Des sentiments mitigés m’habitent alors que débutent en Corée du Sud les 23es Jeux olympiques d’hiver de l’histoire. La ville de PyeongChang accueillera des milliers d’athlètes pendant un peu plus de deux semaines pour la plus grande fête sportive de la planète. Des dizaines de milliers de spectateurs suivront avec intérêt leurs performances et des centaines de millions d’autres en feront tout autant devant leur petit écran ou via les médias sociaux.

S’il est vrai qu’on peut difficilement nier l’importance de cet événement, il n’en demeure pas moins que nous sommes en droit de nous demander si la formule actuelle peut survivre sans des modifications drastiques!

Les membres du Comité olympique international (CIO) et tous ceux travaillant sur un dossier de candidature pour obtenir les Jeux vous diront qu’il s’agit d’un spectacle époustouflant. C’est une occasion unique pour un pays de se doter d’infrastructures modernes et de faire rêver sa jeunesse. À la simple vue des sourires sur les visages joyeux pendant les Jeux on comprend que c’est une ouverture sur le monde sans précédent de même que la possibilité pour plusieurs de s’intéresser à de nouveaux sports.

En plus des performances sportives, la trêve olympique représente souvent un moment de paix. Il n’y a qu’à regarder le rapprochement des deux Corées pour s’en convaincre. Rien ne peut surpasser le spectacle d’un athlète portant fièrement les couleurs de son pays et offrant le meilleur de lui-même.

Tout cela est vrai. Mais comme le dit le proverbe, il y a toujours deux côtés à une médaille. Les Jeux olympiques nous offrent un tas de raisons de nous préoccuper de son avenir sous sa forme actuelle.

D’abord la corruption. Elle est omniprésente. Que ce soit pour l’obtention des Jeux (regardez ce qui s’est passé à Atlanta ou au Brésil) ou pour la construction des infrastructures et sites de compétitions (pensez à Sotchi), des millions, voire des milliards, de dollars ont été détournés depuis un siècle.

Les coûts associés à l’organisation des Jeux olympiques sont rendus astronomiques! Seules les mégapoles de ce monde, celles se trouvant dans des pays riches, ont suffisamment d’argent pour les accueillir. Pourquoi croyez-vous que le maire de Québec, Régis Labaume, a sagement décidé de retirer la capitale provinciale de cette course folle? Le CIO devra se réveiller et imposer une réduction des coûts sinon il n’y aura plus aucune ville capable d’organiser des Jeux.

Un site abandonné des Jeux olympiques de RioOn entend souvent parler des retombées économiques des Jeux olympiques. Oui, cela crée du boulot pour de nombreux travailleurs! Mais lorsque les jeux sont terminés, il ne reste qu’une dette importante à rembourser sur des installations qui sont très souvent laissées à l’abandon. Plusieurs de celles des Jeux de Turin, de Sotchi ou de Rio tombent déjà en ruine.

L’hypocrisie des bonzes du CIO est également un très sérieux irritant. L’ancien skieur acrobatique, Jean-Luc Brassard, l’a d’ailleurs évoqué dans une récente entrevue accordée au Franc Tireurs. Il mentionnait être très amer envers le Comité olympique canadien (COC). Il rappelait à quel point le CIO, un organisme à but lucratif gardant ses états financiers secrets, exploitait les athlètes pour amasser des milliards de dollars. De l’argent fait sur le dos de ces sportifs et qui sert en partie à défrayer les salaires princiers de membres du CIO se croyant souvent plus importants que des chefs d’État.

Évidemment le dopage! Il faut vivre sur une autre planète pour ne pas en avoir entendu parler. C’est devenu un fléau qui semble impossible à endiguer. Imaginez, même un des états les plus importants de la planète, la Russie, se fait surprendre à organiser et cautionner un dopage généralisé de ses athlètes puisqu’il sait comment falsifier les résultats. Le CIO n’a eu d’autres choix que de réagir, mais tardivement et après avoir demandé moult enquêtes.

En fin de compte, 168 athlètes russes participeront tout de même aux Jeux de PyeongChang. Le Montréalais Dick pound, membre du CIO, ne s’est d’ailleurs pas gêné pour remettre en question la manière avec laquelle ce dossier avait été géré en affirmant que « le CIO avait échoué à protéger les sportifs propres tout en permettant à des sportifs qui trichent de devancer des sportifs propres ».

Bien sûr, réunir les meilleurs athlètes de chaque discipline aux quatre ans a un prix. Mais, justement, les meilleurs athlètes ne sont pas tous là. Plutôt que de penser à l’intérêt des amateurs, le CIO, la Fédération de hockey sur glace et la Ligue nationale de hockey ont été incapables d’en venir à une entente permettant aux meilleurs joueurs de porter le chandail de leur pays.

Le CIO n’est pas le seul à blâmer dans ce dossier. L’intransigeance du commissaire de la LNH, Gary Betteman, est bien connue. Mais le CIO veille tellement sur la moindre image de ses jeux et de ses anneaux qu’il devient impossible d’en venir à un compromis. C’est la raison pour laquelle on ne voit pratiquement jamais des images de ce qui fut l’un des grands moments sportifs de l’histoire de notre pays, à savoir le but de Sidney Crosby en prolongation pour la médaille d’or en 2010 à Vancouver. Le CIO en rend la diffusion quasiment impossible.

En conclusion, une sérieuse remise en question des Jeux olympiques est nécessaire. Car au-delà du spectacle que l’on peut voir et apprécier à la télé, le modèle de fonctionnement est à repenser. Le président du CIO, Thomas Bach, n’est pas dupe et il sait que la confiance des amateurs et des athlètes n’est jamais acquise. Un empire comme le sien risque de s’effondrer s’il ne prend pas la peine d’enrayer les complications qui le mine de partout. S’il veut assurer un avenir aux Jeux olympiques, monsieur Bach doit prendre des mesures pour ramener l’événement à hauteur d’homme.

Les Jeux olympiques ont déjà disparu une première fois avant de renaître en 1896 en Grèce. Croisons-nous les doigts pour que cela ne se reproduise pas une seconde fois!