SOTCHI, Russie - On soupçonne Max Pacioretty de conter un petit mensonge quand il affirme qu'il ne dévoilera aucun secret à ses coéquipiers américains au sujet de Carey Price, en vue de l'affrontement de vendredi entre les États-Unis et le Canada, en demi-finale du tournoi olympique de hockey des Jeux de Sotchi.

L'attaquant du Canadien a été fort élogieux, presque trop, à l'endroit de son coéquipier gardien, jeudi, après la séance d'entraînement des Américains.

«Je me demande dans quelle mesure je peux être utile, a-t-il argué. Carey est l'un des meilleurs gardiens au monde. Il connaît une saison phénoménale avec nous, dans la Ligue nationale. Comme pour tous les bons gardiens, l'aspect important c'est de ne pas lui permettre de bien repérer la rondelle en lui obstruant la vision.»

Et si jamais le match doit nécessiter la séance de tirs de barrage, Pacioretty a dit qu'il n'interviendra également pas question de ne pas créer de confusion chez ses coéquipiers.

«Au bout du compte, il est dur à battre et il n'y a pas grand-chose qu'on puisse faire», a-t-il tranché.

On aurait dit que le mot d'ordre au sein de l'équipe américaine de hockey, jeudi, était d'encenser l'équipe canadienne.

«Le Canada est une équipe incroyable, a affirmé l'ailier Patrick Kane. Vous voulez l'affronter en cours de route vers l'obtention de la médaille d'or pour dire que vous avez battu les meilleurs.»

On ne faisait pas de cas des problèmes à l'attaque des Canadiens parce qu'«ils peuvent exploser à tout moment», comme l'a souligné le défenseur Kevin Shatterkirk.

L'entraîneur Dan Bylsma a été plus explicite: «Les difficultés du Canada, ça ne veut plus rien dire. Ce sera une affaire de 60 minutes, d'un seul but d'écart. On l'a vu aux Jeux de Vancouver, ç'a été l'affaire d'un but. Sidney Crosby l'a marqué en prolongation (en finale), et il a procuré la victoire au Canada. Dans ce genre de match, vous n'avez pas besoin d'un marqueur de 50 buts, ou de 100 points. Mais uniquement de gagner par un but.»

La plus grande rivalité

Si son homologue Mike Babcock n'a pas voulu élaborer au sujet de la rivalité qui s'est créée entre les deux nations, Bysma ne s'est pas fait prier.

«C'est rendu la plus grande rivalité du hockey. Pendant longtemps, le Canada a été dominant sur la scène internationale, aux Championnats mondiaux juniors. Les États-Unis lui donnent du fil à retordre depuis quelques années, particulièrement au cours des dernières années. On l'a vu à Salt Lake City en 2002 et à Vancouver en 2010. À mes yeux, il ne fait aucun doute que c'est la plus grande rivalité, la meilleure. Et nous assisterons au prochain chapitre vendredi.»

Bylsma s'est montré plus avare quand on l'a questionné au sujet de la stratégie qu'il déploiera afin de contrer les efforts du trio de Crosby.

«Le trio de David Backes va se voir confier une partie de la mission, et nous ferons appel aux services du défenseur Ryan Suter le plus possible. Mais on ne leur demandera pas de tout faire. Le Canada possède tellement de profondeur à l'attaque qu'on ne peut pas porter une attention particulière à un seul trio. Il y a aussi Ryan Getzlaf et Corey Perry, la liste est longue. Si vous ne ciblez que le trio de Crosby, vous négligerez neuf autres attaquants très talentueux, qui peuvent faire la différence», a expliqué Bylsma, heureux d'avoir dans sa manche l'avantage du dernier changement de joueurs aux arrêts de jeu.

L'équipe américaine mise sur le retour de 13 olympiens des Jeux de Vancouver, comparativement à 11 pour le Canada. Pour cette raison, Kane a soutenu que le groupe est amélioré et sa performance jusqu'à maintenant tend à lui donner raison.

«En arrivant en Russie, a mentionné Pacioretty, tout le monde a mis son égo de côté et était motivé à tout faire pour aider l'équipe à gagner. C'est l'explication de nos succès.»

Le très fébrile attaquant du CH, qui complète un trio avec Paul Stastny et T.J. Oshie, a admis qu'il aura des papillons au ventre, avant de sauter sur la glace vendredi.

«Il y a quatre ans, je me préparais à jouer un match avec les Bulldogs de Hamilton (dans la Ligue américaine) quand le Canada a vaincu les États-Unis, a-t-il relaté. J'étais plus nerveux juste à suivre l'action à la télévision que pour mon propre match. À ce moment-là, j'étais loin de me douter que j'aurais la chance de représenter mon pays. Je me considère très choyé.»

Contrairement à il y a quatre ans, Pacioretty souhaite se retrouver dans le camp des gagnants afin de ne pas être victime de quolibets à son retour chez le Canadien.

«J'ai plusieurs coéquipiers canadiens à Montréal, qui n'hésiteront pas à me taquiner si on perd. Carey est un fier compétiteur, comme moi. Mais j'aimerais bien être celui qui se paie la tête des autres pour les quatre prochaines années.»