SOTCHI - Ce serait déconcertant que la finale olympique en hockey masculin aux Jeux de Sotchi soit un feu d'artifice à l'attaque, dimanche, compte tenu du style hermétique et structuré en défense que la Suède et le Canada préconisent depuis le début du tournoi.

On pourrait même assister à une finale à caractère défensif, où les rares buts pourraient venir des défenseurs!

Les meilleurs marqueurs des deux équipes sont Erik Karlsson (4-4-8), chez la Suède, et Drew Doughty (4-2-6), pour le Canada.

« Erik connaît un excellent tournoi, a relevé le vétéran Daniel Alfredsson. Il s'implique à l'attaque et il fait très bien en supériorité numérique. Il a été impressionnant en quarts de finale et en demi-finales. Drew Doughty est son égal pour le Canada. Nous allons tenter de le maîtriser, comme le Canada va sûrement apporter une attention particulière à Erik. »

Dans le camp canadien, au lendemain de la victoire de 1-0 contre les Américains, on se disait prêt à livrer une autre dure bataille en défense.

« Je ne serais pas surpris que ce soit un autre match de 1-0, a avancé l'attaquant Matt Duchene, à l'issue de la séance d'entraînement d'Équipe Canada. Les Suédois sont méthodiques en défense. Ils font du bon travail pour ralentir le jeu et se replier à cinq dans leur zone pour bien couvrir le centre de la glace. Et ils misent sur un excellent gardien (Henrik Lundqvist), comme nous (Carey Price). »

Le Canada se montre tout autant avare, n'ayant cédé que trois buts en cinq matchs dans le tournoi. Tous les joueurs ont adhéré au plan du personnel d'entraîneurs, et ils sont unis pour la cause.

« Les gars veulent gagner, c'est aussi simple que ça, a lancé l'entraîneur Mike Babcock. Parfois, on porte trop d'attention sur l'identité des buteurs, le nombre de lancers ou qui joue et ne joue pas. Mais au final, ce qui compte, c'est la victoire, la fierté de représenter le Canada, la suprématie du hockey. Nous voudrions nous vanter que nous sommes les meilleurs. »

À la suite de la performance intense et émotive contre les États-Unis, le Canada doit vite revenir sur terre et faire les ajustements nécessaires en vue de la finale.

« Vendredi, il fallait s'occuper des Américains. C'est ce qu'on a fait. Là, il faut s'occuper des Suédois », a déclaré l'attaquant Patrice Bergeron.

Le choix des arbitres fait jaser

En Suède, on fait déjà les gorges chaudes parce que quatre arbitres nord-américains vont être d'office pour la finale olympique de hockey masculin impliquant le Canada, dimanche.

L'Américain Brad Meier, qui demeure à Calgary, et le Canadien Kelly Sutherland, de Richmond, en Colombie-Britannique, seront les arbitres en chef. Les deux juges de ligne seront les Ontariens Derek Amell et Greg Devorski. Les quatre gagnent leur vie dans la LNH.

Le dévoilement de l'identité des arbitres a soulevé un tollé en Suède, où l'ancien joueur vedette Peter Forsberg a qualifié la nouvelle de «farce monumentale» dans un quotidien suédois.

Le choix des arbitres aux Jeux olympiques, fait par la Fédération internationale de hockey sur glace, doit obtenir l'aval des deux équipes finalistes.

En Russie, l'entraîneur de l'équipe suédoise, Par Marts, ne s'est dit aucunement préoccupé par la situation.

«Je n'ai aucun problème avec ça, a affirmé Marts aux journalistes. J'espère qu'ils vont bien faire leur travail.»

Le défenseur Erik Karlsson a fait remarquer que la plupart des arbitres dans la LNH sont des Canadiens.

«Ils ont possiblement un faible pour le Canadien de Montréal et les Maple Leafs de Toronto, mais rien ne paraît. Ils sont impartiaux.»

Karlsson, défenseur étoile des Sénateurs d'Ottawa, a ajouté qu'il ne s'attarde pas à l'arbitrage.

«Comme vous avez pu le voir vendredi, nous avons eu deux jeux de puissance et la Finlande en a eu plusieurs. Nous n'avons aucun contrôle là-dessus, et c'est la même chose pour le Canada.»

Niklas Kronwall, un autre défenseur, a même dit voir un avantage pour ses coéquipiers et lui, qui évoluent pour la plupart dans la LNH, parce qu'ils sont familiers au style d'arbitrage nord-américain.

«Ce sont tous des arbitres des États-Unis et du Canada dans la Ligue nationale. Nous connaissons leur façon de faire et leur niveau de tolérance, ce sera donc plus facile pour nous également.»

La finale en chiffres

Ce sera le 17e affrontement olympique entre ces pays, le Canada ayant enlevé les honneurs de 12 duels, en plus d'avoir fait match nul une fois.

Le Canada, qui a décroché l'or aux Jeux de Vancouver, va tenter de devenir le premier pays à conserver son titre depuis que l'Union soviétique a réalisé l'exploit en 1984 et en 1988.

Les représentants de l'unifolié n'ont pas remporté de médaille d'or olympique à l'extérieur de l'Amérique du Nord en 62 ans, soit depuis les Jeux d'Oslo en 1952.

Ce sera la première fois depuis 1984 que l'équipe championne n'aura pas subi la défaite dans le tournoi olympique.

La Suède a été sacrée championne du monde en 2013. Aucun pays champion du monde n'a ajouté le titre olympique à son palmarès depuis 30 ans. L'Union soviétique avait remporté le Championnat du monde en 1983, avant de gagner l'or aux Jeux de Sarajevo en 1984.