A pareille date, l'été dernier, Don Meehan ne passait pas une seule journée sans que son entreprise ne parvienne à obtenir des contrats faramineux pour ses athlètes.

Meehan obtenait $8 millions par saison de la part des Red Wings de Detroit, pris de cours par la décision de Dominik Hasek de quitter pour son pays natal, la République tchèque. Il soutirait plus de $5 millions par saison du compte de banque de George Gillett afin de récompenser un jeune gardien du nom de José Théodore, détenteur du trophée Vézina et encore plus important, le trophée Hart, attribué au joueur le plus utile à son équipe.

Il réussissait aussi à décrocher plus de $7 millions par saison à une concession en difficultés financières afin que cette organisation retienne les services de Jarome Iginla. Bref, c'était le Klondyke pour l'agent de Toronto.

Douze mois plus tard, Meehan continue à faire un boulot impressionnant pour ses clients mais cet été, il se retrouve dans une situation dont le scénario n'a jamais meublé ses pensées. Il y a le dossier Curtis Joseph qui n'est pas sans susciter un intérêt grandissant à travers la Ligue nationale. Et il y a aussi le dossier « très chaud » de José Théodore qui a fait la page frontispice des quotidiens montréalais plus souvent au cours des quatre dernières semaines que pendant toute la dernière saison.

Et ce n'est pas terminé…

Des proportions plus grandes

L'affaire du clan Théodore fait jaser non seulement à Montréal mais elle prend des proportions de plus en plus grandes dans les autres villes du circuit. Si, à Montréal, on se pose la question à savoir si Théodore pourra poursuivre sa carrière au Centre Bell, les autres organisations qui auraient l'intention de s'attarder sur le dossier et de manifester un intérêt pour les services du gardien sont forcées suite aux événements de faire un pas en arrière. Tant qu'on ne connaîtra pas le dénouement de cette histoire, la prudence est de mise.

Comme la prudence est de mise chez le Canadien et Bob Gainey.

J'ai eu l'occasion de jaser brièvement avec Théodore, mardi dernier, au club de golf Le Mirage, alors que Marc Verreault présentait le tournoi des célébrités. Le gardien est arrivé une trentaine de minutes avant le départ des quatuors et il a quitté une fois qu'il eut complété sa ronde de golf. Tous ceux qui le côtoient régulièrement, ceux qui le connaissent bien ont la même réflexion. Il ne montre aucun signe d'inquiétude, il est le même homme que l'on connaissait avant les événements du clan Théodore. Affable, gentil, charmant et souriant. Il jase de la prochaine saison, il discute de chose et d'autres, il cherche à savoir quels sont les changements que Bob Gainey apportera à la formation.

Rien des événements relatés dans les journaux et à la télé ne transpirent dans son attitude. Au contraire, on s'étonne de le voir aussi calme, de faire preuve d'autant d'assurance. Il s'entraine à tous les jours, ou presque, il fait de l'exercice en gymnase, et il se dit d'attaque pour la prochaine saison et surtout du prochain camp d'entraînement. Parce que c'est là que tout va se jouer. C'est là que Théodore vivre les moments les plus intenses suite à l'histoire de sa famille. Il y aura procès, il y aura les questions qu'il devra affronter à tous les jours, il y aura une pression énorme qui tombera sur ses épaules.
Eviter la presse

Présentement, il peut éviter la galerie. Il peut s'offrir des options, comme quitter Montréal, hier, à destination des Etats-Unis en compagnie de son agent. On comprendra que Meehan veut discuter avec son client de tous les événements qui ont marqué les dernières semaines, qu'il veut ensuite établir une stratégie vis-à-vis les médias, qu'il veut aussi connaître les sentiments du gardien.

Bref, il veut tout savoir tout en éloignant son client de la « fournaise » médiatique.

Mais comment se comportera-t-il en septembre? Comment pourra-t-il supporter toute cette pression? Meehan ne le sait pas. Le Canadien non plus. Et le principal intéressé ne le sait peut-être pas non plus. La perspective d'un changement de décor demeure toujours une option qu'on ne peut sûrement écarter dans une situation aussi complexe.

Une option qui est incontournable pour son autre client, Curtis Joseph, que les Red Wings de Detroit vont offrir aux équipes de la Ligue nationale mais il faudra avant tout que le vétéran gardien renonce à son droit de veto sur toute transaction concoctée par ses employeurs.
Les rumeurs sont nombreuses relativement à Joseph. On l'envoie à New York pour les services de Eric Lindros pendant que Mike Dunham se retrouverait avec les Bruins. Les Blues de St. Louis aimeraient aussi échanger Doug Weight et les Red Wings recherchent un joueur de centre parce qu'on ne croit plus au retour de Sergei Fedorov.

A Boston, on n'écarte pas la possibilité du retour de Martin Lapointe à Detroit pour Joseph.

Un été bien particulier

Si jamais Théodore décidait qu'il serait préférable pour lui de quitter Montréal, bien que présentement il n'a qu'une idée en tête celle de jouer pour le Canadien et de connaître une saison exceptionnelle, il y aurait assurément de l'intérêt . Mais encore là, les équipes voudront atteindre le dénouement de toute cette histoire.

Un été bien particulier pour Don Meehan.

Un été tout aussi particulier pour Curtis Joseph qui pensait terminer sa carrière à Detroit.

Et un été encore plus particulier pour José Théodore