TOKYO - Le Japon a décrété l'état d'urgence à Tokyo et dans trois autres préfectures de l'ouest du pays vendredi, alors que plusieurs doutent que cette décision soit suffisante pour freiner la recrudescence du nombre de cas de coronavirus à trois mois seulement des Jeux olympiques d'été.

Le premier ministre du Japon, Yoshihide Suga, a décrété l'état d'urgence à Tokyo, Osaka, Kyoto et Hyogo du 25 avril au 11 mai.

Cette décision, qu'on espère être "de courte durée et intensive", vise à endiguer la propagation du coronavirus en pleine semaine fériée pour les Japonais. Elle est destinée à limiter les voyages et à garder les personnes à l'écart des lieux publics.

« Je m'excuse sincèrement de causer de nouveau des tracas à tant de personnes », a déclaré Suga, qui avait déjà dit vouloir tout faire pour éviter de devoir décréter l'état d'urgence pour une troisième fois.

Il a toutefois admis être très préoccupé par la hausse fulgurante du nombre de cas associés au nouveau variant du coronavirus dans quatre préfectures japonaises, et n'a pas caché de de nouveaux sacrifices devront être faits.

Osaka a rapporté 1162 nouveaux cas vendredi, alors que Tokyo en a déclaré 759.

Suga a ajouté qu'il compte s'assurer qu'il y aura suffisamment de doses de vaccin acheminées aux quatre coins du pays, afin que les 36 millions d'aînés puissent recevoir leur deuxième dose d'ici la fin du mois de juillet _ un mois plus tôt que prévu.

Le Japon a décrété l'état d'urgence pour la troisième fois depuis le début de la pandémie, et celui-ci survient à peine un mois après la fin du précédent dans la région métropolitaine de Tokyo. Pendant des jours, des experts et des représentants locaux ont dénoncé des mesures bénignes, et répété que des mesures drastiques devaient être prises pour freiner la propagation.

Les mesures d'urgence, adoptées il y a un an et de nouveau en janvier dernier, n'entraînaient aucune sanction contre les récalcitrants et suggéraient plutôt des précautions à adopter.

Les nouvelles mesures en vigueur devraient être levées le 11 mai, tout juste avant la visite du président du Comité international olympique Thomas Bach à Hiroshima.

Bach a dit cette semaine que cette visite, repoussée aux 17 et 18 mai, est toujours "à l'étude". La présence de Bach est toutefois critiquée par les députés de l'Opposition, qui considèrent que les Jeux olympiques sont priorisés aux dépens de la sécurité publique.

« Le Japon devrait établir ses propres mesures de santé publique. Nous ne devrions pas avoir à écouter M. Bach », a évoqué Yuichiro Tamaki, le chef du Parti démocrate du peuple.

Bach a assuré que la durée de l'état d'urgence n'a rien à voir avec son éventuelle visite à Hiroshima, où il serait accueilli par la flamme olympique. Hiroshima a été détruite en 1945 par une bombe nucléaire américaine, et est l'un des lieux de visite favoris des politiciens et dignitaires étrangers.

« Cet (état d'urgence) correspond totalement à la politique de gestion de la crise sanitaire du gouvernement, a mentionné Bach. Mais il n'y a aucun lien avec les Jeux olympiques. Il a été décrété en raison de la semaine fériée. »

Le troisième décret de l'état d'urgence au Japon prévoit la fermeture des bars, des magasins, des centres d'achat, des parcs d'attractions, des théâtres et des musées. Même les restaurants qui ne servent pas d'alcool ont reçu la directive de fermer plus tôt, tout comme les transports publics. Les écoles resteront ouvertes, mais les universités doivent maintenant offrir leurs cours en ligne.

« J'espère que la situation va s'améliorer le plus rapidement possible », a dit la présidente du comité organisateur des JO de Tokyo, Seiko Hashimoto, vendredi lors d'une visioconférence.

Hashimoto a précisé que les épreuves-tests seront maintenues pendant l'état d'urgence, à huis clos. Les Jeux olympiques de Tokyo doivent commencer le 23 juillet.

On lui a aussi demandé si les JO pouvaient encore être annulés. La question a été évacuée des rencontres, mais est de retour dans l'actualité depuis quelques semaines.

« Nous, le comité organisateur, ne songeons pas à annuler (l'événement) », a rétorqué Hashimoto.