ESPOO, Finlande - Les traditions et rituels constituent la base de la culture d'une équipe de hockey.

Près de trois décennies après le premier Championnat du monde de hockey féminin, à Ottawa, certains rites sont enracinés au sein de l'équipe canadienne.

Pousser sa chaise sous la table après un repas et placer uniformément son casque sous le même bras que ses coéquipières lorsque vous vous tenez sur la ligne bleue, c'est une chose parmi tant d'autres.

Il en va de même pour ramasser les rondelles dans et autour du filet et les mettre dans le seau à la fin de chaque échauffement d'avant-match.

Bien que le filet adverse soit presque toujours rempli de rondelles, en attendant qu'un employé de l'aréna vienne les ramasser, une poignée de Canadiennes sont à genoux et vident leur propre filet en déposant les rondelles dans un seau qu'elles ramènent au banc.

C'est un infime moment de hockey sur une scène internationale.

« Les employés de l'aréna pourraient le faire, mais nous nous servons des rondelles alors c'est à nous de les ramasser », a déclaré la défenseure canadienne Jocelyne Larocque.

Cette pratique remonte à tellement loin dans l'équipe féminine canadienne que les joueuses passées et actuelles ont du mal à cerner son histoire d'origine.

Caroline Ouellette, maintenant adjointe derrière le banc du Canada aux Championnats du monde à Espoo, en Finlande, a toujours dit que de son premier match, en 1999, à son dernier, en 2015, si elle était parmi les dernières joueuses à quitter la glace après l'échauffement, les rondelles devaient être rangées.

« Je crois que j'ai appris ça des filles qui ont joué avant moi, a affirmé Ouellette. J'espère avoir inspiré les autres à faire de même. »

Margot Page (1990-94) et Vicky Sunohara (1990-2007), qui ont participé à ce premier Championnat du monde, en 1990, et Cheryl Pounder (1994-2007) confirment que ç'a toujours été une pratique courante.

Comment celle-ci a commencé et pourquoi elle se poursuit, c'est comme leur demander pourquoi elles sont capables de respirer.

« Je n'en ai aucune idée, a indiqué Page à La Presse canadienne, par l'entremise d'un courriel. Peut-être l'avons-nous fait parce que personne d'autre ne le faisait. »

« Je crois que quand je suis arrivée avec l'équipe en 1994, c'était quelque chose que nous devions faire, a ajouté Pounder. C'était instinctif. Je me souviens de m'être amusée autour du seau. Il y avait beaucoup de camaraderie. »

Melody Davidson, l'ancienne entraîneuse en chef du Canada, a des liens avec l'équipe qui remontent à 1994. Elle aussi a confirmé que le ramassage de rondelles après l'échauffement est une loi non écrite qui se passe de génération en génération au sein de l'équipe canadienne.

« Ce n'est pas dégradant de ramasser des rondelles «, a insisté Davidson.

Bien que sa genèse semble perdue dans la nuit des temps, les joueuses disent que cette tradition montre de manière modeste, mais significative, leur gratitude de pouvoir jouer au hockey.

« Je crois que ç'a toujours été un signe de respect de la part d'Équipe Canada envers les employés de l'aréna », a dit l'ancienne capitaine Cassie Campbell-Pascall (1996-2006).

Gina Kingsbury, qui a récemment été nommée la directrice générale de l'équipe féminine, explique que ces petites habitudes unissent les joueuses.

« Notre équipe a beaucoup de traditions et beaucoup de culture, a exprimé Kingsbury. Nous jouons ensemble depuis longtemps. Nous avons créé des routines et des rituels. Nous avons été programmés pour agir d'une certaine manière. C'est simplement automatique pour nous de ramasser les rondelles. »

Ce n'est pas non plus une corvée de type initiation pour une recrue.

La capitaine canadienne Marie-Philip Poulin aime décocher quelques tirs de plus que certaines autres joueuses pendant l'échauffement et avant de retraiter au vestiaire.

Poulin fait justement partie des joueuses qui rangent les rondelles à Espoo, même si elle est restée sur le banc et n'a pas disputé les deux premiers matchs afin de préserver son genou.

« Je sais que ça semble être très peu, mais ramasser les rondelles et aider les gens, c'est quelque chose que nous apprécions dans notre routine », a-t-elle conclu.