SHERBROOKE - Depuis quelques jours, l'entraîneur du Canadien Michel Therrien observe de près le camp d'entraînement des Bulldogs de Hamilton et il est presque jaloux de ne pas se retrouver sur la glace avec ses nouveaux joueurs à l'image de Sylvain Lefebvre, le nouveau pilote du club-école du Tricolore.

Therrien n'a pu s'empêcher de rire quand un journaliste lui a demandé s'il enviait le pilote des Bulldogs.

«C'est certain que nous aimerions être sur la glace nous aussi, mais on ne peut pas rien faire», a répondu Therrien.

Chose certaine, Therrien ne poussera pas l'aventure jusqu'à imiter Adam Oates, le nouvel entraîneur des Capitals de Washington, qui se joindra aux entraîneurs des Bears de Hershey dans la Ligue américaine en attendant la fin du conflit.

«Sylvain est très bien entouré et il effectue ses premiers pas dans la Ligue américaine. Je ne me verrais pas à côté de lui, ce ne serait pas approprié à mes yeux parce que c'est son équipe et son groupe. J'ai vécu un lock-out dans la Ligue américaine et je ne suis pas certain que j'aurais apprécié qu'un entraîneur soit à côté de moi pour me dire quoi faire», a commenté Therrien avec franchise.

Le nouvel entraîneur du Tricolore passe donc ses journées à voyager entre Brossard et Sherbrooke pour préparer l'éventuelle saison de la LNH et épier les espoirs de l'organisation. À Pittsburgh, il a œuvré dans un milieu où les jeunes étaient la richesse de l'équipe et cette expérience lui permet de comprendre l'importance de la formation de cette relève.

Therrien a insisté sur le fait que l'organisation procure tous les outils nécessaires aux joueurs pour se développer et qu'ils avaient aussi leurs responsabilités à assumer.

«Chez les Penguins, on se concentrait énormément sur le développement de nos joueurs dans la Ligue américaine pour les faire graduer d'une belle façon. Avec le Canadien, on procure tous les outils nécessaires aux joueurs pour leur développement comme l'ajout de Patrice Brisebois et Martin Lapointe», a-t-il détaillé.

«On veut les encadrer à tous les niveaux, mais c'est aussi à l'acteur de se prendre en mains en s'assurant que son développement continue. Par expérience, j'ai vu des joueurs qui n'ont pas mis les efforts nécessaires», a lancé Therrien comme message.

Son avertissement ne semble pas être un problème depuis l'ouverture du camp puisque l'intensité est au rendez-vous au grand plaisir de Therrien et ses collègues de la direction.

«J'aime l'intensité des entraînements et ce qui m'impressionne, c'est que nous misons sur beaucoup de bons jeunes au sein de notre organisation. On est très content du déroulement du camp et je remarque déjà la belle chimie qui s'est installée au sein du groupe d'entraîneurs de Sylvain Lefebvre», a indiqué le coach.

Therrien a justement abordé l'aspect de sa collaboration avec Lefebvre pour que la philosophie du Canadien se propage au sein des Bulldogs.

«On possède la même philosophie et les mêmes principes de base. Quand on s'est réuni dans les derniers mois, les dirigeants de Hamilton étaient présents et on veut développer une philosophie d'organisation», a-t-il confirmé en faisant référence à une intensité sans borne.

Une longue discussion avec Andrei Markov et le cas de Scott Gomez

Qu'en est-il maintenant de la situation qui concerne son équipe, le Canadien. Therrien est le premier à admettre qu'il ne suit pas de près les négociations de la LNH parce qu'il ne peut influencer le déroulement des choses.

Therrien piaffe tout de même d'impatience que des progrès surviennent car il réalise que le temps sera un élément de précieux pour préparer sa troupe.

«On a besoin du plus de temps possible!», a-t-il souhaité. «Ça dépend de la condition physique des joueurs, mais il y a surtout l'aspect de l'enseignement d'un système. Nous sommes un nouveau groupe d'entraîneurs qui doit établir notre plan, mais on va se débrouiller avec le temps que nous aurons à notre disposition», a justifié l'entraîneur d'expérience.

Avant que les installations du Tricolore soient fermées aux joueurs, Therrien a eu la chance de s'entretenir avec la plupart d'entre eux. Les discussions ont varié entre cinq minutes jusqu'à une heure, mais le propos variait tout autant quand ça concernait Andrei Markov ou l'épineux Scott Gomez par exemple.

«Il sait qu'il a connu une saison difficile, on verra où il est rendu au camp d'entraînement et dans quelles dispositions mentales il sera. On prendra des décisions à partir de ce moment. Il n'est pas satisfait de sa dernière saison et je suis convaincu que tous les athlètes professionnels ont une fierté, ils veulent connaître du succès», a commenté Therrien avant d'enchaîner avec une déclaration assez révélatrice.

«Marc (Bergevin) et moi, nous avons hérité de certains joueurs et c'est à notre organisation de s'assurer qu'ils sont dans le droit chemin et de ramener leur rendement près de nos attentes et leurs attentes.»

La discussion a semblé plus cordiale et agréable avec Markov car les deux hommes ont jasé pendant une heure. Les journalistes se demandaient même comment il a réussi ce tour de force.

«Larry Carrière me disait que j'étais chanceux et qu'il n'avait pas parlé autant avec lui pendant une année entière», a lancé Therrien en riant.

En attendant qu'une nouvelle convention collective soit ratifiée, Therrien continuera d'être un témoin attentif des Bulldogs et probablement que son regard se tournera plus souvent du côté des joueurs qui ont le plus de chances d'être rappelés tôt dans la saison.

«C'est important d'apprendre à connaître les joueurs pour savoir ce qu'ils peuvent accomplir pour nous et pour soutirer le maximum de leur part. Toutes les fois que je vais avoir la chance de les voir évoluer, je serai là», a assuré Therrien qui apprécie l'accueil reçu à Sherbrooke.