Si tous s'entendent pour dire que l'ambiance sera survoltée au Centre Bell lors du troisième affrontement de la série entre les Flyers et le Canadien, certains chroniqueurs américains croient cependant que cette atmosphère pourrait nuire au Tricolore en venant exercer une pression supplémentaire sur les joueurs locaux. Phil Sheridan, du Philadelphia Inquirer, partage cet avis.

Les joueurs des Flyers et ceux du Canadien ont tous deux passé du temps au Centre Bell, mercredi.

L'entraîneur-chef du Canadien, Jacques Martin, a tenu une rencontre de 45 minutes avec ses joueurs, cherchant désespérément à trouver des solutions à l'aube du troisième match de la finale de l'Association Est. Il reste qu'il est difficile de penser à gagner une série avant d'avoir pensé à gagner un match, et qu'il est encore plus difficile de gagner un match lorsque vous n'êtes même pas en mesure de marquer un but.

Les Flyers? Ils ont pris la matinée de congé, rattrapant du même coup quelques heures de sommeil, avant de prendre un vol en fin d'après-midi en direction de Montréal.

À la veille du troisième match de la série, aucun ne niait la pression qui attend les joueurs du Canadien lorsqu'ils effectueront ce soir leurs premiers coups de patin sur la patinoire du Centre Bell.

Le Centre Bell, c'est la mecque du hockey. Les partisans du Canadien sont de vrais fanatiques. Et avec le fanatisme vient la passion, passion qui peut toutefois emprunter des tagentes diamétralement opposées.

Si le Canadien est capable de marquer tôt dans la rencontre, le déferlement d'énergie qui proviendra des quelque 21 000 partisans pourrait tout simplement emporter les Flyers au large. Cela pourrait alors devenir la genèse d'une longue série, l'avantage de la glace ayant un impact majeur sur le dénouement de cette finale d'Association Est.

Par contre, si les Flyers sont en mesure d'obtenir le premier but, ce qu'ils sont parvenus à faire lors des deux derniers matches, l'ambiance du Centre Bell pourrait se dissiper rapidement. Le poids de la déception accompagnant une défaite viendrait écraser le Canadien, dont le parcours en séries éliminatoires a défié jusqu'ici toute logique.

« C'est sûr que les équipes jouent différemment lorsqu'ils ont les devants, a avoué le défenseur des Flyers, Chris Pronger. C'est à nous de partir la troisième rencontre du bon pied en essayant d'obtenir ce fameux premier but. »

En gagnant deux matches ultimes sur la route face à des équipes qui lui étaient supérieures, le Canadien a réveillé deux vieux démons: l'espoir et l'attente. Ces séries éliminatoires, qui avaient commencé avec un haussement d'épaules de la part des partisans du Canadien, ont fait réfléchir dans le Centre Bell l'éclat émis par la coupe Stanley. Avec comme résultat que le public s'est rapidement mis à croire qu'après avoir éliminé les Capitals et les Flyers, une série contre les Flyers semblait être l'obstacle le moins dangereux séparant leur équipe favorite d'un voyage en grande finale.

Tirant maintenant de l'arrière 0-2 dans leur série, l'équipe de négligés que représente le Canadien est maintenant à même de décevoir ses partisans. Une éventuelle déception qui explique pourquoi l'ambiance sera explosive dans les gradins du Centre Bell.

« Si leurs partisans mettent autant de pression sur leur équipe, cela me convient, a confié Daniel Brière à la veille d'affronter l'équipe de son enfance. « Cette série est loin d'être finie. Ce sera difficile de jouer dans leur amphithéâtre. Les joueurs du Canadien seront très motivés, mais en même temps, vous avez deux équipes qui peuvent apprendre de ce qui s'est déroulé dans les rondes précédentes. J'espères juste qu'après avoir vu ce que nous avons fait à Boston, et qu'après avoir vu ce que Montréal a fait à Washington et à Pittsburgh, nous ne tomberons à notre tour dans le piège », a poursuivi le natif de Gatineau.

Les Flyers ne sont cependant pas étrangers à l'ambiance des séries au Centre Bell. Ils n'ont qu'à se rappeler 2008, où après avoir perdu en prolongation la première rencontre, ils avaient remporté les quatre matches suivants pour finalement éliminé le Canadien dans un Centre Bell très tendu.

À l'époque, Montréal était la première équipe dans l'Est. Leurs partisans s'attendaient à un long parcours en séries, et lorsque ceux-ci ont pris une avance de 3-1 en deuxième période du cinquième affrontement, ceux-ci sont devenus survoltés.

Les Flyers ont ensuite dominé la deuxième partie de la rencontre pour se sauver avec la victoire. Lorsque les choses ont commencé à mal aller pour le Canadien, elles sont devenues très mauvaises, et ce, très rapidement.

Pour une raison qui nous échappe, une foule qui s'attend au pire obtient généralement ce résultat.

« Je crois que les gens ont également considéré le Canadien comme étant vaincu lors des deux dernières rondes », a dit Pronger. « Je ne m'attarde pas trop à cela. Ils ont prouvé dans les deux dernières rondes qu'ils pouvaient effectuer des remontées. Ils peuvent bien jouer et ils n'ont pas été dominés dans aucune des deux premières rencontres. »

Les échos sont positifs, dans le vestiaire des Flyers. Après tout, ils ont calmement abordé les contrecoups de leur éclatante victoire lors du match numéro 1 et ils ont bénéficié des excellentes performances de leur gardien Michael Leighton pour compenser leur lent départ lors du deuxième match. Plus encore, ils réalisent que leur domination du tableau indicateur ne leur apportera aucun extra, si ce n'est que ces deux victoires.

« Nous comprenons tous la situation dans laquelle nous sommes présentement, a déclaré Pronger. Nous sommes en avance 2-0 dans la série, mais nous avons difficilement défendu notre avantage de la glace. C'est à nous de présenter un meilleur calibre de jeu lors du troisième match. »

Les Flyers ont l'occasion de mettre en déroute le Canadien. Et ils peuvent le faire dès ce soir en retournant la passion intense des partisans montréalais contre leur propre équipe.

Selon une chronique de Phil Sheridan parue dans le Philadelphia Inquirer.