PÉKIN, Chine - Lors de chaque tournoi international de hockey masculin, le Canada se voit comme le pays à battre, même si ce sentiment n'est pas toujours partagé à l'extérieur des quatre murs du vestiaire.

Peu importe le niveau ou l'endroit, l'équipe au chandail rouge orné d'une feuille d'érable impose le respect à ses adversaires.

Quatre ans après le retrait de la Ligue nationale de hockey (LNH) des Jeux olympiques d'hiver de PyeongChang pour des raisons financières, les amateurs canadiens s'attendaient enfin à pouvoir observer des vedettes comme Sidney Crosby, Connor McDavid et Nathan MacKinnon défendre ensemble les couleurs de leur pays, sous le regard du monde entier.

Mais la COVID-19, bien sûr, avait un autre plan en tête.

Il y a six semaines, la LNH a choisi de ne pas participer aux Jeux de Pékin en raison d'éclosions de COVID-19 qui l'ont forcée à repousser près de 100 rencontres. Le visage des équipes nationales du tournoi olympique s'est ainsi métamorphosé.

Même si l'absence des plus grandes vedettes du sport représente une inévitable déception, le rendez-vous olympique qui s'amorcera le 9 février devrait malgré tout offrir son lot de moments de divertissement aux partisans. La parité entre les pays fait en sorte qu'il est épineux de prévoir qui en sortira avec les honneurs.

« C'est un tournoi difficile à gagner », a rappelé le capitaine d'Équipe Canada, Eric Staal.

Le vétéran de 37 ans a décroché l'or en 2010 à Vancouver lors de la quatrième participation de la LNH aux Jeux olympiques - Sotchi en 2014 étant la cinquième et plus récente.

« Nous avons de bons joueurs, mais nous devons connaître du succès en tant qu'équipe. Tout le monde doit être sur la même longueur d'ondes », a-t-il ajouté.

Le Canada a cependant été forcé de changer d'entraîneur deux fois avant le tournoi. L'entraîneur-chef du Lightning de Tampa Bay, Jon Cooper, devait être à la barre de l'équipe, mais il a été remplacé par Claude Julien après le retrait de la LNH. Julien a également d déclarer forfait quand il s'est fracturé les côtes durant le camp d'entraînement de l'équipe en Suisse.

C'est donc Jeremy Colliton, l'ex-entraîneur des Blackhawks de Chicago qui a été congédié en novembre, qui dirigera l'unifolié.

« Nous avons été confrontés à des défis, mais nous allons nous battre, a tranché Colliton. Nous savons exactement quel niveau nous voulons atteindre et de quelle façon nous voulons jouer. C'est à nous de le mettre en pratique. »

« On s'attend de nous que nous gagnions l'or et c'est notre objectif », a affirmé le défenseur de 20 ans Owen Power, qui a été repêché au premier rang du dernier encan amateur de la LNH par les Sabres de Buffalo.

« Lors de chaque tournoi de hockey, c'est ce qu'on attend du Canada. »

Le Canada est certes une puissance au hockey, mais ce n'est pas la seule. La Presse Canadienne dresse un portait des 12 équipes - des vieux rivaux aux nouveaux venus comme le Danemark ou la Chine - qui seront en quête de l'or à Pékin.

LES QUATRE FAVORIS

COMITÉ OLYMPIQUE RUSSE

Les athlètes olympiques de la Russie participeront à leurs deuxièmes Jeux olympiques consécutifs sous l'acronyme "COR" dans la foulée des sanctions imposées à leur pays pour ne pas avoir transmis les données exactes du laboratoire de Moscou chargé des tests antidopage.

Ce n'est cependant pas ce qui empêchera leur équipe de viser un deuxième titre olympique de suite, en profitant de la présence des meilleurs joueurs de leur ligue locale.

Les Russes pourront compter sur des joueurs d'impact de la Ligue continentale de hockey (KHL), dont son meilleur pointeur Vadim Shipachev, ainsi que sur d'anciens attaquants de la LNH comme Artem Anisimov et Nikita Gusev. Vyacheslav Voynov et Nikita Nesterov seront leurs généraux à la défense.

La Russie a remporté l'or en 2018, notamment grâce à Ilya Kovalchuk et Pavel Datsyuk.

