TOKYO - Caileigh Filmer et Hillary Janssens voulaient que ça fasse mal.

Elles avaient besoin que ça fasse mal.

Alors qu'elles étaient à bout de souffle et qu'elles ramaient de toutes leurs forces pour que leur embarcation franchisse la ligne d'arrivée, les deux Canadiennes savaient que toute cette douleur dans leurs bras et leurs jambes - sans compter toute celle accumulée lors des cinq dernières années - finirait par payer.

Et lorsque le moment tant attendu est arrivé et que les résultats ont été affichés au tableau, Janssens, complètement épuisée, s'est effondrée sur les jambes de Filmer, tout autant à court d'énergie, sachant que les efforts avaient porté leurs fruits.

Le duo formé canadien a décroché la première médaille du Canada en aviron aux Jeux de Tokyo. La paire a raflé le bronze en deux de pointe féminin sans barreur.

Les deux Britanno-Colombiennes, Filmer de Victoria et Janssens de Surrey, ont réussi à monter sur le podium grâce à un chrono de six minutes et 52,10 secondes.

« Nous devions utiliser toute notre forme physique dans les 1000 premiers mètres, a souligné Filmer. Et pour la deuxième moitié de l'épreuve, nous devions ramer avec notre coeur. Je suis tellement fière. »

Championnes du monde en 2018, les Canadiennes ont fini derrière les Néo-Zélandaises Grace Prendergast et Kerri Gowler (6:50.19) qui ont remporté l'or, ainsi que les athlètes du comité olympique russe Vasilisa Stepanova et Elena Oriabinskaia (6:51.45) qui ont remporté l'argent.

La médaille remportée par Filmer et Janssens est la première remportée par un duo canadien à cette épreuve depuis celle de Marnie McBean et Kathleen Heddle, qui avaient gagné l'or à Barcelone en 1992.

Heddle a perdu la vie à l'âge de 55 ans en janvier après une bataille contre le cancer, tandis que McBean est la chef de mission du Canada à Tokyo.

« C'est tellement spécial, a reconnu Janssens. Surtout à la mémoire de Kathleen, quand je pense à sa famille? Et avec Marnie qui est ici. J'espère qu'elle a regardé la course et qu'elle est fière. »

L'embarcation canadienne menait l'épreuve après 500 et 1000 mètres, puis elle a été reléguée au deuxième rang à 250 mètres du fil d'arrivée. Filmer et Janssens ont toutefois réussi à tenir bon malgré une poussée des Britanniques pour remporter le bronze.

Il s'agissait de la 10e médaille gagnée par le Canada à Tokyo et de la cinquième de bronze. L'unifolié a aussi décroché deux médailles d'or et trois d'argent.

« Je ne me souviens pas de tout, a confié Janssens, âgée de 27 ans. Tout ce que je voyais, c'était le bateau britannique. Je savais que les Néo-Zélandaises avaient un peu d'avance sur nous.

« Donc nous devions rester dans notre couloir et utiliser toute l'énergie qu'il nous restait, parce que c'est pour ça qu'on s'est entraînées. »

Un peu plus tôt, la paire masculine formée de Conlin McCabe et Kai Langerfeld avait pris le quatrième rang dans la finale du deux de pointe sans barreur. Les courses sont disputées sur 2000 mètres dans le Canal de la forêt de la mer.

« Nous avons tout donné, a assuré McCabe. C'est comme si notre bateau volait sous nous. Nous avions un bon rythme et nous allions vite malgré les conditions. Quand nous avons franchi la ligne d'arrivée, je ne m'en suis même pas rendu compte. Je me suis dit que nous avions peut-être réussi.

« Ce n'est que lorsque les résultats sont apparus que j'ai vu que nous avons tout juste raté (le podium). »

 

Le huit de pointe féminin canadien doit prendre part à la finale de la discipline vendredi avec pour objectif de décrocher l'or.

Les rameurs canadiens espèrent rebondir après une performance désastreuse aux Jeux de Rio, en 2016, alors qu'ils n'avaient obtenu qu'une seule médaille.

Dix embarcations canadiennes se sont qualifiées pour Tokyo, le plus grand nombre depuis les Jeux d'Atlanta en 1996. On compte également une première équipe paritaire dans l'histoire olympique canadienne.