Le Kenya veut être des JO de 2026 en curling
Jeux olympiques mercredi, 9 févr. 2022. 02:09 vendredi, 13 déc. 2024. 19:25Nation incontournable des Jeux olympiques d'été grâce notamment à l'athlétisme, le Kenya est beaucoup plus discret aux JO d'hiver avec seulement deux représentants dans son histoire, mais il rêve d'envoyer une équipe de curling aux JO-2026 malgré bien des obstacles.
Le manque de glace, dans ce pays africain au climat équatorial, n'est pas le moindre obstacle sur la route des prochains Jeux d'hiver qui auront lieu à Milan et Cortina, en Italie.
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L'unique patinoire du pays a dû fermer à cause de la pandémie de coronavirus. L'équipe nationale, formée en octobre 2021, a alors improvisé en s'entraînant, non pas avec les fameuses pierres de granit qui lèchent la glace, mais des ersatz à roulettes lâchés sur le sol d'un gymnase...
Aller aux Jeux de Milan, « c'est un grand pas, mais comme on est le deuxième pays africain seulement à jouer au curling, ça peut nous donner une chance de nous qualifier pour les Jeux olympiques d'hiver de 2026 », affirme la présidente de la Fédération kényane de curling (KCF), Laventer Oguta.
« Mais ça dépendra de notre préparation et du soutien du gouvernement. »
Le Kenya, affilié à la Fédération internationale (WCF) depuis février 2021, est le deuxième pays du continent après le Nigeria à s'intéresser ainsi au curling. La président de la WCF, Kate Caithness, avait alors considéré cette inscription comme « une grande réussite pour le Kenya et l'Afrique », estimant que cela allait « motiver d'autres membres africains ».
Victoire contre le Danemark
Lavender Oguta reconnaît que la Fédération internationale a émis quelques doutes quant à la viabilité de ce sport au Kenya.
La KCF a été handicapée par le Covid, l'absence de lieu d'entraînement et le manque de moyens, au point d'avoir eu recours à une levée de fond participative afin de pouvoir s'entraîner à l'étranger en vue des Championnats Pacifique-Asie de novembre.
Deux membres de l'équipe ont finalement réussi à se rendre aux États-Unis en janvier, pour un mois, afin de pouvoir éprouver la sensation de s'entraîner sur de la glace.
La sélection nationale n'a pour l'heure disputé qu'une rencontre internationale, un amical remporté 7-5 face au Danemark, en octobre, dans un gymnase de Nairobi, avec les palets à roulettes.
Et le manque d'entraîneurs et de matchs contre d'autres équipes amène celle du Kenya à apprendre les ressorts de son sport en visionnant des vidéos en ligne.
Malgré les difficultés, ce sport a attiré un bon millier de personnes, si l'on en croit la KCF, certaines venant d'autres disciplines comme le football ou le rugby. Avec en filigrane le rêve de suivre les traces des deux seuls Kényans à avoir participé à des Jeux d'hiver, le fondeur Philip Boit (JO-1998) et la skieuse alpine Sabrina Simader (JO-2018).
Horizon totalement nouveau
« Le défi d'amener un sport d'hiver au Kenya me motive. Cela ouvre un horizon totalement nouveau puisqu'on ne connaît pas l'hiver », avance Laventer Oguta.
Cette femme de 33 ans aime convoquer les horizons nouveaux. Celle qui n'avait pu participer aux JO de Rio en 2016 avec l'équipe de rugby à VII en raison d'une blessure à un genou, a aussi promu l'implantation dans son pays du kabaddi, et elle est d'ailleurs la vice-présidente de la fédération internationale de ce sport de contact d'origine indienne.
Haggai Odhiambo Zuma, ancien gardien de but de football en première division, a aussi pratiqué kabaddi et rugby, avant de passer au curling.
« Le Kenya est une nation naturellement portée vers le sport. Nous avons potentiellement de grandes chances de ramener des médailles des Jeux d'hiver grâce au curling si le gouvernement investit dans les installations de glace et aide les joueurs à s'entraîner à l'étranger », estime-t-il.
Anne Kariuki, vendeuse à la retraite reconvertie en chauffeur VTC, a, elle, commencé le curling pour le plaisir, mais espère désormais représenter son pays aux prochains JO d'hiver.
« J'aime beaucoup jouer au curling. C'est un sport pour tout le monde, quel que soit votre âge », déclare cette quinquagénaire.
« Je n'ai pas eu la chance de concourir pour le Kenya au niveau international en athlétisme, donc j'ai hâte de voir le Kenya affronter les meilleures nations et participer aux prochains Jeux olympiques », espère-t-elle.