ZHANGJIAKOU, Chine – Mikaël Kingsbury pourrait devenir le premier bosseur à récolter une troisième médaille olympique, samedi, et le deuxième seulement, après Alexandre Bilodeau, à défendre son titre olympique. Comment sont meublées ses 24 dernières heures avant cette compétition présentée en soirée? Le King des bosses a bien voulu partager sa préparation finale avec La Presse Canadienne.

Afin de ne pas manquer d'énergie en super-finale après avoir disputé la finale 1 contre 19 autres compétiteurs et la finale 2, en compagnie des 11 autres meilleurs compétiteurs, Kingsbury prendra un copieux souper la veille.

« J'aime beaucoup un bon spaghetti à la bolognaise avec de la viande en à-côté et beaucoup de légumes, comme une grosse salade. On verra ce que nous aurons au Village olympique, mais j'aime bien ça. J'aime manger un gros repas la veille, car les journées de compétitions, c'est plus difficile de bien manger. Je prends un gros déjeuner, car par la suite, ce sera des barres, des fruits. C'est difficile de prendre des repas.

« Quand les événements sont en soirée, tu veux atteindre ton sommet d'énergie au bon moment, alors tu organises ton horaire des journées précédentes en fonction de cela : tu te couches et te lèves plus tard, tu vis un peu sur ton propre décalage. Je ne veux pas que la journée soit trop longue non plus, alors je vais me lever entre 11h et midi et prendrai un bon déjeuner, puis possiblement un bon lunch en milieu d'après-midi. »

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, Kingsbury ne passera pas tout l'après-midi à penser à la compétition. En fait, il évitera carrément d'y penser en passant l'après-midi à jouer aux cartes ou à des jeux de société.

« Un classique au sein de l'équipe, c'est Carcassonne, précise-t-il. Ce n'est pas tout le monde qui est familier, alors parfois ça prend du temps à apprendre aux nouveaux à bien jouer avec toutes les nuances et les stratégies. (...) On est pas mal tous bons à Carcassonne, mais les journées de courses, j'aime mieux laisser gagner les boys pour me garder une victoire en soirée! Je rigole, mais je suis très compétitif, comme pas mal tous les gars autour de moi qui font du sport de haut niveau. Dans les jeux de société, il y a de la stratégie, mais la chance peut aussi t'aider.

« J'ai aussi des petits jeux de golf sur mon téléphone ou ma tablette. Je joue des tournois contre d'autres joueurs en ligne: des choses simples qui gardent mon cerveau occupé et qui ne me font pas penser à l'événement.

« J'aurai parfois une dernière réunion avec les entraîneurs, puis c'est 'game on'! C'est comme d'habitude, sauf que là, ce sont les Jeux olympiques! »

C'est une fois dans l'autobus le menant à la montagne que Kingsbury commence sa préparation mentale.

« Je me "crinque" en écoutant de la musique. Ça me permet d'entrer dans ma bulle. partir de ce moment, je n'aime pas trop parler aux autres autour de moi. J'ai eu toute la journée pour avoir du plaisir avec les gens : c'est mon dernier petit moment à moi. Il n'y a que Michel (Hamelin, l'entraîneur de l'équipe nationale) qui devrait être avec moi. »

Une fois à la montagne, c'est son équipement qui retiendra toute son attention.

« Je m'occupe de mes lunettes, pour m'assurer d'avoir la bonne lentille selon les conditions. Je vais ensuite placer tout mon équipement afin de m'assurer d'avoir tout en double ou en triple, question d'être prêt à toute éventualité. Je vais boire beaucoup d'eau et je m'élancerai sur la montagne pour l'entraînement. Il n'y rien de spécial rendu là, c'est "go ski"! »

Sans être un grand superstitieux, le bosseur de 29 ans admet quelques habitudes tenaces.

« Si mes affaires vont bien, je peux par exemple mettre mes skis toujours au même endroit en haut de la piste; répéter les mêmes trucs dans le même ordre dans le portillon de départ. Ça me garde dans le moment présent. Quand tu es constant dans le haut de la piste ou autour, tu es souvent constant en piste.

« Il y a aussi de petits rituels que je fais, mais rien de bien précis la veille d'un événement. Je ne mange pas toujours le même repas ou ne fait pas toujours les mêmes choses. J'essaie d'être constant dans les choses qui m'aident à être constant sur la piste. »

Reste à voir si la formule sera de nouveau gagnante sur la piste du Parc à neige Genting de Zhangjiakou.

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Les phases finales de l'épreuve des bosses aux Jeux de Pékin se mettront en branle à compter de 19 h 30, samedi (6 h 30 au Québec).