Non, ce n'était pas un poisson d'avril lorsque j'ai été congédié par le directeur général Phil Esposito des Rangers de New York le 1er avril 1989.

Dans un reportage de Félix Séguin à Sports 30, je vous raconte comment j'ai vécu ce congédiement alors qu'il ne restait que deux matchs à la saison.

À vrai dire, 20 ans plus tard, je ne sais toujours pas pourquoi j'ai été congédié par Esposito ce matin du 1er avril à Pittsburgh. Ce soir-là, on se battait pour la deuxième place de notre division face aux Penguins qui misaient notamment sur Mario Lemieux.

Notre équipe allait bien et nous avions eu un entraînement extraordinaire la veille, un des meilleurs de l'année. Nous étions confiants et j'en discutais d'ailleurs avec mes adjoints lors du souper le soir précédent.

J'ai été fort surpris d'apprendre que Esposito voulait me rencontrer à 9h le matin car il n'avait pas fait le voyage à Pittsburgh. Mais il avait quitté New York à 7h le matin afin de m'annoncer la nouvelle.

Cette décision n'a pas produit l'effet désiré puisque ont perdu 5 à 2 face aux Penguins le 1er avril et ils ont été vaincus, 6 à 4, par les Islanders le lendemain.

Le lundi matin, environ une douzaine de joueurs dont Chris Nilan, mon capitaine Kelly Kisio, Brian Leetch et John Vanbiesbrouck sont venus chez moi à New York. Ils étaient venus me voir pour me dire qu'ils m'appuyaient. Je leur avais dit à un certain moment qu'ils devraient partir puisque c'était terminé pour moi et qu'ils devaient penser aux séries qui commencent bientôt.

Je me souviens que j'avais dit à ma femme que ça m'inquiétait qu'ils ne soient pas prêts pour les séries. Je pouvais sentir qu'ils étaient assommés et finalement ils ont été éliminés en quatre matchs consécutifs par les Penguins.

Par contre, je n'ai pas regardé cette élimination en me disant que c'était la preuve que ce fut une erreur. J'avais surtout de la peine pour les joueurs qui m'avaient appuyé. Nous avions connu une très bonne saison. Nous avions une bonne équipe avec solide défense et un excellent gardien de but. En fin de compte, il s'agissait de la décision d'un directeur général et je crois que Esposito voulait diriger.

Ce changement me semblait encore plus inusité parce que j'avais toujours eu une bonne relation avec Esposito. Les amateurs au Madison Square Garden ne se sont pas gênés pour se plaindre et huer le nouvel entraîneur. Pendant ce temps, je regardais les matchs à la maison et les partisans scandaient mon nom. Esposito a finalement été congédié durant l'été.

Depuis ce temps, j'ai évidemment croisé Esposito et ça produit une relation très froide. Bref, nous n'avons rien à nous dire.

Un vrai poisson d'avril

Si cette décision du 1er avril n'était pas un poisson d'avril, je peux vous raconter avec plaisir un vrai tour que j'ai subi l'année précédente. On revenait d'un voyage à Chicago et Chris Nilan avait acheté un homard vivant en arrivant à New York. Il avait caché ce homard dans ma valise à main et quelqu'un m'a demandé de sortir quelque chose de mon sac… Je peux vous dire que j'ai lâché tout un cri et les joueurs riaient en regardant la scène. Bien sûr, Nilan était le roi pour ces histoires.

Un seul point faible, le deuxième trio

Au plus grand plaisir des amateurs, le Canadien joue du très bon hockey présentement. J'apprécie surtout le fait que le Tricolore joue naturellement avec son instinct. Les joueurs ne se demandent pas où ils doivent se placer et la confiance est de retour.

Les analystes et entraîneurs ont soulevé tellement de points techniques au cours des dernières semaines. Les joueurs ont réussi à ne pas trop réfléchir ça fonctionne souvent quand un athlète ne se pose pas trop de questions.

Cette belle lancée provient aussi des succès du gardien Carey Price. Il est moins technique et davantage bagarreur devant son filet. Au terme de la victoire contre les Blackhawks, Price soulevait l'exemple de Curtis Joseph qui préconisait cette approche très compétitive même s'il n'était pas le plus talentueux. Je suis content de le voir agir de la sorte.

Bien sûr, lorsqu'un gardien de but traverse une période difficile on revient souvent aux éléments techniques et à la base. C'est rafraîchissant de constater que défend son filet comme au camp d'entraînement l'an passé : ses déplacements se font rapidement, sa mitaine est efficace et il défie les lancers.

Tous ces points positifs créent un enchaînement et Bob Gainey a réussi un très bon coup en jumelant Alex Kovalev, Saku Koivu et Alex Tanguay sur le premier trio. Il ne faut pas oublier le trio de Maxim Lapierre qui effectue un travail remarquable. En fait, l'unique aspect négatif s'avère l'unité de Tomas Plekanec.

Si j'étais dans les souliers de Gainey, j'emploierais le trio de Lapiere comme le deuxième trio et je donnerais une promotion à Higgins qui joue son meilleur hockey de la saison. Il pourrait très bien compléter Lapierre et Guillaume Latendresse.

Dandenault veut terminer en beauté

Roman Hamrlik devrait être à son poste jeudi contre les Islanders de New York, mais si un défenseur devait s'absenter prochainement, je miserais sur Mathieu Dandenault pour le remplacer au détriment de Ryan O'Byrne.
Dandenault possède l'expérience et ça fait longtemps qu'il désire jouer à tous les matchs. Il en est probablement à sa dernière année à Montréal et il souhaite terminer en beauté donc je lui ferais confiance.

*Propos recueillis par Éric Leblanc