PHILADELPHIE - Comme c'est le cas chez toutes les équipes cendrillon dont le parcours se termine en-deçà d'une conquête de la coupe Stanley, la déception côtoyait le sentiment du devoir accompli dans le vestiaire du Canadien, lundi soir, après l'élimination en cinq matchs aux mains des Flyers.

"Avec tout ce qu'on avait commencé à accomplir, on avait le sentiment de pouvoir vraiment transformer cette saison en année vraiment spéciale, a commenté Michael Cammalleri. Mais c'est aussi une sensation de vide parce qu'il n'y a pas des occasions à l'infini d'aller aussi loin. Ce n'est pas chaque année qu'on se retrouve en finale d'association. On a l'impression d'avoir raté une belle occasion."

"On est déçus, on en voulait plus, on n'était pas prêts à accepter que ça se termine, a lancé Brian Gionta. On a le sentiment qu'on aurait pu faire mieux, alors c'est décevant pour l'instant."

"Après avoir mis autant d'efforts, se retrouver en vacances, c'est... spécial, a déclaré un Marc-André Bergeron au regard absent. Autant on savait que c'était possible que (l'élimination) survienne ce soir, autant on ne s'y attendait pas. C'est comme un accident d'auto, dans le fond. Tu es en voiture et tu n'attends jamais à avoir un accident, mais tout à coup, pow, il y a un accident et tu te retrouves à l'hôpital."

La déception était encore trop vive chez Scott Gomez pour qu'il puisse analyser pourquoi le Canadien a eu autant de succès face aux Capitals et aux Penguins, puis autant de difficultés contre les Flyers.

"Bien des choses, j'imagine, a-t-il lancé. Mais je ne me souviens même pas de ce qui est arrivé contre Washington et Pittsburgh."

Reste qu'au cours des prochains jours, les bons souvenirs remonteront à la surface, supplantant les mauvais. Les hommes de Jacques Martin pourront mieux mesurer ce qu'ils ont réussi depuis un mois et demi, alors qu'ils ont enflammé une ville, voire une province entière.

"Ç'a été une année spéciale parce qu'on a vu un groupe de joueurs devenir une équipe et commencer à mieux jouer que bien des gens s'y attendaient, a souligné Cammalleri. C'est aussi, espérons-le, une belle fondation pour les joueurs qui espèrent rester ici encore plusieurs années. À ce niveau-là, oui, je pense que des liens étroits se sont tissés au sein de l'équipe."

"Les gars dans ce vestiaire ont tous connu d'excellentes séries, a quant à lui dit Josh Gorges. Je ne peux en dire assez sur ces joueurs qui ont joué à mes côtés. Regarder un gars comme Tom Pyatt élever son niveau de jeu et jouer comme il l'a fait, lui qui n'obtient pas beaucoup de reconnaissance... De voir (Michael Cammalleri) marquer autant de buts importants, et (Jaroslav Halak) venir de nulle part et devenir un héros pour cette équipe et pour la ville de Montréal...

"Il y a plusieurs joueurs qui ont rehaussé leur niveau de jeu et nous ont aidés à nous rendre aussi loin. Je suis fier de faire partie de cette équipe."

"Certaines choses qu'on a entendues au sujet de cette équipe, c'est de la bouillie pour les chats, a déclaré P.K. Subban. Je n'ai jamais joué pour un aussi bon groupe, pour une équipe dont les joueurs se tiennent autant."

Et il n'y a pas de honte à perdre contre les Flyers, a rappelé Gomez. Philadelphie a beau avoir accédé aux séries par la peau des dents, il faut se rappeler qu'en début de campagne, la formation orange et noire était l'une des favorites pour dominer dans l'Est.

"On savait que les Flyers étaient bons. Ils se sont amenés dans les séries dans un contexte particulier et à cause de toutes les blessures qu'ils ont subies, on savait qu'ils étaient meilleurs que leur fiche ne l'indiquait. Et Peter Laviolette est l'un des meilleurs entraîneurs", a affirmé Gomez.

"Croyez-moi, on savait qu'il avaient une bonne équipe, ils ont juste connu une année de fou. Ç'a été comme ça dans l'Est tout l'hiver. Maintenant, ils sont les champions de l'Est, et ça confirme qu'ils sont les meilleurs de notre association."

Les joueurs du CH ont peut-être manqué de jus face aux Flyers, mais ils ne s'en serviront jamais comme excuse, a lancé Gomez.

"À ce stade-ci, personne ne va manquer de jus quand tu es à une série du trophée ultime, a-t-il dit. Les Flyers ont disputé une excellente série, ils nous ont eu."

Subban s'est dit prêt à retourner à Hamilton, où les séries se poursuivent pour les Bulldogs dans la Ligue américaine.

"Je dois parler aux entraîneurs. S'ils veulent, je vais y aller, et je vais tenter de ne pas trop gâcher la sauce pour eux, a-t-il dit le plus sérieusement du monde. Évidemment, ils vont très bien. J'ai passé la majorité de la saison là-bas, alors je suis prêt à retourner, s'ils sont prêt à m'accueillir."

Brière particulièrement fier

Chez les Flyers, Daniel Brière s'est dit particulièrement fier d'avoir remporté une deuxième série en trois ans contre le Canadien.

"Aucun doute, le fait d'être un Canadien francophone, ça fait en sorte que la motivation est plus grande quand on affronte le Canadien en séries, a souligné Brière. Ce n'est rien de personnel, mais c'est l'équipe que j'ai regardée jouer quand j'étais jeune, alors il y a toujours un petit quelque chose de spécial à les affronter.

"Un de mes buts en carrière était de les affronter dans les séries, et maintenant ça fait deux fois que je l'ai fait, et deux fois que mon équipe l'a emporté. C'est une très belle sensation."

Mais ce n'est pas fini, a rappelé Brière. Reste les Blackhawks.

"C'est gratifiant, mais il y a encore cette sensation que le travail n'est pas terminé. Il y a une dernière étape à franchir", a-t-il dit.

Ian Laperrière a raconté ce que Kirk Muller, l'adjoint de Jacques Martin, lui a dit lors de l'échange de poignées de mains.

"J'ai déjà joué contre lui, a souligné le vétéran des Flyers. Il m'a dit, 'va les chercher'. Il sait que le temps commence à manquer pour moi. Avec la parité dans la ligue, il n'y a pas beaucoup de chances de gagner la coupe."