La discussion, vous le devinerez, portait sur les présentes négociations - les principaux intervenants se rencontraient hier soir à New York - entre les joueurs et les propriétaires. A bâtons rompus, comme ça, tout le monde y allait de son commentaire.

Il y avait Benoit Brunet, ex-joueur.
Il y avait Pierre Houde, mon camarade du Hockey à RDS.
Il y avait Alain Crête, mon autre camarade du Hockey à RDS.
Il y avait également Sophie.

Je vous la présente, c'est l'une des charmantes marquilleuses qui ont la lourde responsabilité d'améliorer le visage de vos humbles serviteurs. Sophie écoutait, avait-elle tellement le choix puisque nous étions tous réunis dans la petite salle de maquillage. Elle écoutait et souriait.

Chacun avait une réflexion sur la bataille de principe que se livrent actuellement les membres de l'Association des joueurs et les propriétaires des équipes. Chacun reconnaissait l'affrontement de deux coqs cherchant à s'approprier le contrôle total de la basse-cour.

Chacun reconnaissait que le hockey était dans de sales draps et que sa santé financière ne faisait que détériorer les relations entre les deux clans. Benoit et on le comprendra très bien défendait la cause des joueurs.

Alain se demandait pourquoi en étions-nous rendus à un foulli alors que les propriétaires avaient clairement démontré, l'an dernier, avec une gestion saine et serrée, que l'ancienne convention de travail pouvait ramener le hockey dans le droit chemin.

Et Pierre cherchait un moyen pour ramener les deux équipes de négociateurs sur un terrain plus propice à une discussion animée mais constructive.

Encore actif

- Dis donc Benoit, que ferais-tu si tu étais encore actif?
« Je présume que je serais en communication avec les leaders de l'Association des joueurs à tous les jours. J'avoue que je serais inquiet, par contre, je reconnaitrais aussi que les propriétaires veulent tout gober dans cette négociation, qu'ils ont décidé qu'il n'y aurait aucun compromis. C'est pour ça qu'on se retrouve dans cette situation.»

- Mais, tu sais…
« Oui, oui, je sais… depuis 10 ans, on a été comblé. Mais comment les propriétaires peuvent-ils penser une seule minute que les joueurs de remplacement constituent une solution logique. Voyons donc, les gens n'iront pas voir ça. »

- Tu sais quoi, Benoit, je ne suis pas certain que c'est justement la solution qu'envisagent Gary
Bettman et les propriétaires. C'est la perspective que le 1er juillet plus de 60% des membres de l'Association n'auront plus de contrat en bonne et due forme. Que plus de 450 joueurs devront solliciter une nouvelle entente.

« Je ne pense pas que les gars vont franchir la clôture… »

-Peut-être Benoit que les joueurs démontreront une belle solidarité. Mais si tu es dans les souliers de Vincent Lecavalier, de Jarome Iginla, de José Théodore, de Brad Richards, de Ilya Kovalchuk, de Dany Heatley, de Martin St-Louis, et j'oublie des dizaines de noms de jeunes joueurs au plus fort de leur carrière, perdant des sommes colossales, penses-tu sincèrement qu'ils ne seront pas tentés de briser la loi de la solidarité. Si John Elway l'a fait. Si Joe Montana l'a fait…

« Ouais, je sais que ce n'est pas évident. »

Des chiffres éblouissants

- Mais, supposons qu'il y a une entente entre les deux groupes. Supposons qu'on laisse filer la saison, qu'on poursuit les discussions, et qu'on en arrive à un consensus. Ne crois-tu pas que les joueurs seront les grands perdants. Même s'il y a une entente, il reste tout de même que les 450 joueurs n'ayant pas de contrats devront négocier à rabais. Parce que les propriétaires devront respecter leur plafond salarial, ils devront aussi se montrer logiques dans leur démarche en s'abstenant de toutes dépenses indécentes. Les gars qui touchaient des salaires de $2 millions ne verront plus jamais des chiffres aussi éblouissants.

« En tout cas, les joueurs à qui j'ai parlé au cours des dernières heures m'ont dit qu'aucun progrès n'avait été réalisé lors de la discussions de mercredi. »

- Es-tu surpris?
« Pas vraiment. »

Pourquoi les propriétaires négocieraient-ils contre eux-mêmes? Ils ne démordront pas sur le principe d'un plafond salarial et ils auront l'occasion de faire le grand nettoyage dans les contrats des joueurs. La diminution de 24% des salaires est un cadeau du ciel.