SÉOUL, Corée du Sud - Elles ont grandi ensemble, sont allées à l'école ensemble, ont patiné ensemble et pourtant, les soeurs Marissa et Hannah Brandt représenteront deux pays différents au tournoi de hockey des Jeux olympiques de Pyeongchang, qui débutent vendredi.

Adoptée peu après sa naissance en Corée du Sud, Marissa Brandt fait partie des centaines de milliers d'enfants qui ont trouvé une nouvelle famille à l'étranger au début des années 1990.

Dans son cas, elle a trouvé un cocon au domicile de Greg et Robin Brandt, dans les frimas des lacs du Minnesota, dans le nord des États-Unis.

Avec la naissance quelques mois plus tard de Hannah, les deux filles ont grandi en patinant ensemble jusqu'à désormais figurer dans l'équipe nationale de hockey sur glace.

Mais alors que Hannah défendra les couleurs américaines aux JO 2018, Séoul a rétabli la nationalité sud-coréenne de Marissa pour renforcer son équipe nationale...

« Je voulais m'intégrer, n'être en rien différente de ma soeur », explique à l'AFP Marissa. « On a toujours été meilleures amies et tout fait ensemble », ajoute sa cadette, elle aussi âgée de 24 ans.

Marissa a ainsi troqué ses patins artistiques pour ceux de hockey et les deux soeurs ont joué dans la même équipe jusqu'à leur départ vers deux universités différentes.

Leurs trajectoires se sont encore plus éloignées lorsque la Fédération sud-coréenne a commencé à prospecter dans les collèges nord-américains, en quête de joueurs d'origine coréenne pour présenter une équipe de hockey convenable aux Jeux de Pyeongchang.

« Fière d'être Coréenne »

La Corée du Sud ne compte que 319 hockeyeuses selon un décompte de la Fédération internationale réalisée l'an passé.

Marissa a été identifiées parmi les potentielles sélectionnables et fut invitée pour un essai en 2015, l'occasion d'un premier retour dans son pays natal après des années loin de sa culture et sa langue.

« J'étais très excitée et curieuse tout autant que nerveuse, et je ne savais pas à quoi m'attendre », se souvient-elle.

Sélectionnée dans l'équipe, Marissa a reçu son passeport sud-coréen l'année suivante ainsi que son maillot estampillé « Park Yoon-Jung », le nom figurant sur ses papiers d'adoption.

« J'ai choisi de porter mon nom coréen sur le maillot car c'est vraiment mon seul lien avec la Corée », explique-elle.

Depuis, Marissa s'est reconnectée avec son pays natal dont elle adore les spécialités culinaires et la K-pop, qu'elle écoute avec ses équipières dans les vestiaires.

Désormais, elle se « considère Coréenne-américaine et plus seulement Américaine ». « Je peux enfin dire que je suis fière d'être Coréenne », lâche-t-elle.

Marissa Brandt figure parmi les trois recrues étrangères d'une équipe sud-coréenne qualifiée pour les JO en qualité d'organisateurs.

Depuis, sont venues s'ajouter 12 joueuses nord-coréennes pour présenter une équipe unifiée dans ce moment de redoux dans les relations tendues entre les deux pays.

« Une vie meilleure »

Les soeurs Brandt ont peu de chance de s'affronter sur la glace puisque les deux nations figurent dans deux groupes différents et que la Corée n'a guère de chances d'atteindre la ronde éliminatoire.

Cela n'empêche pas les deux filles d'en rire. « On blague toujours en se demandant qui nos parents supporteraient en cas de confrontation », glisse Marissa, qui décrit l'adoption comme quelque chose de « super ».

« Je pense que l'adoption est une chose importante pour que les enfants trouvent un bon foyer et reçoivent de l'amour », souligne-t-elle. « Je remercie ma mère pour l'adoption. Elle voulait pour moi une vie meilleure, ce que j'apprécie ».

Au-delà du sport, Marissa « aimerait évidemment » profiter de ce retour au pays natal pour rencontrer sa mère biologique, consciente toutefois de la difficulté de la tâche face au manque évident d'informations.

« Je ne sais pas son nom. Je sais juste qu'elle a le teint olive et un visage rond. Soit pratiquement rien pour la retrouver », concède-telle.