La nouvelle de l'écrasement de l'avion transportant les joueurs et le personnel du Lokomotiv de Yaroslav a évidemment bouleversé le monde du hockey.

La tragédie a également basculé l'univers des joueurs du Dynamo de Minsk, qui devaient commencer leur saison contre le Lokomotiv jeudi. L'équipe de la capitale du Bélarus compte en ses rangs trois hockeyeurs québécois, dont Daniel Corso et Charles Linglet.

« J'ai appris la nouvelle environ trois heures après l'écrasement. Au début, je pensais que c'était une farce. Je ne croyais pas qu'il s'agissait d'un accident grave », a avoué Corso lorsque joint par le RDS.ca. « Habituellement, nous voyons ça dans les films. Ça fait énormément réfléchir. »

« J'étais avec deux coéquipiers en train de prendre un café lorsque l'un deux a reçu un message texte qui parlait d'un écrasement d'avion. J'ai ensuite immédiatement appelé un autre coéquipier pour aller aux nouvelles », ajoute Linglet. « Je n'ai pas eu le choix d'y croire, car la télévision ne parlait que de ça. »

« Je n'ai jamais été sous le choc comme ça depuis le début de ma carrière. C'est une grosse tragédie pour le monde du hockey. »

La nouvelle a été particulièrement difficile à encaisser pour Corso, puisqu'il connaissait très bien l'une des victimes, l'ancien attaquant de la Ligue nationale de hockey Pavol Demitra.

« Il a été mon cochambreur chez les Blues de St. Louis. Nous avions une bonne relation. Il m'avait beaucoup aidé lors de mon arrivée », se souvient l'ex-joueur étoile des Tigres de Victoriaville. « Il était talentueux et très généreux. L'annonce de son décès m'a beaucoup fait réfléchir. »

« Dans la vie, tu ne sais jamais quand tu vas avoir l'opportunité de saluer à nouveau un ami. Nous devrions toujours le faire, même si nous n'avons pas connu un bon match. Je ne suis pas la personne la plus sociale et je m'en veux de ne pas lui avoir parlé plus la dernière fois que nous nous sommes vus. »

Même si Linglet n'a pas connu personnellement une des victimes, il demeure néanmoins sous le choc, car les deux équipes avaient croisé le fer la semaine dernière.

« Ils avaient tous l'air en grande forme, c'était l'un des gros clubs de notre association », explique l'ancien attaquant du Drakkar de Baie-Comeau. « Ils étaient plusieurs anciens de la LNH que j'avais déjà vus à la télévision, c'est ce qui frappe le plus. »

Une décision qui serait inhumaine

Pour l'instant, les deux Québécois refusent de croire que la sécurité des joueurs du Lokomotiv était en danger lorsqu'ils sont montés à bord du Yak-42 qui devait assurer la liaison entre Yaroslav et Minsk.

« Le Lokomotiv était l'une des équipes avec les plus gros budgets de la ligue. Je ne crois pas que l'équipe aurait utilisé des avions démodés ou non sécuritaires avec les joueurs qu'ils avaient sous contrat », lance Corso. « Pavol me disait récemment que les joueurs étaient excessivement bien traités et c'est ce qui l'avait incité à signer un nouveau contrat cet été. »

« De mon côté, je n'ai jamais eu de problème à voyager en Russie. »

« Les avions russes ont mauvaise réputation, mais j'ai toujours trouvé que c'était très professionnel lors des voyages », renchérit Linglet. « Je n'ai jamais craint pour ma sécurité. »

Par contre, les deux joueurs s'expliquent bien la suite des choses. La ligue n'aurait en effet pas l'intention de suspendre ses activités pour le moment.

« Nous sommes pas mal en mode attente, nous n'avons aucune idée de ce qui arrive avec tout ça », précise Corso. « S'il y a des matchs demain, je serais surpris. Comment les équipes pourront-elles jouer? Ce serait complètement inhumain. »

« Je suis un peu surpris, nous n'avons pas entendu grand-chose de l'équipe », poursuit Linglet. « Lors de notre premier voyage, ça va traverser dans la tête de tout le monde. »

« Ce sont des choses que nous ne voulons pas qui arrivent. Ce n'est pas plaisant à entendre et à voir. »

*Avec la collaboration de Nicolas-Étienne Côté