Chaque année dans la LNH, un joueur arrivé de nulle part parvient à déjouer tous les pronostics en se taillant un poste sur le tard. Il y a encore un bel exemple très récent avec Andrew Hammond, à Ottawa. L’ancien joueur des Olympiques, Jean-Philip Chabot, a longtemps entretenu le même genre de rêve, mais il aura 27 ans dans deux semaines et il faut se rendre à l’évidence, il ne pourra pas imiter le gardien des Sénateurs. Mais cela n’empêche pas l’attaquant québécois de ressortir du lot de façon admirable.

Chabot roule sa bosse dans les circuits mineurs depuis la fin de son stage junior à Gatineau, en 2009. Au fil des années, il a réussi à bien gagner sa vie en endossant l’uniforme de quatre équipes différente dans la ECHL et deux autres dans la défunte Central Hockey League, s’accrochant à l’espoir qu’il finirait bien par avoir sa chance dans la Ligue américaine et peut-être un jour dans la LNH. Mais Chabot ne rêvait pas en couleurs. Disons qu’il rêvait mais seulement en noir et blanc. Car tout en gardant le cap sur son objectif ultime et en voyageant aux quatre coins des États-Unis, il est parvenu à compléter avec brio un baccalauréat en finance.

« J’ai toujours pris l’école au sérieux et j’étais un bon élève, explique-t-il au bout du fil. Après ma dernière année avec les Olympiques, il y a plusieurs universités qui m’avaient approché et j’étais même allé visiter le campus à Moncton. Mais mon but ultime, c’était de connaître une carrière au hockey et j’ai décidé de tenter ma chance en allant au camp d’entraînement du Wolf Pack de Hartford, le club-école des Rangers pour finalement me retrouver à Charlotte, dans la ECHL. J’ai trouvé ça assez difficile, surtout le premier mois».

Du jour au lendemain, Chabot doit prendre toutes les facettes de sa vie en main alors qu’il n’est plus encadré comme un joueur de la LHJMQ. Il découvre aussi que le hockey professionnel, c’est chacun pour soi et que la compétition est grande, pas seulement face aux adversaires mais entre coéquipiers dans le même vestiaire. Quand même, il s’en tire assez bien avec une récolte de 25 points en 58 rencontres.

«Je trouvais le temps long alors plutôt que de passer mes temps libres devant l’ordinateur ou la console de jeux vidéo, j’ai décidé de joindre l’utile à l’agréable en complétant mon cégep à distance».

La deuxième saison est encore plus pénible alors qu’il est échangé à Bakersfield. Après 10 matchs seulement, il rentre à la maison. C’est le moment, où il est venu le plus près d’abandonner le hockey. «Ça ne fonctionnait pas du tout avec mon coach. Je n’avais plus la même détermination et très peu de passion», avoue-t-il. Après avoir terminé la saison avec l’Express de St-Georges de la Ligue Nord-Américaine, il décide de tenter à nouveau l’aventure aux États-Unis, dans la CHL cette fois. «Peu importe où je jouais, je continuais quand même à suivre des cours par correspondance. J’ai été chanceux car ma blonde Marie-Ève m’a toujours suivi et elle complétait aussi des cours à distance alors on étudiait ensemble, ce qui est beaucoup plus motivant. Y’a aussi mon agent Paul Corbeil qui m’encourageait et me poussait à poursuivre mes études tout en continuant de me trouver des contrats à chaque année.»

Jean-Philip Chabot a reçu son diplôme en août dernier. Aujourd’hui, comme lorsqu’il étudiait par correspondance, il travaille à distance pour une firme de Montréal qui gère des événements sportifs tout en continuant de jouer dans la ECHL. Son rêve d’un jour accéder à la LNH s’est estompé, mais le nouveau bachelier n’a pas l’intention d’abandonner le hockey pour autant afin de se consacrer à temps plein aux finances. «Le hockey, c’est ma vie, c’est ma passion. Je songe à l’Europe la saison prochaine, explique-t-il. Paul a contacté des organisations en France, en Angleterre et en Suisse. Ce sont des destinations qui m’intéresseraient».

L’histoire de l’ancien joueur des Wildcats et des Olympiques ne fera jamais la une des journaux. Elle n’inspirera pas plus un film ou même un roman jeunesse…sauf que son cheminement devrait inspirer chaque joueur de hockey qui rêve à une carrière professionnelle.