Un colosse aux souliers d'argile? Les États-Unis, forts d'une impressionnante armada offensive avec notamment Kevin Durant et Damian Lillard, briguent un 4e sacre olympique consécutif aux Jeux de Tokyo, mais la COVID, entre autres péripéties, est venu plomber leur préparation.

Team USA, avec son contingent de vedettes de la NBA, est légitimement favori pour remporter l'or. Mais une réelle concurrence se dressera face à elle, avec l'Espagne championne du monde en titre, l'Argentine et l'Australie, sans oublier la France qui avait été son bourreau (89-79) en quart de finale de cette compétition en 2019 en Chine, voire la Slovénie du prodige Luka Doncic.

L'expérimenté entraîneur Gregg Popovich, un des premiers à s'être entouré de techniciens étrangers aux San Antonio Spurs, en a d'ailleurs convenu mercredi lors d'un point presse. « Il y a de plus en plus de grands joueurs dans le monde entier chaque année, ils jouent en NBA et reviennent dans leur pays pour défendre leurs couleurs. Ça rend les choses plus concurrentielles. Il faut respecter ces adversaires », a-t-il prévenu.

Il faut dire que Pop a lui-même été victime de cette spectaculaire réduction d'écart entre les Américains et le reste du monde. Bien avant la désillusion vécue il y a deux ans face aux Bleus, il avait connu celles du Mondial-2002 (6e) et des JO-2004 (3e), alors qu'il était adjoint, chaque fois.

Pas à 100 %

Alors pour tenter d'enfin ajouter un titre international à son palmarès déjà pléthorique en NBA (quatre titres de champion), il a sélectionné un groupe armé offensivement avec Durant, qui était déjà des deux sacres à Londres-2012 et Rio-2016, Lillard, mais également Jayson Tatum. De quoi faire oublier les absences notables de LeBron James, Stephen Curry ou encore James Harden.

Sur papier, Team USA a de quoi intimider, mais cela ne s'est pas vraiment vérifié au cours de sa préparation, soldée par deux revers inattendus face au Nigeria et à l'Australie, suivis de deux victoires rassurantes aux dépens de l'Argentine et l'Espagne.

Surtout, c'est l'irruption de la COVID dans le groupe qui a fait des dégâts, puisque Bradley Beal a dû déclarer forfait, tout comme l'intérieur Kevin Love, blessé au mollet droit.

Cas contact, l'arrière Zach LaVine n'a rejoint l'équipe au Japon que jeudi. Et si Popovich espère le faire jouer dimanche pour l'entrée en lice contre la France, il composera vraisemblablement avec une rotation à neuf joueurs puisque Khris Middleton, Jrue Holiday, sacrés champions NBA mardi avec Milwaukee, et Devin Booker, finaliste malheureux, n'arriveront que samedi au Japon.

Ce sont donc des Américains loin d'être à 100 % qui vont entrer dans la compétition face aux Bleus et leur colonie de joueurs NBA (Rudy Gobert, Nicolas Batum, Evan Fournier, Timothé Luwawu-Cabarrot, Frank Ntilikina), avec évidemment un sentiment de revanche, avant d'enchaîner dans le groupe A contre la surprenante République Tchèque, issue du tournoi de qualification, et l'Iran.

Doncic pourvoyeur de spectacle

Une défaite inaugurale serait évidemment du plus mauvais effet, mais pas non plus préjudiciable pour atteindre les quarts de finale, puisque les deux premiers de chaque groupe et les deux meilleures troisièmes se qualifieront.

« Tout le monde veut nous voir perdre, chaque match apporte un peu plus de pression, nos adversaires prennent confiance... Mais on sait dans quoi nous sommes engagés », a dit à ce sujet Kevin Durant, qui n'en demeure pas moins le seul rescapé, avec l'ailier Draymond Green, de la campagne de Rio, les 10 autres membres de l'équipe découvrant le contexte d'une compétition internationale.

Tout le contraire de deux pivots vétérans qui aimeraient un peu plus entrer dans l'histoire de leur sélection: l'Espagnol Pau Gasol et l'Argentin Luis Scola qui disputeront leurs cinquièmes JO à 41 ans, avec l'ambition d'enfin décrocher l'or pour le premier et d'ajouter un deuxième sacre (après 2004) pour le second.

Mais celui qui pourrait bien leur voler la vedette, ainsi qu'aux Américains, pourrait bien être un jeunot de 22 ans nommé Luka Doncic, dont les tours de magie sont garants d'un spectacle qui fait le bonheur de la NBA depuis deux ans.