MONTRÉAL - Dans l'ombre des Jeux olympiques de Tokyo, un autre événement de taille entraîne son lot de défis au sein des Comités olympique et paralympique canadiens.

À un an de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques d'hiver de Pékin, le COC et le CPC ont indiqué dans une lettre ouverte envoyée à la presse jeudi qu'ils ne préconiseront pas le boycottage de cet événement sportif comme le demandent plusieurs groupes de pression.

Cette décision survient alors que d'importantes tensions persistent entre le Canada et le gouvernement chinois, notamment dans l'affaire de l'arrestation de la dirigeante de l'entreprise Huawei Meng Wanzhou, qui a provoqué l'incarcération des Canadiens Michael Kovrig et Michael Spavor en Chine il y a plus de deux ans.

« Le Comité olympique canadien (COC) et le Comité paralympique canadien (CPC) ne minimisent pas ce qui se passe en Chine. Cependant, un boycottage n'est pas la solution. Nous croyons plutôt que les intérêts de tous les Canadiens et de la communauté mondiale progresseront davantage grâce aux compétitions et par la célébration des performances et des valeurs canadiennes sur la scène olympique et paralympique », pouvait-on lire dans la lettre cosignée par le chef de la direction et secrétaire général du COC, David Shoemaker, et la directrice générale du CPC, Karen O'Neill.

« Face aux seules options qui s'offrent à nous, soit d'aller aux Jeux ou de ne pas y aller, notre approche est d'être présents et de participer à la conversation », a-t-on ajouté.

La décision du COC de participer aux Jeux olympiques de Pékin l'hiver prochain ne plaira toutefois pas à tout le monde.

Mercredi, une coalition de 180 groupes de défense des droits humains - dont certains sont canadiens – a appelé au boycott des Jeux de Pékin en raison des violations des droits humains contre les minorités ethniques en Chine. La coalition est composée de groupes représentant les Tibétains, les Ouïghours, les Mongols intérieurs, les résidents de Hong Kong et bien d'autres.

La cérémonie d'ouverture des Jeux de Pékin doit avoir lieu dans un an, le 4 février 2022, même si la pandémie de coronavirus risque d'être toujours d'actualité à ce moment-là.

Le COC est convaincu de la tenue des JO de Tokyo

Un autre grand chantier auquel le COC doit s'attaquer simultanément de front avec les préparatifs pour les Jeux de Pékin, c'est évidemment la participation du pays aux Jeux de Tokyo dans moins de six mois.

Mercredi, le comité organisateur des Jeux de Tokyo et le Comité international olympique (CIO) ont dévoilé les premières lignes de leur plan pour assurer la tenue de l'événement. Ils ont présenté un « guide » qui détaille comment les 15 400 athlètes entreront, et sortiront, du Japon, en vue de la cérémonie d'ouverture des Jeux de Tokyo, le 23 juillet, et de celle des Jeux paralympiques un mois plus tard.

Ce guide vise à rassurer les athlètes, et à persuader les Japonais que les JO devraient avoir lieu.

Le chef des sports du COC, Erik Myles, est d'ailleurs convaincu que les JO de Tokyo auront lieu, tel que prévu, réfutant ainsi la nouvelle sortie en janvier dans le Times de Londres, qui mentionnait que des discussions avaient lieu au sein du comité organisateur dans le but de les annuler.

« Cette nouvelle-là nous a un peu pris par surprise, comme tout le monde, ce qui démontre le non-fondé de celle-ci, a évoqué Myles en visioconférence avec La Presse Canadienne. Au contraire, nous continuons tous à avancer, nous venons de recevoir le 'playbook', avec un plan détaillé, et donc il n'y a absolument rien qui a reculé. Nous demeurons optimistes. »

Ne pas se fier sur la disponibilité du vaccin

L'autre éléphant dans la pièce concerne l'opération de vaccination des athlètes olympiques et paralympiques, en vue des JO de Tokyo.

L'influent membre canadien du CIO Richard Pound a récemment défrayé les manchettes sur la planète en déclarant que les athlètes devraient être priorisés, afin qu'ils puissent servir de modèles pour la population canadienne.

Or, le COC a rapidement indiqué qu'il n'adhérait pas à ce point de vue, en précisant que les athlètes seront vaccinés en même temps que le reste de la population canadienne. Les représentants du COC et du CPC ont d'ailleurs tenu à minimiser l'importance du vaccin, pour désamorcer en quelque sorte la situation.

L'enjeu est d'autant plus sensible dans un contexte de rareté des doses de vaccin contre la COVID-19, d'un bout à l'autre du pays.

« Je suis conscient que l'emphase est mise sur le vaccin, mais il faut garder à l'esprit que ce n'est qu'un élément du scénario. Le scénario est beaucoup plus large que ça. Vaccin, ou pas vaccin, nous avons un plan beaucoup plus complet qui fera que nous serons capables de participer aux Jeux de Tokyo », a d'abord expliqué Myles.

« Il y a aussi la composante des athlètes paralympiques; certains d'entre eux ont un système immunitaire fragile, donc ils seraient considérés comme faisant partie de la population vulnérable, a souligné Martin Richard, le directeur des communication du CPC. Notre priorité, au CPC, c'est donc de nous assurer que lorsque l'opportunité se présentera à eux, alors ils pourront la saisir.

« Sauf qu'en ce moment, le scénario qu'on préconise, c'est celui où aucun athlète ne recevra le vaccin (d'ici aux JO de Tokyo), ce qui signifie qu'on devra mettre des mesures en place pour assurer leur sécurité, sans compromis », a ajouté Richard.

Enfin, Myles n'a pas caché que le COC songeait à une éventuelle candidature conjointe de Montréal et Toronto pour l'obtention de Jeux d'été, quelque part entre 2032 et 2040. Il a cependant admis que le projet, très embryonnaire, ne figurait pas dans les priorités de l'organisation.

« Nous sommes extrêmement conscients de la situation actuelle (avec la pandémie), par contre, c'est là le plus important, il faut explorer le potentiel dans les années 30 ou 40. Mais pour l'instant, il n'y a aucune décision, aucun risque à prendre. Est-ce utopique? Je ne sais pas, mais il n'y a aucune règle qui l'interdit. Moi, je crois simplement que nous faisons notre travail correctement en regardant toutes les avenues possibles, et avec le temps, pas immédiatement, des décisions pourraient être prises », a-t-il conclu.