte de se mettre au boulot.
« Notre approche sera la même que celle que nous préconisons depuis des mois, a calmement prévenu le Suédois. Je ne crois pas qu’il y ait plus de pression sur nous maintenant qu’à n’importe quel autre moment de la saison. La clé sera de ne rien changer, d’éviter d’essayer d’ajouter un petit quelque chose d’extra. »
Alors que les premiers joueurs des Sens sautaient sur la glace pour se délier les jambes, mercredi matin, le Canadien annonçait que Max Pacioretty ne serait pas en mesure de jouer en soirée. Le meilleur franc-tireur du Tricolore, dont le sort était enrobé de mystère depuis une semaine, a marqué quatre buts et récolté six points cette saison contre Ottawa.
« C’est un excellent joueur qui a connu beaucoup de succès contre nous, mais il n’est pas le seul à pouvoir contribuer au sein de cette équipe. On voit ce défi dans son ensemble, même s’il est évident qu’ils forment une meilleure équipe avec lui », évalue Karlsson.
L’entraîneur Dave Cameron, qui semblait d’attaque en prévision son premier match de séries derrière un banc de la LNH, a clairement statué que l’absence de Pacioretty ne modifiait en rien son plan de match.
« Les bonnes équipes le sont pour une raison : elles sont capables de gérer les différents changements à même leur formation. Ce soir, on s’attend à affronter une très, très bonne équipe. »