Je soupçonne Bob Goodenow de suivre attentivement les émissions sur le poker. Reconnaissons qu'il a amplement de temps pour épier les meilleurs joueurs de cartes de la planète, pendant plus d'un mois et demi, Gary Bettman et lui n'ont même pas daigné accomplir parfaitement leur boulot, celui de négocier, et aussi il a sans doute pu constater pourquoi le poker est plus populaire que le hockey.

Les joueurs ne se cramponnent pas sur la défensive.

Alors, hier, Goodenow a quitte la réunion en beau maudit. On l'a vu à sa sortie des bureaux où se tenait la rencontre, bousculant quelques reporters, les invitant à poser une seule question puis cherchant un taxi pour se rendre à l'aérogare.

Beau joueur ce Goodenow, il a même fait mine de chercher un taxi alors qu'à New York, on a trouvé un à chaque coin de rue, sur chacune des avenues de l'Ile de Manhattan. Il faut partie intégrante du décor new-yorkais. Mais, le grand manitou de l'Association des joueurs a toujours bien joué son rôle. Il est rusé comme pas un, il ne pense qu'à la victoire et, hier, devant l'entêtement de Gary Bettman, il a décidé d'engager la dernière partie en laissant croire qu'il ne voyait plus aucun moyen d'en arriver à un accord.

Il s'est toutefois assuré de laisser sa carte de visite avant de quitter les lieux. Les joueurs pourraient éventuellement accepter le concept d'un plafond salarial à la condition ultime que ce plafond ne soit pas relié au contrôle des coûts, c'est-à-dire à l'équation salaires versus revenus.

Tiens, tiens.

Mais Goodenow sait très bien que les revenus de la ligue vont régresser à la reprise des activités. On ne parlera plus de $ 2.1 milliards mais peut-être de $1.5 milliards. Il veut donc, en lançant de la poudre aux yeux de Bettman, protéger son derrière. Sauf que les propriétaires n'ont pas laissé tomber les cartes. Accepter une telle clause ne ferait qu'aggraver la situation financière de la ligue.

Ils vont donc le tenir sur les talons. Il y a 10 ans, Goodenow avait gagné parce que les propriétaires n'avaient presque plus de jetons devant eux. Ils bâtissaient des amphithéâtres, ils avaient des hypothèques à rembourser et il fallait des revenus, donc, il fallait bien jouer des matchs. Cette fois-çi, ce sont les propriétaires qui ont plus de jetons que les joueurs.

Par conséquent, avant que Goodenow ne se voit dans l'obligation de mettre tous ses avoirs sur la table, il tentera un autre coup fumant, en espérant que les propriétaires, angoissés par les conséquences qu'aura le lock-out sur leur entreprise, manifestent des gestes d'impatience et modifient la théorie de Bettman.

C'est le pari qu'il doit prendre.

Sauf qu'il n'a pas une main très rassurante. Il espère juste que Bettman, conseillé par ses patrons, adoucisse sa position afin d'en arriver à un accord. Les joueurs veulent jouer et les propriétaires veulent ouvrir leurs amphithéâtres.

Goodenow a beau dire qu'il ne voit pas comment les discussions peuvent reprendre parce qu'aucun progrès important n'a été réalisé au terme de 13 heures de négociations, il a un détail qu'il ne peut négliger, c'est son job de trouver un moyen pour sauver la face et aussi la carrière de ses membres.

C'est aussi le boulot de Bettman de sauver l'entreprise des propriétaires.

Alors, on peut être certain que les deux hommes vont se parler à nouveau. Quand? Oublions le temps. Ce n'est pas ça qui est important. Ce qui importe le plus, c'est de créer un partenariat pour le bien-être d'une entreprise en déroute. Sinon, ils seront éliminés. Jusqu'ici, ils n'ont pas fait la preuve qu'ils pouvaient justement éviter l'élimination.

Le message de Tagliabue

Je ne sais pas si Paul Tagliabue, le commissaire de la Ligue nationale de football, avec un message pour l'Association des joueurs de la Ligue nationale de hockey, hier midi, lors de sa rencontre avec les membres de la presse mais il a longuement parlé des bienfaits d'un plafond salarial, item principal, de l'entente de partenariat entre les propriétaires et les joueurs. Il a claironné que le plafond salarial était à l'origine du fait qu'il y avait parité chez les équipes de la ligue et que ce système économique pouvait aussi créer des dynasties, référant aux Patriots de la Nouvelle-Angleterre. Il a aussi insisté sur un élément important : pour la première fois dans l'histoire de la NFL, les équipes avaient pu composer avec chacune des masses salariales de près de $100 millions. C'est justement sur ce point que devrait s'arrêter toute comparaison entre le système de la NFL et celui que convoite Gary Bettman pour la Ligue nationale de hockey.

Les Patriots par un touché converti.