SHANGHAI, Chine - Ils ont bien failli être exclus de leurs propres Jeux, avant de risquer l'humiliation devant les étoiles de la LNH, mais les Chinois participeront bien au tournoi de hockey des Jeux olympiques de Pékin et échapperont peut-être à trois déroutes en autant de matches.

Avant même que la première rondelle ne glisse sur la patinoire olympique de Pékin, l'équipe nationale, composée de joueurs nés en Chine et à l'étranger, sera passée par une éprouvante série de hauts et de bas.

Le dernier rebondissement en date remonte au mois dernier, lorsque la LNH a finalement décidé que ses joueurs n'iraient pas à Pékin pour ne pas compromette son calendrier perturbé par la reprise de la pandémie.

Une mauvaise nouvelle pour les JO 2022 et les amateurs de hockey, mais un soulagement pour les Chinois qui occupent une modeste 32e place au classement mondial : ils vont affronter dans le redoutable Groupe A l'Allemagne, le Canada et les États-Unis, sans leurs meilleurs joueurs qui évoluent dans la LNH.

« C'est bien pour les Chinois, qui auront peut-être de meilleurs résultats », observe Li Longmou, qui commentera le tournoi de hockey pour la télévision nationale CCTV.

Bas de classement

Aligner une équipe nationale digne de ce nom reste un objectif ambitieux pour la Chine, qui est en retard en matière de sports d'hiver et n'a guère investi dans le hockey, comme elle a pu le faire pour des sports tels que le basketball ou le soccer.

L'octroi en 2015 des Jeux d'hiver a donné le signal du réveil : une équipe professionnelle a été créée et autorisée à jouer dans la KHL.

Pour muscler la sélection, l'équipe, appelée le Red Star de Kunlun, est allée recruter en Amérique du Nord des hockeyeurs d'origine chinoise.

Plusieurs d'entre eux, dont Jake Chelios, fils de l'ancien défenseur de la LNH Chris Chelios, joueront lors des JO de Pékin.

Mais les performances sont à la traîne: depuis 2016, l'équipe a fini chaque saison dans le bas du classement et même à la dernière place de l'Association de l'Est en 2020-2021 avec un dossier de 13 victoires en 60 matches.

« Bon pour personne »

Les déconvenues des hockeyeurs chinois ont amené en septembre dernier la Fédération internationale à menacer le pays hôte d'exclusion pour « niveau sportif insuffisant ».

Le pays hôte est en principe qualifié d'office, mais « voir une équipe se faire battre 15-0, ce n'est bon pour personne, ni pour la Chine, ni pour le  hockey sur glace », confiait alors à l'AFP Luc Tardif, le président de la Fédération.

Début novembre, la Fédération internationale annonçait finalement que l'équipe pourrait participer à « ses » JO.

Deuxième bonne nouvelle un mois plus tard avec l'annonce de l'absence des vedettes de la LNH, comme Connor McDavid, Sidney Crosby et autres Alex Ovechkin.

Cela « rebat radicalement les cartes », observe Mark Dreyer, un expert des sports en Chine. La Chine peinera assurément à remporter une victoire, « mais les scores ne seront pas aussi mauvais pour elle qu'on pouvait le craindre ». 

Pékin compte sur les Jeux de 2022 pour enraciner la culture des sports d'hiver dans le pays. Pour Li Longmou, une performance décente de l'équipe nationale pourrait aider à populariser le hockey.

Pour bon nombre de Chinois, « l'intérêt pour un sport dépend des résultats de l'équipe nationale », relève-t-il, ajoutant que la plupart des fans ne se préoccupent pas de savoir si des étrangers composent une bonne partie de l'effectif.

Pour l'heure, seuls 5000 jeunes pratiquent régulièrement le hockey en Chine, estime Li Longmou, mais leur nombre grandit.

« La croissance du hockey sur glace va assurément dans la bonne direction ».