TOKYO - La controverse entourant Yoshiro Mori serait sur le point de connaître son dénouement.

L'agence de presse du Japon, Kyodo, et d'autres médias du pays - citant des sources au fait de la situation - ont rapporté jeudi que Mori serait sur le point de démissionner de son poste de président du comité organisateur des Jeux olympiques de Tokyo.

La décision serait attribuable aux commentaires sexistes qu'il a émis au sujet des femmes il y a un peu plus d'une semaine, qui ont provoqué un rare débat public sur l'égalité des sexes au Japon. Cette tempête a également été déclenchée à un peu plus de cinq mois de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Tokyo.

Une décision devrait être formellement annoncée vendredi, lorsque l'exécutif du comité organisateur se réunira. L'exécutif du comité organisateur est composé essentiellement d'hommes, qui occupent aussi la plupart des postes de direction des opérations quotidiennes.

Lors d'une visioconférence impliquant les directeurs du comité organisateur il y a un peu plus d'une semaine, Mori, qui est âgé de 83 ans, aurait déclaré - selon le quotidien Asahi Shimbun - que les femmes parlent trop lors des réunions. Ses commentaires ont provoqué un tollé au Japon, où la représentativité féminine est plutôt timide au sein des conseils d'administration et du gouvernement.

Mori, un ex-premier ministre du Japon reconnu pour ses écarts de conduite, s'est ensuite excusé pour ses propos, tout en refusant de démissionner.

C'est un autre problème qui secoue les Jeux olympiques de Tokyo, tandis que le comité organisateur et le CIO tentent de les présenter en pleine pandémie de coronavirus. Ceux-ci doivent commencer le 23 juillet 2021, et mettre en scène 11 000 athlètes olympiques, et environ 4400 athlètes paralympiques un mois plus tard.

Un sondage a révélé que 80 % des Japonais croient qu'il serait préférable de reporter ou d'annuler carrément les JO de Tokyo.

Les commentaires sexistes de Mori ont mis le feu aux poudres dans plusieurs sphères de la société japonaise, et ont mis en lumière le retard du pays - l'une des puissances mondiales - au niveau de la représentativité des femmes en politique et au sein des conseils d'administration. Le Japon pointe au 121e échelon sur 153 pays membres du Forum économique mondial au chapitre de l'égalité des sexes.

Une partie de la population a également demandé sa démission - des centaines de volontaires aux Jeux olympiques de Tokyo ont indiqué qu'ils quitteraient leurs fonctions -, bien que la plupart des décideurs du pays ont refusé d'adhérer à cette position, préférant plutôt condamner ses remarques.

Le Japon est un pays dont la gestion repose essentiellement sur le consensus entre politiciens - souvent des hommes âgés -, qui discutent en coulisses et misent surtout sur des ballons sondes pour connaître l'opinion de la population.

Son remplaçant serait Saburo Kawabuchi, un ex-président de l'Association japonaise de soccer âgé de 84 ans.