MONTRÉAL - Cypress Mountain. 14 février 2010. Alexandre Bilodeau vient de connaître une course époustouflante qui lui a permis de devancer le grand favori de la descente de ski acrobatique des Jeux de Vancouver, l'Australien Dale Begg-Smith, de quelques centièmes de points seulement au sommet du classement.

Le seul obstacle pouvant l'empêcher de récolter la première médaille d'or olympique du pays en tant que nation-hôtesse est le Français Guilbaut Colas, impressionnant meneur après les qualifications de l'après-midi.

Les minutes qui ont suivies le départ de Colas au haut de la pente sont nébuleuses pour Bilodeau. Pour Colas, ce sont près de 23 secondes qu'il souhaitera revivre possiblement jusqu'à la fin de ses jours: après un premier saut plutôt bien réussi, le Français a raté son deuxième. Une erreur minime, mais qui ne pouvait pas lui être pardonnée dans cette compétition olympique si relevée. Verdict: sixième place.

«La première chose qui me soit passée par la tête, c'est que ça ne se pouvait pas que tout ce sur quoi nous avions travaillé, mon équipe et moi, ait fonctionné ce jour-là! Je me suis dit: 'C'est trop parfait! On est au Canada, à la maison, aux Jeux olympiques. J'ai 22 ans et tout a fonctionné!'. Je n'y croyais pas.

«Ça a pris quatre ou cinq bonnes minutes avant que je réalise que c'était la première médaille d'or olympique en sol canadien pour le pays. J'étais dans ma bulle. Je n'écoutais plus ce que l'annonceur-maison racontait. Après que j'aie vue que Guilbaut terminait sixième, je n'en revenais pas et j'ai crié de joie. Ça a pris un bon bout avant que je ne revienne sur Terre et que je l'entende dire qu'il s'agissait d'une première historique.»

Un an plus tard, jour pour jour, Bilodeau, qui n'a pas eu le temps de remercier chacun des membres de son équipe et ses commanditaires dans cette année folle qui a suivi la conquête de cette médaille, a décidé de souligner l'événement en recevant tous les membres de son équipe et ses commanditaires à La Cage aux Sports, un de ses partenaires.

«Les minutes, les heures et les jours qui ont suivi cette course ont été un tourbillon. Je n'ai pas vu le temps passer. Peu importe où je me trouvais, je ne faisais que suivre quelqu'un qui me disait où aller. Ça ne me dérangeait plus: une fois que j'avais vu ma famille, j'étais en paix et je ne pensais plus à rien. J'allais au dopage, ensuite c'était la conférence de presse. Quelqu'un me passe un téléphone: c'était Stephen Harper! Ensuite, je me retourne et j'ai M. (Jean) Charest à mes côtés. Tout allait trop vite.

«Idem pour les jours suivants. Tellement qu'à un moment donné, les gens de Cascades m'ont assigné une relationniste pour m'aider à passer au travers.»

Bilodeau ne souhaitait pas à tout prix souligner le premier anniversaire de cette médaille. Mais comme son horaire chargé — en plus de l'entraînement et des compétitions, il a entamé des études en finances et est un conférencier recherché — ne lui permet pas de prendre tout le temps qu'il voudrait pour remercier ceux qui l'appuient sans cesse depuis de nombreuses années, il trouvait le moment opportun.

«Ce n'est pas vraiment pour commémorer ma victoire, souligne-t-il. C'est plutôt l'occasion rêvée de pouvoir réunir tout mon monde au même endroit et prendre le temps d'aller les voir un par un pour les remercier d'avoir participé à tout ça.»

D'ailleurs, Bilodeau ne souhaitait pas en faire tout un plat, car il attribue cette victoire — en partie — au hasard.

«Côté timing, je ne pouvais pas demander mieux, note-t-il. Notre épreuve avait lieu dès la deuxième journée de compétitions. Même à cela, je croyais bien que Jenn (Heil) l'aurait remportée la veille.»

Mais Heil, médaillée d'or à Turin quatre ans plus tôt, a terminé deuxième derrière l'Américaine Hannah Kearney.

«Si le CIO met notre compétition lors du dernier week-end d'activités, on n'en parle pas aujourd'hui.»

Une chose est certaine: si cette médaille a pu donner une notoriété et une place de choix dans l'histoire canadienne à l'athlète, elle n'a pas réussi à changer l'homme.

Bilodeau sera de passage dans plusieurs de nos émissions aujourd'hui. Il participera au 4 à 7, (16h à 18h) au bulletin Sports 30 (18h à 19h) ainsi qu'à L'Antichambre. (après le match Canucks-Blues)