JO sécuritaires : le public ne croit pas le CIO
Jeux olympiques vendredi, 21 mai 2021. 10:46 jeudi, 12 déc. 2024. 23:39TOKYO - Le Comité international olympique (CIO) met fin vendredi à ses sessions de planification avec le Comité organisateur des Jeux de Tokyo deux mois à peine avant l'ouverture de Tokyo 2020. La majeure partie de leurs travaux porte sur la persuasion du public et de la communauté médicale, qui estiment que les JO ne devraient pas avoir lieu.
« Nous avons beaucoup à faire au cours des trois prochains jours », avait déclaré le vice-président du CIO John Coates, mercredi, à l'ouverture de cette session.
Le noeud du problème? De 60 à 80% de la population japonaise, selon la façon dont est posée la question dans les différents sondages, ne veulent pas des Olympiques en plein coeur de la pandémie, malgré l'assurance des organisateurs qu'ils sécuritaires.
Les Jeux de Tokyo ont déjà été repoussés d'un an en raison de la COVID-19.
Rien ne laisse croire pour l'instant que les Jeux seront annulés. Le CIO a répété en maintes occasions qu'ils auront lieu.
Mais le Montréalais et membre du CIO Richard Pound, dans une interview avec l'agence nippone Jiji Press, a affirmé qu'il restait encore un mois avant d'arriver à la date butoir pour une annulation.
« Vous devez le savoir avant la fin de juin », cite Jiji. Pound a répété, comme l'a assuré le CIO, que si les Jeux ne peuvent avoir lieu cette année, ils seront annulés et non repoussés de nouveau.
Kaori Yamaguchi, médaillée de bronze en judo aux Jeux de 1988 et membre du Comité olympique japonais, a laissé entendre dans un entretien avec l'agence Kyodo cette semaine que les organisateurs sont acculés au mur. Elle doute qu'on puisse aller de l'avant, mais dit aussi « que nous en sommes arrivés à un point où nous ne pouvons plus annuler ».
Tokyo, Osaka et plusieurs autres préfectures se trouvent en état d'urgence et le système de santé est sollicité au-delà de sa capacité maximale. Les mesures d'urgence doivent prendre fin le 31 mai, mais elles pourraient être prolongée plus près encore de la date de l'ouverture des Olympiques, le 23 juillet.
« Si la situation actuelle perdure, j'espère que le gouvernement aura la sagesse de ne pas mettre fin à l'état d'urgence à la fin de main », a déclaré Haruo Ozaki, président de l'Association médicale de Tokyo au magazine Aera.
Ozaki a constamment affirmé que les mesures prises par le gouvernement pour contrer la pandémie étaient insuffisantes. Le Japon compte environ 12 000 décès attribués au virus. La situation est exacerbée dû au fait que peu de Japonais ont reçu leurs deux doses du vaccin.
Selon Ozaki, si les mesures d'urgence ne sont pas prolongées, le virus et ses variants se propageront encore plus rapidement.
« Si cela arrive, il y aura une éclosion majeure et il est possible qu'on perde tout espoir d'organiser les Jeux », a-t-il dit.
Ozaki n'est pas le seul à tenir ce discours.
L'Association des médecins de Tokyo, forte de 6000 membres, a demandé l'annulation des JO dans une lettre envoyée au premier ministre, Yoshihide Suga, à la gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike, à la ministre des Jeux olympiques, Tamayo Marukawa, ainsi qu'à la présidente du comité organisateur, Seiko Hashimoto.
« Nous croyons que le bon choix est celui d'annuler un événement qui a le potentiel de faire augmenter le nombre de gens infectés et le nombre de décès », lit-on dans cette lettre.
L'organisateur de la campagne « Stop Tokyo Olympics », Kenji Utsunomiya, souhaite présenter vendredi une pétition de 375 000 signatures aux organisateurs et au premier ministre. Il l'a remise plus tôt à la gouverneure Koike.
Le président du CIO, Thomas Bach, au courant des pressions subies par le système médical nippon, a déclaré mercredi que les comités olympiques nationaux pourraient fournir du personnel médical supplémentaire pour aider le Japon.
Il n'a pas donné plus de détails, mais cette décision ajouterait au fardeau de ces comités nationaux, dont plusieurs ont du mal à respecter les échéanciers pour inscrire une délégation aux Jeux de Tokyo.
Bach a dû annuler une visite au Japon ce mois-ci en raison du virus, mais il devrait arriver en juillet, quelques jours seulement avant le début des JO.