La Corée du Nord ne participera pas aux Jeux olympiques
Jeux olympiques lundi, 5 avr. 2021. 20:22 jeudi, 12 déc. 2024. 07:42SÉOUL, Corée du Sud - La Corée du Nord ne participera pas aux Jeux olympiques de Tokyo cet été en raison des risques d'infection au coronavirus, une annonce faite mardi qui achève les espoirs sud-coréens de mettre à profit les JO pour relancer des pourparlers avec Pyongyang.
Lors d'une réunion, le comité national olympique nord-coréen « a décidé de ne pas participer aux 32e Jeux olympiques afin de protéger les athlètes de la crise sanitaire mondiale causée par la COVID-19 », a fait savoir le service de communication du ministère des Sports de Pyongyang.
Un porte-parole du Comité international olympique a déclaré à l'AFP qu'il n'avait « reçu aucune demande officielle du comité national olympique de Corée du Nord pour être libéré de son obligation ».
Le porte-parole a ajouté que « malgré plusieurs demandes », le CNO de Corée du Nord n'avait pas été en mesure d'organiser une conférence téléphonique pour discuter des risques posés par la pandémie.
La participation de la Corée du Nord, puissance nucléaire isolée du reste du monde, aux derniers JO d'hiver à Pyeongchang, en Corée du Sud, avait été un facteur décisif dans le spectaculaire rapprochement diplomatique intervenu en 2018.
Kim Yo Jong, soeur du leader nord-coréen Kim Jong Un, avait assisté aux Jeux en tant qu'envoyée de son frère, et la participation nord-coréenne avait été entourée d'une grande publicité.
Le président sud-coréen Moon Jae-in avait alors saisi l'opportunité pour entreprendre une médiation entre Pyongyang et Washington qui avait débouché sur des sommets historiques entre M. Kim et le président américain Donald Trump.
Pourparlers à l'arrêt
Mais l'annonce faite mardi par Pyongyang met un terme aux espoirs de Séoul d'utiliser les Jeux de 2020, reportés à cet été en raison de la pandémie de coronavirus, pour susciter une relance du processus de discussion entre Pyongyang et Washington, à l'arrêt depuis l'échec d'un sommet Kim-Trump à Hanoï en février 2019.
Le président Moon avait formulé clairement ses intentions le 1er mars dans son discours pour la fête nationale de l'indépendance de la Corée du Sud. « Les Jeux olympiques de Tokyo qui se tiennent cette année pourraient être une opportunité pour des dialogues entre la Corée du Sud et le Japon, le Nord et le Sud, la Corée du Nord et le Japon, et la Corée du Nord et les États-Unis ».
L'annonce du renoncement de Pyongyang, datée de lundi, a été publiée mardi sur le site web du ministère des Sports. Elle fait référence à une réunion du comité national olympique nord-coréen du 25 mars.
Le ministère sud-coréen de l'Unification s'est déclaré mardi « désolé que la situation due à la COVID » empêche les Jeux de Tokyo d'être « une opportunité pour faire avancer la paix dans la péninsule coréenne ».
À Tokyo, le principal porte-parole du gouvernement, Katsunobu Kato, a déclaré que les autorités japonaises surveillaient les informations à ce sujet et s'efforçaient d'améliorer la situation, en prenant notamment « des contre-mesures de lutte contre l'infection, afin que de nombreux pays et régions puissent participer aux Jeux de Tokyo ».
Mais un analyste sud-coréen a estimé que le coronavirus n'était probablement pas la seule raison de la décision nord-coréenne de non-participation aux Jeux.
« Pyongyang semble protester contre la politique du Japon envers la Corée du Nord, car des questions sensibles comme les droits de l'homme et les sanctions ont été soulevées à Tokyo de concert avec les États-Unis », a déclaré à l'AFP Yang Moo-jin, professeur à l'Université d'Etudes nord-coréennes de Séoul.
La Corée du Nord est frappée par de nombreuses sanctions internationales en raison de ses programmes d'armement nucléaire et de missiles prohibés par des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU.
Elle est plus isolée que jamais depuis qu'elle a instauré il y a plus d'un an une très stricte fermeture de ses frontières afin de se protéger du coronavirus apparu initialement en Chine, dont elle est limitrophe, avant de se propager dans le monde entier.
Pyongyang déclare ne pas avoir de cas de Covid-19 sur son territoire. Des experts mettent cette affirmation en doute.
« Voyou »
L'administration du président américain Joe Biden, arrivé au pouvoir en janvier, dit être dans la phase finale de l'examen de sa future politique à l'égard de la Corée du Nord. On s'attend à ce que les responsables américains favorisent une reprise des pourparlers à un niveau peu élevé plutôt que des sommets spectaculaires aux enjeux importants.
Pendant la campagne électorale américaine, M. Biden a traité Kim Jong Un de « voyou » et a critiqué les sommets entre lui et Donald Trump, qu'il a accusé d'avoir ainsi légitimé un des dirigeants les plus impitoyables de la planète. Mais M. Biden a aussi dit qu'il était ouvert à la diplomatie.
Le président américain a par ailleurs averti la Corée du Nord qu'il y aurait des conséquences à toute violation des résolutions du Conseil de sécurité.
Sa mise en garde est intervenue après le test par les forces nord-coréennes de deux exemplaires d'un engin considéré par les responsables américains comme un missile balistique, une catégorie d'arme interdite à Pyongyang par l'ONU.
Comme les relations avec les États-Unis, les relations entre les deux Corées sont à l'arrêt. Le pouvoir de Pyongyang a déclaré plusieurs fois dernièrement qu'il n'était pas intéressé à parler avec Séoul.