Trois skieurs lancés dans les rafales, puis rideau: l'ultime entraînement de la descente hommes des JO de Pékin a été annulé samedi en raison du vent, au grand dam des concurrents soucieux d'apprivoiser cette piste nouvelle.

« Il y a quand même trois favoris qui ont fait un run de plus que les autres, c'est ça le gros problème. S'ils avaient annulé dès ce matin, il n'y aurait eu aucun souci », a résumé le Français Johan Clarey, représentant des athlètes auprès de la Fédération internationale de ski (FIS).

La matinée a démarré calmement, avant que le vent ne forcisse « une minute avant de lancer le dossard no 1 », a expliqué dans l'après-midi Markus Waldner, directeur des courses masculines au sein de la FIS.

L'organisation a donc laissé s'élancer le champion olympique 2014 de la descente, l'Autrichien Matthias Mayer, suivi de l'Italien Christof Innerhofer, qui a rapidement coupé son effort, puis du no 1 mondial de la descente et du super-G, le Norvégien Aleksander Aamodt Kilde.

Voyant que les rafales ne faiblissaient pas, culminant à 61 km/h, la FIS a ensuite stoppé cette dernière répétition avant la descente officielle, autorisant seulement les concurrents à « inspecter lentement la piste une fois de plus ».

« Si l'on avait eu une chute, ç'aurait déjà été trop, parce que la course est demain (...) La sécurité est toujours prioritaire, même si ce n'était pas juste », a justifié Markus Waldner.

L'expérience des trois partants a au moins donné un avant-goût de ce qui attend les descendeurs dimanche, où des rafales jusqu'à 50 km/h sont encore prévues.

Les favoris ont donc opté au tirage au sort pour des dossards élevés - 11e pour Kilde, 13e et 17e pour les Suisses Beat Feuz et Marco Odermatt, 19e pour Clarey - pariant sur une décrue au fil de l'épreuve.

« Sur les sauts, j'ai parcouru soixante mètres. J'étais en équilibre, Dieu merci », mais « c'est une bonne chose qu'ils aient annulé et décidé de garder tout le monde en sécurité pour demain », a estimé Kilde.

Si le vent est tout sauf une suprise, tant il balaie régulièrement les crêtes de ce massif aride au nord-ouest de Pékin, "il vient de toutes les directions donc c'est vraiment difficile de le contrôler", a décrit le Norvégien.

« Tout d'un coup, il n'y a rien, puis ça souffle à plein, puis plus rien, et puis ça arrive de côté, de derrière, et sur les sauts ça venait de dessous », au risque de déséquilibrer les concurrents en plein vol, a-t-il poursuivi.

Si le risque était évident pour les descendeurs, ils ont aussi besoin de repères sur "The Rock", piste sinueuse qu'aucun d'entre eux n'avait jamais skiée, sur une neige sèche et entièrement artificielle qui brûle les semelles de leurs skis.

« Comme on est sur une nouvelle piste avec des conditions un peu spéciales, tout le monde aurait aimé faire ce genre d'entraînement », a avancé Clarey, qui partira en quête d'une première médaille olympique sans avoir pu tester son matériel.

Réunis avant le départ, les concurrents s'étaient mis d'accord sur une solution intermédiaire: « On était prêts à skier fort là où il n'y avait aucun risque, puis à freiner » sur le deuxième tronçon très venté, avant de "réengager sur la dernière partie", a expliqué le Français Matthieu Bailet.

« J'ai essayé de discuter avec la FIS, mais ils n'ont rien voulu savoir (...) Voilà: il va falloir faire avec et ne pas trop s'énerver », a poursuivi Clarey.

Dépité, le leader de la course au gros globe, Marco Odermatt, a lui aussi jugé la décision « injuste », même si « avec le vent, ça ne va de toute façon pas être la course la plus équitable qui soit ».

« Sur une piste olympique où tout est nouveau, vous voulez vraiment avoir la même dose d'entraînement », a-t-il insisté. "Chaque manche aide à trouver le matériel et la ligne parfaite".