BOKWANG, République de Corée - L'entraîneur-chef de l'équipe canadienne de ski cross Stanley Hayer s'est souvenu, vendredi, après le doublé historique de Kelsey Serwa et Brittany Phelan du moment précis où il a réalisé que la Québécoise pouvait réaliser un coup d'éclat. C'était à Saas-Fee, en Suisse, l'été dernier.

« Nous devions travailler des aspects techniques avec elle, et nous tentions juste de trouver de la neige pendant l'été, s'est souvenu Hayer, que La Presse canadienne a rencontré quelques minutes après l'exploit au Parc à neige Phoenix. Puis, après quelques descentes, les choses sont tombées en place. Et à partir du moment où tu commences à comprendre la dynamique du ski cross et les dépassements que tu dois effectuer, alors tout devient plus simple. »

Mais voilà, l'homme âgé de 44 ans ne s'attendait tout simplement pas à ce que son éclosion se produise aux Jeux de PyeongChang, où Phelan a obtenu la médaille d'argent à sa première participation en ski cross aux Olympiques.

Car avant d'en arriver à un résultat aussi éclatant, la skieuse âgée de 26 ans a été confrontée à de nombreux obstacles au fil de sa carrière sportive, dont une 15e place en slalom aux Jeux de Sotchi en 2014 qui l'a contrainte à tout remettre en question.

« Vous savez, passer si près de connaître une grande carrière en ski alpin, avant de repartir à zéro en ski cross - je crois qu'elle adore ce sport -, ça prend beaucoup de courage, a d'abord souligné Hayer.

« Sa transition vers le ski cross a été difficile. Elle a une tête de cochon, vous savez, a-t-il poursuivi en riant. Elle veut bien faire, et ce que j'ai dû modifier c'est son approche de la compétition, qui s'apparentait beaucoup trop à celle des skieurs alpins.

« Tu dois apprendre de nouvelles choses (en ski cross), et ça peut prendre parfois trois, quatre ou cinq ans pour y parvenir. Mais 'Brit' n'était pas la seule comme ça; Kevin Drury en est un autre bel exemple chez les hommes, a souligné Hayer. Et cette année, à Saas-Fee (pendant le camp d'entraînement), ç'a cliqué. »

Selon l'ex-athlète qui a représenté la République tchèque en ski cross à la suite d'un différend avec les dirigeants du programme national au tournant des années 2000, Phelan doit encore peaufiner certains aspects de son sport avant d'aspirer aux grands honneurs.

« Ça lui arrive encore à l'occasion (de se retrouver sur les talons après un saut), il faut le reconnaître, a-t-il souligné. 'Brit' manque encore un peu de constance à ce niveau-là, mais aujourd'hui elle est parvenue à offrir quatre descentes irréprochables.

« C'est un moment charnière dans sa carrière; sa dernière descente aujourd'hui a probablement été sa meilleure à vie. Elle se souviendra longtemps de cette journée-ci », a assuré Hayer.

D'ailleurs, la principale intéressée peinait à réaliser ce qui venait de lui arriver. Après deux saisons en dents de scie en 2015 et 2016, elle a enfin obtenu son premier podium en carrière sur le circuit de la Coupe du monde à Arosa, en Suisse, où elle a terminé troisième, le 12 décembre dernier.

« Je n'aurais jamais cru me retrouver sur ce podium aux Olympiques. Je savais que je représentais un espoir en ski cross - quand j'ai pris la décision de faire le changement, je savais que j'avais beaucoup de choses à travailler pour être parmi l'élite -, mais aujourd'hui ça prouve que j'ai pris la bonne décision », a mentionné l'athlète originaire de Sainte-Agathe-des-Monts, rayonnante.

L'avenir pourrait donc réserver de belles surprises à Phelan. Et qui sait, après Ashleigh McIvor en 2010, Marielle Thompson en 2014 et Serwa en 2018, peut-être que Phelan poursuivra la série de succès des Canadiennes en ski cross aux Jeux de Pékin en 2022?

« Si 'Brit' accepte de nous offrir quatre autres années, je crois que nous pourrons développer encore davantage son potentiel, et que ce sera une aventure mémorable en Chine », a conclu Hayer, avant d'accorder une série d'entrevues aux médias tchèques.