MONTRÉAL – Les choses reviennent tranquillement à la normale pour Olivier Rodrigue. Samedi, il a disputé un premier match préparatoire avec les Condors de Bakersfield. Si tout va comme prévu, il fera ses débuts officiels au sein du club-école des Oilers d’Edmonton dans les prochains jours.

On le dit sous toutes réserves, parce que tout ne s’est pas passé comme prévu dernièrement dans la vie du jeune gardien québécois.

Vous vous rappelez quand le Canadien était à Edmonton en début de saison? C’était un peu la panique dans le camp des Oilers. Le vétéran Mike Smith venait de se blesser, Anton Forsberg avait été perdu au ballottage et le pauvre Mikko Koskinen avait l’air tout aussi perdu devant son filet.

Rodrigue, le plus bel espoir des Oilers à sa position, se trouvait alors en Autriche. À l’automne, il avait été prêté au club de Graz, avec lequel il avait prévu passer sa première saison chez les professionnels. Ses plans ont pris le bord le soir du 15 janvier, après une défaite contre Bratislava.

« Ça a été... ça a été fou, honnêtement, récapitulait récemment le cerbère voyageur en entrevue avec RDS. Je venais de jouer avec Graz, j’ai eu un appel à peu près deux ou trois heures après la game. Les Oilers m’ont dit : "Ok, tu t’en viens". Il a fallu que je vide mon appartement, que je retourne à l’aréna pour aller chercher mon équipement. À deux heures du matin, j’étais dans le taxi pour l’aéroport à Vienne. »

Rodrigue pensait bien à ce moment-là qu’il porterait pour la première fois ses jambières dans la Ligue nationale. C’est cette pensée qui le gardait éveillé quand, au beau milieu de la nuit, un taxi le transportait vers l’aéroport de Vienne. Mais lorsqu’il est arrivé au comptoir d’enregistrement, le résultat du test de COVID-19 auquel il s’était soumis avant son départ a été refusé par sa compagnie aérienne. Il a dû se prendre une chambre d’hôtel dans la capitale, le temps de pouvoir visiter une clinique privée, et n’a pu décoller que deux jours plus tard.

« Durant ces deux journées-là, les Oilers ont pris [Troy] Grosenick au ballottage. À ce moment-là je savais que j’allais m’en venir ici », a-t-il conclu après un entraînement des Condors.

Une fois finalement arrivé au Canada, Rodrigue a passé quatre jours à Edmonton, en isolement dans une autre chambre d’hôtel, puis a été envoyé en Californie dès qu’il a reçu le feu vert pour voyager de nouveau. L’invraisemblance des récents événements maintenant bien encaissée, il entrevoit positivement la suite de sa saison en Amérique du Nord.

Les Condors ont présentement deux gardiens dans leurs rangs. L’adjoint de Rodrigue est Angus Redmond, 25 ans, qui a surtout joué dans la ECHL depuis trois ans. Stuart Skinner, qui a signé sa première victoire dans la LNH dimanche soir avec les Oilers, pourrait être rétrogradé dans l’éventualité où Mike Smith recouvrerait la santé. Inversement, Rodrigue demeure admissible à un rappel si une éclosion de COVID-19 survient à Edmonton.    

« Au bout de la ligne, c’est une saison d’apprentissage et ça va avoir été des bonnes décisions que j’aurai prises, se félicite l’ancien des Voltigeurs de Drummondville et des Wildcats de Moncton. Je me sens en forme de mi-saison, je me sens bien, je suis prêt à jouer des matchs. Je vais avoir le nombre de matchs que je vais avoir, mais chaque fois que je vais y aller, ça va être pour gagner »

Le taureau par les cornes  

Les Condors se préparaient pour une saison de 40 parties avant que le Heat de Stockton, le club-école des Flames de Calgary, ne crée un trou de huit matchs dans leur calendrier en décidant d’aller s’installer en Alberta pour le reste de la campagne. Rodrigue, qui a joué 23 matchs en Autriche, ne peut prédire combien il aura obtenu de départs au moment de faire le bilan de cette saison écourtée. Ce qu’il peut toutefois affirmer, c’est que sa proactivité face à l’incertitude causée par la pandémie aura été payante.

Rodrigue a exprimé pour la première fois son désir d’aller explorer ses options en Europe lorsque les Oilers l’ont invité à leur camp d’entraînement en juillet, juste avant d’entrer dans la bulle des séries éliminatoires. Le début de saison de la Ligue américaine était menacé et un retour dans la LHJMQ, comme joueur de 20 ans, ne l’allumait pas tellement.

« J’ai comme pris le taureau par les cornes et j’ai décidé d’y aller par-moi-même, d’aller vivre l’expérience là-bas et d’être proactif dans mes démarches. »

Son père Sylvain, qui est l’entraîneur des gardiens des Oilers, avait des contacts de l’autre côté de l’Atlantique. L’un d’eux s’est manifesté à Genève, dans la première division suisse. Rodrigue s’y est rendu comme troisième gardien de l’équipe, uniquement pour s’entraîner.

« C’était quand même mieux que rester à la maison à ne rien faire! J’étais un peu parti dans l’idée de me trouver une place aussi parce qu’on savait que les saisons en Europe allaient recommencer. On se disait qu’en début de saison, il y aurait peut-être des gardiens qui allaient se blesser un peu partout dans n’importe quelle ligue. C’est une chance que j’ai prise. »

Quand Graz a appelé, Rodrigue est allé partager le filet avec un gardien local de 21 ans. L’entraîneur lui a dit qu’il tenterait de répartir les tâches équitablement.

« Finalement, je suis arrivé et je crois que j’en ai joué dix en ligne. Avant Noël, je crois que j’ai manqué deux ou trois matchs. J’ai vraiment saisi ma chance. »

La ligue autrichienne, que Rodrigue compare à la ECHL « avec peut-être un peu moins de structure », aura finalement été le lien parfait entre le junior et le hockey affilié. Le choix de deuxième ronde des Oilers en 2018 s’attend à bénéficier grandement de cette parenthèse formatrice.  

Maintenant de retour en Amérique du Nord, il pourra de nouveau compter sur un encadrement plus professionnel avec notamment la présence d’un entraîneur de position. Pour la première fois de sa jeune carrière, il aura la chance de travailler à temps plein avec son père.

Et après avoir goûté aux joies de la vie en appartement, il fera aussi un retour dans le nid familial, le temps que le contexte soit plus favorable à la recherche d’une propriété.

« Mais ma mère a mis ça au clair : à la maison, on ne parle pas de job! », a-t-il bien compris.  

 

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