OTTAWA – Il y a fort à parier que les partisans des Sénateurs se feront un plaisir de scander « Pageau, Pageau, Pageau » au moment d’honorer Jean-Gabriel Pageau qui effectuera son retour à Ottawa seulement 10 jours après avoir été échangé aux Islanders de New York.

La grande question sera de savoir si Pageau profitera de cette soirée pour s’illustrer contre son ancienne formation. Le chant à son nom a été popularisé puisque le Québécois de 27 ans est reconnu pour se démarquer dans les moments cruciaux.

« Je ne peux pas rien garantir outre que je vais tout donner sur la patinoire un peu comme je faisais pendant mes années à Ottawa. Je vais essayer de continuer dans la même lignée, c’est ça qui me donne du succès », a réagi le droitier qui était l’homme le plus populaire au Centre Canadian Tire.

Les fidèles du Canadien savent bien que Pageau ne reste pas timide quand l’enjeu est très élevé. C’est d’ailleurs grâce à ses succès contre le Tricolore qu’il a été surnommé le « Habs Killer ». Pourrait-il réserver le même sort à son ancienne organisation et devenir le « Sens Killer »?

« On verra, je ne suis pas rendu là mentalement, mais j’ai déjà quelques amis qui m’ont texté ça ce matin. Eux, ils étaient des partisans du Canadien alors je suis un peu perdu dans tout ça. Je veux surtout aider de mon mieux parce que toute l’équipe veut retrouver le droit chemin. On a manqué de connexion et de constance dans les derniers matchs », a-t-il répondu.

Afin de savourer une première victoire avec les Islanders – qui ont un dossier de 0-2-2 depuis son arrivée –, Pageau devra bien maîtriser les papillons qui déferlaient déjà dans son corps en matinée.

« Je suis certain que ce sera un peu plus difficile ce soir. Je suis quelqu’un d’émotif quand même. Ce sera beaucoup d’émotions de jouer de l’autre côté et de m’habiller dans l’autre vestiaire. Ça fait un peu bizarre de s’habiller là. J’apprécie tellement tout ce que l’organisation a fait pour moi, je ne serais pas le joueur que je suis aujourd’hui sans tous ces gens. C’est certain que ce sera une soirée émotive », a convenu le numéro 44.

À juste titre, Pageau préfère voir ce retour précoce à Ottawa de manière positive.

« C’est certain, si ce n’était pas arrivé (cette saison), j’y aurais pensé tout l’été. Quand je suis revenu à Ottawa mercredi, je me sentais quasiment comme si j’étais parti sur un road trip de 10 jours et que je revenais à la maison. Mais non, je repars à New York après la partie. C’est quelque chose que je suis content, l’équipe m’a tellement bien accueilli, les bras grands ouverts. Tout le monde m’a aidé à devenir à l’aise », a témoigné le choix de quatrième ronde des Sens en 2011.

Si l’ajout de Pageau a été encensé par tout le monde, ça ne s’est pas concrétisé par des victoires pour le moment. Ça ne saurait tarder d’après l’avis de ses nouveaux partenaires surtout qu’il contribue de plusieurs façons au sein d’une équipe.

« On avait vraiment besoin d’un droitier sur le jeu de puissance et il joue sur la première vague. Lui et (Mathew) Barzal ont déjà connecté pour un but. On sait que les unités spéciales seront très importantes jusqu’à la fin de l’année. Jean-Gabriel joue aussi en désavantage numérique et il est capable de gagner des mises au jeu donc il joue dans toutes les facettes. On est chanceux de l’avoir », a exposé Derick Brassard qui est une ressource précieuse pour Pageau quant à son adaptation.

L’entraîneur Barry Trotz a été questionné sur l’adaptation de Pageau à sa troupe et il assure que ça se déroule bien.

« Il a été bon. Quant à la dernière partie (contre le Canadien), je ne crois pas qu’un seul joueur ait été bon. Dans le court temps que je l’ai dirigé, tu peux voir pourquoi les entraîneurs et les joueurs l’aiment autant. C’est relié à sa personnalité et vous le savez mieux que moi. Il a une personnalité qui cadre bien dans une équipe. Il joue de la bonne manière, il s’implique d’un bout à l’autre de la patinoire. Il sera un élément important pour nous pendant longtemps. C’est encore plus vrai puisqu’il joue au centre, c’est tellement rendu une position cruciale dans la LNH », a insisté Trotz devant les journalistes.

À défaut d’avoir pu aider son club à l’emporter jusqu’à présent, Pageau n’a pas hésité à jeter les gants à son tout premier match. Il avait également compté un but durant ce duel contre les Rangers de New York.

« C’est du Pager tout craché. Il peut faire un peu de tout, il est venu à la défense d’un coéquipier et il a ajouté un beau but en plus. Je ne m’attendais à rien de moins que des feux d’artifice de sa part », a déclaré Ryan avec respect.

On peut tout de même dire que les partisans des Islanders l’ont déjà accepté. Ils n’ont pas tardé à y aller de leur meilleur effort pour entonner le « Pageau, Pageau, Pageau ».

« C’était tellement un accueil chaleureux, je ne m’attendais pas à ça dès le départ. C’était apprécié qu’ils me témoignent leur support et qu’ils connaissent déjà la chanson. C’est vraiment venu me chercher au cœur. En espérant que je pourrai aider l’équipe à gagner sous peu », a mentionné celui qui a enfilé l’uniforme des Sénateurs pendant huit saisons.

Avant de sauter sur la patinoire pour l’entraînement matinal, Pageau s’est assuré de venir saluer plusieurs anciens coéquipiers qui étaient déjà sur la glace. C’était facile de voir que ceux-ci ont apprécié son geste.

« Il était un peu celui qui a porté tous les chapeaux avec les Sénateurs. Pas seulement sur la patinoire, mais dans le vestiaire également. Ce n’est pas pour rien qu’il était populaire ici », a vanté Bobby Ryan avec plaisir.

Si le retour de Pageau à Ottawa a été expéditif, disons que le club a déjà vécu des situations moins évidentes.

« C’est vrai que c’est vite, mais on a déjà eu des revirements plus rapides ici. On a des joueurs qui ont quitté le club en traversant le corridor, a rigolé Ryan en faisant allusion à la transaction de Matt Duchene. Cette fois, on a eu quelques jours pour que la poussière retombe. En plus, il a joué quelques matchs avec eux, il est devenu plus confortable et il a bien joué de ce que j’ai vu. Ce sera différent pour moi de le voir de l’autre côté et je suis certain qu’on en rira bien après la partie », a conclu Ryan.