FINLANDE

La Finlande semble toujours performer au-delà des attentes lors des tournois internationaux. Pékin, la formation finlandaise sera menéepar les anciens de la LNH Valteri Filpulla, Leo Komarov, Markus Granlund et Teemu Hartikainen en attaque.

En défense, elle pourra s'appuyer sur Sami Vatanen et Mikko Lehtonen.

Le pays est monté sur la troisième marche du podium en 2014, tandis qu'il a gagné deux médailles d'argent en 1988 et 2006.

CANADA

Le Canada sera représenté par une équipe rassemblant vedettes montantes et vieux routiers. Staal sera l'un de ses vétérans, aux côtés de David Desharnais, Jason Demers, Daniel Winnik et Adam Cracknell.

Mais l'aspect le plus intéressant viendra de la présence de jeunes comme Power, l'attaquant Mason McTavish et le gardien Devon Levi.

La formation canadienne s'était fait surprendre par l'Allemagne en demi-finale il y a quatre ans, mais avait réussi à remporter le bronze. Le pays n'a pas gagné de médaille d'or à des Jeux olympiques en l'absence des joueurs de la LNH depuis 1952.

SUÈDE

Marcus Kruger et Anton Lander sont deux noms que les partisans nord-américains reconnaîtront peut-être en raison de le temps qu'ils ont passé dans la LNH.

L'ancien du Canadien de Montréal Jacob de la Rose fera aussi partie de l'équipe suédoise, qui devrait se battre pour une médaille.

La Suède tentera de monter sur le podium pour la première fois depuis 2014, quand elle avait terminé deuxième. Elle a gagné l'or en 1994 et 2006.

LE MILIEU DE PELOTON

RÉPUBLIQUE TCHQUE

Le plus gros point d'interrogation chez les Tchèques se trouve devant le filet, puisque leurs trois gardiens ont reçu un diagnostic positif à la COVID-19.

L'ancien attaquant des Bruins de Boston David Krejci sera leur visage le plus connu dans leur quête d'une première médaille depuis le bronze en 2006.

SUISSE

Plusieurs anciens de la LNH porteront aussi le chandail de la Suisse, dont les attaquants Denis Malgin, Gaetan Haas et Sven Andrighetto, ainsi que les défenseurs Raphael Diaz, Mirco Muller et Yannick Weber.

Reto Berra devrait être le gardien partant de cette équipe qui cherchera à rentrer au pays avec une médaille en hockey masculin pour la première fois depuis 1948.

ÉTATS-UNIS

Au lieu de voir des joueurs comme Auston Matthews et Patrick Kane sur leur premier trio, les Américains devront se rabattre sur une majorité de joueurs provenant des rangs collégiaux de la NCAA.

Les jeunes Matty Beniers, Brendan Brisson et Jake Sanderson auront l'occasion d'offrir une première médaille à leur pays depuis l'argent en 2010.

DANEMARK

Il s'agira d'une première apparition au tournoi olympique de hockey masculin pour le Danemark. Frans Nielsen, Mikkel Boedker, Nicklas Jensen et Peter Regin seront leurs têtes d'affiche.

LES AUTRES

La Slovaquie, l'Allemagne, la Lettonie et la Chine sont les autres nations inscrites à la compétition.

La formation slovaque inclut les noms de Marko Dano et Martin Marincin, tandis que l'Allemagne, qui a surpris en 2018 en décrochant l'argent, sera représentée par Tobias Rieder, Tom Kuhnhackle, Dominik Kahun et Korbinian Holzer, entre autres.

L'escouade de la Lettonie pourra se tourner vers des joueurs comme Kaspars Daugavins et Ronald Kenins, tandis que le gardien Kristers Gudlevskis, qui avait réalisé 55 arrêts dans un revers de 2-1 face au Canada lors des Jeux de 2014, sera de retour devant le filet de son pays.

Pays hôte de l'événement, la Chine participera pour la première fois au tournoi olympique et pourra compter sur 11 Canadiens, sept Américains et six joueurs locaux.

« On commence à comprendre que c'est vrai », a affirmé Brandon Yip, qui est né à Vancouver, mais dont la famille possède des origines chinoises.

« Nous sommes excités à l'idée d'être enfin rendus à ce niveau. Nous voulons que notre pays soit fier de nous. »