La nouvelle mesure annoncée par la LNH pour évaluer les blessures à la tête est une normalité qui aurait dû être mise en place depuis très longtemps.

C'est quand même bien que la ligue agisse. C'est un petit pas en avant et il n'est jamais trop tard pour bien faire. Il reste encore toutefois beaucoup de chemin à faire. Qu'on s'attarde à l'épineux problème des coups à la tête, c'est déjà excellent. J'ai l'impression maintenant que l'Association des joueurs va demander aux propriétaires de s'unir pour mieux protéger les joueurs. Dans le hockey moderne, il y a tellement de robustesse et le jeu est si rapide qu'il faut adopter des mesures.

Quand une équipe perd des gars comme Sidney Crosby et Evgeni Malkin, elle ne perd pas simplement des éléments importants dans la formation, mais aussi des éléments de vente. Je pense que le nombre de commotions cérébrales a finalement incité les bonzes du circuit Bettman à agir.

Je pense que c'est un petit pas en avant en espérant que d'autres mesures suivent dans les mois à venir. Il faut accélérer le pas et mettre de l'avant d'autres normes pour protéger les joueurs.

S'il y avait la formation d'un comité de travail sur les coups à la tête, semblable à celui qui avait été formé pour la sécurité des gardiens il y a quelques années, il faudrait que d'anciens joueurs victimes de commotions puissent témoigner. Il faudrait aussi des joueurs actifs qui ont vécu des commotions viennent raconter leur histoire. Je pense à des gars comme David Perron, Patrice Bergeron ou Crosby par exemple.

Une commotion cérébrale peut être provoquée par une foule de petits détails. En plus des coups salauds et les coups d'épaule, il y a l'équipement et les bandes. Après le lock-out, on voulait une ligue plus rapide où il se marquait plus de buts, on a alors décidé d'enlever la ligne rouge. C'est plus rapide comme jeu, mais les joueurs doivent apprendre à se respecter.

Une mesure qui pourrait être adoptée rapidement est celle de siffler sur un dégagement refusé dès que la rondelle franchit la ligne des buts. On devrait adopter le même règlement que sur la scène internationale. Il me semble qu'on devrait ne même pas se poser la question, tellement c'est une évidence. On augmenterait déjà la sécurité des joueurs.

Il faut aussi analyser l'équipement. Je ne suis pas un dessinateur de pièces d'équipement, mais je pense qu'il y a des moyens pour protéger les joueurs tout en faisant en sorte que l'équipement ne devienne pas une arme tellement c'est devenu plus gros et plus rigide.

RIP Richard Martin

Même si je ne le connaissais pas personnellement, Richard Martin est une personne bien encrée dans mes souvenirs, puisque j'ai disputé mon premier match en carrière dans la LNH en 1980-81, dans l'uniforme des Nordiques de Québec, contre les Sabres de Buffalo et la fameuse French Connection.

Ce n'était pas évident d'affronter cette équipe. À l'époque, on nous avait dit de porter une attention particulière à Gilbert Perreault mais laissez-moi vous dire qu'il était bien entouré autant à sa droite qu'à sa gauche. Grâce à ce trio, les Sabres ont réussi à attirer l'attention à travers la LNH.

Bien sûr, je l'ai vu jouer beaucoup . Richard Martin était un ailier gauche, qui était renommé pour son lancer frappé puissant. Avec Gilbert Perreault et René Robert, ils ont formé une des plus puissantes lignes de la LNH.

Ces trois joueurs ont été de grandes vedettes et ils ont atteint la finale de la coupe Stanley avec les Sabres sans toutefois la gagner. Je comprends ses compagnons de trio d'être tristes à la suite de ce décès. Gilbert nous en parlait souvent lors de notre tournée avec les Légendes du hockey. Il disait toujours que Richard Martin était un joueur exceptionnel.

Je l'ai rencontré une seule fois et je l'avais salué. C'était à Los Angeles lors de son court passage avec les Kings. À ce moment, il était blessé, mais je me souviens qu'il avait été d'une gentillesse incroyable. Je n'avais que 20 ans et lui était une grande vedette.

Bonne chance Bob

Ainsi donc, Bob Hartley retournera derrière un banc, ayant accepté un contrat de deux ans pour piloter les Lions de Zurich.

Je pense que c'est une bonne chose pour lui de garder le feeling de diriger une équipe. Si une formation de la LNH s'intéresse à lui, elle saura où le trouver. Je ne suis pas inquiet pour Bob Hartley, mais il aura beaucoup de pression, car les clubs sont des formations professionnelles, qui investissement beaucoup d'argent.

Je dirais que le niveau de jeu est sous le calibre de la Ligue américaine. Je connais assez bien la Suisse pour y avoir joué assez longtemps. Je sais aussi que les amateurs de hockey sont chauvins.

La mentalité des Suisses est différente de la nôtre. Hartley est un émotif et un gagnant. Dans ce cas-là, tu es impulsif, mais s'il sait bien s'entourer, il devrait connaître du succès.

Bob sera un étranger en Suisse et je pense et les succès des équipes passent souvent par les étrangers. Quand le pointage est serré, on se tourne vers le joueur étranger et on lui demande d'aller marquer le gros but, celui qui fera la différence. Comme pour les joueurs étrangers, on s'attendra à beaucoup de cet entraîneur qui vient de loin.

Moi, je pense que Bob va impressionner les gens. Le seul conseil que je me permets de lui donner, c'est d'embaucher des étrangers qu'il comprend et avec lesquels il pourra communiquer. S'il embauche un Russe par exemple, il doit s'assurer qu'il comprend l'anglais. Les étrangers en Europe constituent la force de frappe des équipes et tu te dois de les avoir de ton côté.

Son départ pour la Suisse ne veut pas dire qu'il fait une croix sur la LNH, car je suis persuadé que son contrat de deux ans lui permet de quitter pour revenir diriger en Amérique.

Les rigueurs du calendrier suisse ne sont pas les mêmes qu'en Amérique. On y joue qu'une cinquantaine de parties. Dans mon temps, on ne jouait que le mardi et le samedi. Maintenant, je pense qu'on joue plus souvent, mais en Suisse les déplacements sont plutôt faciles parce qu'on traverse ce pays en trois heures.

Bob va constater que les patinoires sont plus grandes qu'en Amérique. Il va devoir apprendre également à diriger son équipe devant son banc plutôt que derrière!

Bonne chance.

*propos recueillis par Robert Latendresse