Des centaines de millions de téléspectateurs suivent actuellement les différentes compétitions des Jeux olympiques de PyeongChang. Juste ici au Canada, nous sommes plusieurs à nous coucher tard, à nous lever tôt, ou à carrément passer la nuit debout pour suivre nos représentants donner le meilleur d’eux même. Mais il n’en est pas ainsi partout sur la planète.

 

S’il est vrai que les Jeux olympiques d’hiver sont un incontournable de l’univers sportif mondial, il est faux de prétendre que l’humanité entière retient son souffle pour suivre les compétitions. Les Jeux hivernaux intéressent d’abord et avant tout les amateurs des 92 nations qui y délèguent des participants. En comparaison, les derniers Jeux d’été de Rio avaient accueilli des athlètes de 204 pays! Pensez-vous vraiment que les habitants de tous les pays africains ou des pays ne recevant jamais un seul petit flocon de neige regardent avec assiduité ce qui se passe en Corée du Sud présentement? Pas certain. Voilà pourquoi les cotes d’écoute des Jeux olympiques d’été sont toujours nettement supérieures à ceux d’hiver.

 

Le Comité international olympique (CIO) cherche depuis longtemps la recette pour augmenter le nombre de téléspectateurs suivant les Jeux d’hiver. La solution est simple et connue depuis longtemps. Il suffirait d’attirer des représentants d’un plus grand nombre de pays en créant de nouvelles disciplines. Mais comment s’y prendre?

 

Akwasi FrimpongCar outre des cas sympathiques tels que l’équipe jamaïcaine de bobsleigh, un skieur de fond kenyan, un skeletoneur ghanéen ou un skieur alpin marocain, les Jeux d’hiver sont pratiquement inaccessibles aux habitants des pays chauds. La course à pied pourrait bien être leur manière d’y parvenir. 

 

De la course à pied aux Jeux d’hiver? Pourquoi pas! Sachez que cette possibilité fut sérieusement envisagée pendant de nombreuses années. Dès 2008, les légendaires coureurs Kenenisa Bekele, Paul Tergat et Haile Gebresselassie avaient envoyé une lettre au président du CIO de l’époque, Jacques Rogge, de même qu’au président de l’Association internationale d’athlétisme (IAAF), Lamine Diack, pour proposer le retour des courses de cross-country au Jeux d’hiver en 2018.

 

Rapidement, l’IAAF avait appuyé cette suggestion qui avait fait l’objet de cinq années de consultations et de discussions par les membres du CIO avant d’être finalement rejetée en 2013. 

 

Cross-country 1924L’IAAF souhaite depuis longtemps le retour du cross-country aux Jeux olympiques. Cette course avait été au calendrier des épreuves des Jeux à trois reprises, soit en 1912 à Stockolm, en 1920 à Anvers et en 1924 à Paris. Lors des Jeux présentés dans la capitale française, une vague de chaleur extrême (plus de 40 degrés) avait entraîné l’abandon de 23 des 38 participants qui avaient également été affectés par les émanations toxiques rejetées par les cheminées d’usines situées près du site de compétition. La belle victoire de Paavo Nurmi n’avait pas empêché les dirigeants du CIO de signifier la belle mort du cross-country aux Jeux olympiques. 

 

Rien n’a changé depuis. Et alors que le CIO est à tenter d’épurer son calendrier de compétitions en athlétisme, il semble hors de question de ramener le cross-country aux Jeux olympiques d’été. C’est la raison pour laquelle l’IAAF avait placé tous ses espoirs vers les Jeux d’hiver.

 

Cross-country dans la neigeLe cross-country est une course qui peut être pratiquée facilement sur de la neige damée. Cela pourrait être spectaculaire de voir les meilleurs coureurs africains y participer et enfin avoir de bonnes chances de médailles à des Jeux d’hiver. Et de toute façon, si une course de ce genre avait été à l’horaire des Jeux de Vancouver ou de Sotchi, on aurait pu la présenter sur de l’herbe ou de la terre tellement la neige était absente de ces Jeux d’hiver. 

 

Mais voilà, dans sa décision rendue en décembre 2013, le CIO avait refusé d’inclure le cross-country aux Jeux olympiques d’hiver car, comme le stipule la charte olympique, seuls les sports pouvant être pratiqués sur de la neige ou de la glace peuvent faire partie des Jeux hivernaux.

 

Palais des glaces 1920Il n’en a pourtant pas toujours été ainsi. Un certain mélange des genres existait il y a près d’un siècle avant la création des Jeux olympiques d’hiver en 1924. Ainsi, le patinage artistique fut au programme des Jeux de Londres en 1908 et d’Anvers en 1920. Et que dire du tournoi de hockey olympique qui s’est également tenu pour la toute première fois en avril 1920 lors des Jeux d’Anvers sinon que personne n’y voyait de problèmes à l’époque. C’est lors de ces Jeux que le serment olympique fit son apparition de même que le drapeau olympique arborant les cinq anneaux.

 

Le Comité international olympique aurait certainement avantage à revoir sa décision sur le cross-country. Sans même avoir besoin de réviser sa charte, il lui serait possible d’accueillir des dizaines de nations et des centaines d’athlètes supplémentaires aux Jeux d’hiver. Pour tous ceux ayant déjà couru sur la neige, il est facile d’imaginer le spectacle qu’une telle course offrirait.

 

Aux membres du CIO qui doutent de la possibilité de courir sur de la neige, alors la bonne vieille paire de raquettes aux pieds serait la solution. Si cela devient effectivement le cas un jour, le Québec serait en bonne posture pour une récolte de médailles.

 

On s’en reparle. Allons-y une étape à la fois!