Le nom de Viktor Tikhonov rappelle l’Ère soviétique. Le mythique entraîneur-chef a décroché trois médailles d’or olympiques sous le drapeau de l’URSS, ainsi que huit titres mondiaux. Un palmarès digne du Temple de la Renommée.

L’homme a dédié toute sa vie au hockey sur glace et il y a même entraîné ses descendants. Son fils, Vissili Tikhonov, a travaillé comme entraineur-adjoint pour les Sharks de San Jose de 1993 à 1996. Son petit-fils, Viktor Tikhonov fils, est membre régulier de l’équipe nationale russe et une vedette du SKA de St-Pétersbourg. Le jeune homme de 26 ans est aujourd’hui le seul survivant de cette lignée.

Viktor Tikhonov« Nous voulons tous gagner une médaille d’or, mais certains ont des raisons bien particulières de vouloir gagner ce Championnat. Dans mon cas, c’est pour honorer la mémoire de mon grand-père. J’essaie toutefois d’en faire une source de motivation et non une cause de distraction. »

Viktor est en quête d’un troisième sacre dans sa carrière professionnelle. Aux Championnats mondiaux de Minsk, il a remporté son premier titre mondial. Après la finale, il a remis sa médaille à son illustre grand-père. Les deux Viktor ont toujours été très proches, mais les liens se sont fortement resserrés après le décès de Vissili, en août 2013. Ce dernier a fait une chute mortelle du quatrième étage durant les rénovations de son appartement de Moscou. La première médaille d’or du petit-fils a pansé les plaies du grand-père, qui ne s’est jamais réellement remis de cette tragédie.

« Lorsque je lui ai remis la médaille, il avait les yeux pleins d’eau. Il m’a dit que j’étais passé à une nouvelle étape et que je devais profiter de l’instant pour fêter avant d’en gagner une autre. »

Le patriarche du hockey soviétique n’aura pas la chance d’assister à un nouveau sacre de son petit-fils. Après une longue maladie, il s’est éteint à l’âge de 84 ans le 24 novembre dernier. Au sein du SKA de Saint-Pétersbourg de la KHL, Viktor a tout de même joué le match prévu à l’horaire contre le Club de l’Armée rouge à Moscou. Son équipe perdra le match par la marque de 5 à 3, mais le SKA prendra sa revanche en avril en demi-finale de la Coupe Gagarine pour finalement être sacré champion contre le AK Bars de Kazan.

Viktor Tikhonov filsLe jeune Tikhonov n’a récolté que deux points lors de ces séries éliminatoires, mais il fait tout de même sourciller les éclaireurs de la LNH. Le jeune homme s’exprime déjà très bien en anglais et il est très discipliné. Excellent joueur de centre, il est tout de même efficace sur les ailes. On le dit facile à diriger et fiable en défensive. Il a piloté la deuxième ligne du SKA de Saint-Pétersbourg avec brio. Patrick Thoresen a joué avec lui durant les trois dernières saisons, et celui-ci n’a que de bons mots à propos du Russe.

« Il a joué un rôle important au sein de notre équipe et je ne suis pas surpris que l’équipe nationale russe l’ait sélectionné. Il joue encore très bien durant le tournoi. Je ne connais pas ses plans pour l’an prochain, mais il aurait sa place dans la LNH. »

La LNH, Viktor y pense depuis plusieurs années. Il a été repêché en première ronde par les Coyotes de Phoenix en 2008 et il y a joué 61 matchs. Le club l’a malheureusement relégué à la Ligue américaine et le Russe a préféré tenter sa chance dans la KHL. Un choix qui a fortement plu à son grand-père à l’époque. Viktor a tout de même retenté sa chance en Amérique du Nord en 2010, mais il n’a pas réussi se tailler une place dans le circuit Bettman.

Après un nouveau séjour dans la Ligue américaine, Tikhonov a donc rejoint le SKA de Saint-Pétersbourg à l’été 2011. Le club a tenté par tous les moyens de gagner la précieuse Coupe Gagarine durant les sept premières saisons de la KHL. Le SKA a même choqué le monde du hockey en recrutant Ilya Kovalchuk. Saint-Pétersbourg est le meilleur endroit de la KHL pour jouer au hockey, mais le jeune Tikhonov continue de jongler avec l’idée de retourner en Amérique. Il n’a toujours pas encore choisi quel uniforme il portera l’an prochain.

« Je n’ai pas encore pris de décision. Mon contrat avec le SKA prend fin cette semaine. Il y a certaines discussions avec les clubs outre-mer. Je vais penser à tout cela cet été. En ce moment, je préfère me concentrer sur les Championnats mondiaux. »

Jack Eichel et Viktor Tikhonov filsL’équipe nationale russe a bien besoin d’évacuer les distractions. Après avoir écrasé la Norvège par la marque de 6-2, la Fédération de Russie n’a pas très bien paru contre la Slovénie. La petite ancienne République de Yougoslavie a marqué trois buts contre Konstantin Barulin dans cette défaite de 5-3. Légèrement blessé, Tikhonov a pris part au match avec l’approbation du médecin de l’équipe. Il avoue que les Slovènes ont été surprenants.

« Après l’entraînement, le médecin a constaté que c’était très mineur. Moi, je me sentais à l’aise. Vous savez, la douleur n’est pas une excuse pour rater des matchs. C’est sur la glace que je suis heureux. Je voulais donc affronter la Slovénie. Ce ne fut pas de tout repos. Ils ont joué agressivement. Ils ont très bien joué en deuxième période. Heureusement, nous avons rapporté le match. »

Les Russes ont joué avec le feu contre la Slovénie sans se brûler, mais ils ont baissé pavillon devant les Américains par la marque de 3-2. Fidèles à leur habitude, les joueurs russes ont évité les journalistes. Dans le contexte politique actuel, se faire battre par les États-Unis rappelle de mauvais souvenirs. Un Tikhonov est bien placé pour le savoir. Viktor est un des rares à s’être porté volontaire pour faire face aux critiques de la presse russe.

« Nous avons travaillé fort et nous nous entraînons correctement. Je comprends que les partisans sont déçus. C’est normal. Nous voulons aussi voir notre drapeau être hissé aux plafonds de l’aréna après le match. Le mal est fait. Il nous reste qu’à nous préparer pour le prochain le prochain match. »

Le prochain adversaire de la Fédération de Russie sera le Danemark, un pays toujours en quête d’une première victoire. Écraser les Danois donnera trois points aux Russes, mais cela ne convaincra pas le Kremlin que le tournoi est dans la poche. Les Russes doivent encore se frotter à la Finlande et les équipes du groupe A sont redoutables. Les Tchèques sont affamés et Sidney Corsby est déterminé à remporter sa première médaille d’or aux Championnats mondiaux.

Viktor Tikhonov a bien raison lorsqu’il dit que certaines personnes ont des raisons bien particulières de vouloir gagner ce championnat. Les dirigeants de l’équipe nationale russe ont fait beaucoup de promesses et tentent à Prague de prouver qu’ils ont la recette gagnante pour remporter les Championnats mondiaux à Moscou en mai 2016. Dans ces temps troubles, tous les intervenants du hockey russe se retrouvent sur siège éjectable et personne ne veut devoir ouvrir son parachute.