LONDRES - La décision de suspendre tous les Russes des Jeux olympiques aurait été disproportionnée et aurait risqué d'être infirmée devant les tribunaux, selon l'avocat qui est vertement critiqué depuis quelques jours à la suite de la décision de l'Agence mondiale antidopage de ne pas suspendre totalement la Russie pour son implication dans le plus récent scandale qui l'a éclaboussée.

Jonathan Taylor, qui siège au sein d'un comité de l'AMA qui a établi les sanctions annoncées lundi, a mentionné à l'Associated Press lors d'un entretien que la décision d'interdire le drapeau, l'hymne national et le nom de la Russie des compétitions sportives internationales « était une décision appropriée dans les circonstances ».

L'AMA a déterminé que les athlètes russes pourront participer aux épreuves sportives internationales s'ils parviennent à prouver qu'ils sont « propres » et qu'ils n'ont pas été impliqués dans le scandale de dopage généralisé qui a gangréné leur pays. Cependant, Taylor a admis que l'étiquette « athlètes olympiques de la Russie » ne devrait pas être utilisée à Tokyo l'été prochain, comme ç'avait été le cas aux Jeux olympiques de Pyeongchang en 2018.

Le comité exécutif de l'AMA a donc rejeté lundi la demande de la présidente de son comité des athlètes, la Canadienne Beckie Scott, pour une suspension complète de la Russie après qu'on eut confirmé que Moscou avait bel et bien manipulé les données provenant de son laboratoire antidopage en janvier dernier. Une membre britannique de ce comité a même démissionné jeudi afin de protester contre la décision: Victoria Aggar, qui a déjà pratiqué le para aviron, a déclaré que l'AMA avait accordé plus d'importance « aux relations diplomatiques qu'à l'éthique ».

« Aurions-nous dû être plus sévères? Et bien, je dirais... que c'était la décision appropriée dans les circonstances, a mentionné Taylor à l'AP jeudi. On ne peut punir des athlètes innocents. Ce n'est pas comme si la planète entière nous disait : "Non, vous êtes complètement dans le champ à ce sujet". »

La Russie peut en appeler de la décision de l'AMA devant le Tribunal arbitral du Sport. Si une bataille juridique s'engage, alors l'application de ces sanctions pourrait être repoussée aux Jeux olympiques de Paris en 2024, plutôt que ceux de Tokyo l'été prochain.