Elle a beau représenter les États-unis, Chloe Kim est assurée grâce à ses origines sud-coréennes d'avoir les faveurs du public local lors de l'épreuve demi-lune en planche à neige des JO 2018 de PyeongChang qui débute lundi et dont elle est la grandissime favorite.

À 17 ans, elle est souvent présentée comme la version féminine de son compatriote Shaun White, le roi incontesté de la planche à neige, au palmarès et aux figures qui donnent le vertige.

Mais en Corée du Sud, Kim est déjà plus que la meilleure planchiste de la planète, comme l'a montré l'accueil reçu en février 2017 pour l'étape de Coupe du monde qui a servi de répétition aux JO 2018.

« C'était la folie, comme si j'étais Kim Kardashian », se rappelle Kim, née en Californie de parents sud-coréens. « Il y avait des photographes partout, je n'en avais jamais vu autant, ça m'a fait peur. Je me suis mise à courir, mais c'était tellement cool. C'était déstabilisant, mais j'ai adoré », sourit-elle.

Lors de sa première conférence de presse des Jeux, jeudi à PyeongChang, l'Américaine a du coup été longuement interrogée sur son rapport au pays organisateur.

« Mes parents sont très fiers de la Corée et il y a beaucoup de Coréens à Los Angeles, donc je ne me sens pas complètement isolée de cette culture. J'ai toujours mangé coréen et je pense que j'ai grandi avec les deux cultures », a-t-elle dit.

Score parfait

En demi-lune, Kim est sans rivale. Elle n'a pourtant jamais remporté de titre mondial ni de médaille olympique, mais elle a accroché à son palmarès quatre victoires (dont trois consécutives, la première à 14 ans!) dans les X Games d'hiver, la compétition de référence des sports extrêmes d'hiver.

Mieux encore, la Californienne est la seule à avoir été créditée d'un score parfait de 100 points en compétition et à pouvoir réussir dans le même descente deux 1080 (saut avec une rotation de trois tours complets).

Kim, qui a grandi à Torrance, ville de la lointaine banlieue de Los Angeles, est un phénomène de la discipline : elle a commencé la planche à neige à quatre ans, pour « permettre à (son) père de ne pas skier tout seul et convaincre (sa) mère de venir ».

À 6 ans, elle dispute et remporte ses premières compétitions, tape rapidement dans l'oeil des responsables de la Fédération américaine et convainc ses parents, Jong-jin et Boran-yun, arrivés aux États-Unis en 1982, qu'elle peut faire carrière.

Elle bouscule tout sur son passage et décroche même sa qualification pour les JO 2014 de Sotchi à 13 ans, mais ne peut pas y participer en raison de son trop jeune âge.

Objectif Harvard ou Princeton

« Participer à mes premiers JO dans le pays d'où viennent mes parents est assez dingue », s'est elle donc réjouie jeudi.

« Mon père et ma mère sont tous les deux très excités d'être ici et il y aussi ma grand-mère qui est là pour me soutenir. Ça va être une expérience vraiment marrante pour toute la famille », a-t-elle ajouté.

Chaque année, la jeune femme rend en effet visite à sa famille en Corée, notamment à sa grand-mère maternelle, « une petite mamie toujours élégante qui adore le chocolat ».

Si elle décroche le titre olympique qui lui est promis, Kim, qui vit déjà confortablement grâce à ses nombreux commanditaires, basculera dans un autre monde aux États-unis, obnubilés par les JO, et sa notoriété va exploser.

Mais l'intéressée dont la seule concession à la traditionnelle « rebel attitude » des planchistes est capillaire avec ses colorations bleues, grises ou mauves, semble avoir la tête sur les épaules.

Elle poursuit ses études et rêve d'intégrer les prestigieuses universités de Princeton ou Harvard.

« Il ne me reste qu'une matière à finir, elle est facile, mais ça sera pour après les JO », conclut-elle.