ZHANGJIAKOU, Chine - Les résultats n'ont pas été au rendez-vous pour l'équipe canadienne de ski de fond aux sprints des Jeux olympiques de Pékin, mardi.

La fondeuse du Yukon Dahria Beatty est la seule à avoir atteint les quarts de finale après une 28e place en qualifications. Mais de son propre aveu, elle est arrivée à court de son objectif en étant éliminée en quarts et terminer au 25e échelon.

« C'est toujours bien d'être dans le top-25. Mais je pensais vraiment me qualifier pour le tour suivant », a-t-elle dit dans un français exemplaire.

Elle a plutôt terminé cinquième de sa vague des quarts de finale. Une vague très relevée, comptant trois des quatre meilleurs temps des qualifications, réussis par la Suédoise Jonna Sundling, championne du monde en titre, la Russe Yulia Stupak, ainsi que l'Américaine Rosie Brennan.

Elle y a tout de même cru pendant un instant: les positions 3 à 5 de son quart de finale ont été décidées à la photo-finish. Beatty a donc raté son objectif de quelques centimètres seulement.

« C'est pour ça que je suis fière de ma course. Mon objectif était d'être avec le groupe à la fin et je savais qu'il y avait une bonne chance que les skieuses repêchées viennent de la première vague. (...) Je pense que je me suis bien battue. Mes skis étaient vraiment rapides. »

Sundling a finalement remporté l'épreuve, devant sa compatriote Maja Dahlqvist. L'Américaine Jessie Diggins a complété le podium.

Cendrine Browne, de Saint-Jérôme, s'est classée 35e; Olivia Bouffard-Nesbitt, de Morin-Heights, a pris la 40e place, tandis que Laura Leclair, de Chelsea, a fini 58e. Seules les 30 premières accédaient aux quarts de finale.

« Il y avait un objectif aujourd'hui, et c'était d'atteindre un top-30, a déclaré une Bouffard-Nesbitt plutôt déçue dans la zone mixte. C'est certain que ça faisait longtemps que j'avais fait un sprint à ce niveau, mais il faut avoir des attentes élevées. D'arriver 31 ou 71, ça ne change pas grand-chose pour moi. En même temps, je suis fière d'être là. Il ne me manquait que deux secondes. »

« Il y a des choses que je ne peux pas contrôler. Il me manquait une demi-seconde à chaque 500 m sur le parcours. Peut-être un peu de force aussi. Je suis fière de ma course, mais on est aux Olympiques et je voulais faire les vagues. »

« C'est une première course pour moi, alors je suis contente d'avoir tout donné, a pour sa part indiqué Leclair. (...) Mais comme athlète, tu veux atteindre les vagues. »

En fait, la seule qui a semblé tirer une certaine satisfaction de ce sprint est Browne.

« C'est certain que d'être à une seconde d'une qualification, ça fait un peu de peine. Mais c'est mon meilleur résultat de sprint à vie, je suis plus une coureuse de distance, donc c'est une belle surprise. (...) Il y a beaucoup de positif (à retirer) de la course d'aujourd'hui. »

« Ces résultats (NDLR: elle a terminé 20e du skiathlon) me permettent de bâtir ma confiance. Je suis ici au sommet de ma forme, ça augure donc bien pour la suite. »

Cyr en furie

Le scénario a été sensiblement le même chez les hommes, où l'Ontarien Graham Ritchie, Olivier Léveillé, de Sherbrooke et Antoine Cyr, de Gatineau, ont terminé respectivement 34e, 54e et 56e.

Ce dernier était particulièrement amer de cette contre-performance. un point tel qu'il a préféré ne pas rencontrer les journalistes.

Sans en être satisfait, Léveillé a tout de même été en mesure d'analyser sa performance avec une certaine perspective.

« Je suis un peu déçu de ma course. C'est certain que c'était un peu un coup de dés avec le gros skiathlon que j'ai fait dimanche. Je n'ai pas su rebondir comme je l'aurais espéré. C'est certain que c'est un parcours super-rapide. Pour les gars super-puissants qui n'ont pas fait le 30 km, c'est un avantage. »

Léveillé a aussi noté que le parcours avait énormément changé depuis la course de dimanche, où il a pris le 31e rang.

« La neige est pas mal plus rapide; ça m'a surpris, surtout dans les virages. Ça m'a sûrement coûté quelques secondes. Les virages arrivaient plus vite et le parcours était plus rapide que je ne le pensais. (...) C'est de l'expérience qui rentre. »

Sans surprise, le Norvégien Johannes Hosflot Klaebo, champion olympique et du monde en titre, a remporté l'épreuve. L'Italien Federico Pellegrino, médaillé d'argent de Pyeongchang et champion du monde en 2017, ainsi que le Russe Alexander Terentev ont pris l'argent et le bronze.

Des rêves devenus réalité

Malgré les déceptions, Leclair et Bouffard-Nesbitt ont pris le temps d'apprécier leur première participation olympique.

« C'est un objectif de vie. C'est certain que c'est le summum de ma carrière en ce moment. Je suis tellement reconnaissante envers toutes les personnes qui m'ont aidée à atteindre cet objectif. J'ai juste hâte de profiter de chaque moment des prochaines deux semaines », a candidement raconté Leclair, qui a la chance de vivre cette expérience avec Cyr, son conjoint.

« On pensait que nous allions être séparés, comme en Coupe du monde, mais on est dans la même bulle ici. On peut donc continuer à se voir, à se parler. Les deux, ce sont nos premiers jeux, alors on vient ici pour l'expérience. »

Pas question toutefois pour les deux tourtereaux de mettre à risque leurs coéquipiers

« On garde nos masques! Je suis co-chambreuse avec Cendrine, alors je ne veux pas la mettre à risque. »

Bouffard-Nesbitt, qui a obtenu son billet pour la Chine à la suite d'une réallocation des quotas par la FIS, se rappelle quant à elle y avoir rêvé toute jeune.

« C'est un rêve depuis que j'ai 8 ou 10 ans, c'était surréaliste (quand j'ai appris ma sélection). (?) Ce sont deux mondes dans ma tête. Il y a les Jeux que j'ai toujours imaginés et ceux que je vis en ce moment. Ceux que j'imaginais quand j'avais 10 ans, c'est bien de le vivre. Ça valait le coup de croire en moi. C'est une sensation bien plaisante. »