SINGAPOUR - Le président du Comité international olympique (CIO) Jacques Rogge a déclaré samedi à Singapour ne pas regretter d'avoir attribué les Jeux olympiques à Pékin en dépit des inquiétudes persistantes concernant le respect des droits de l'Homme dans ce pays.

"J'ai déclaré à plusieurs reprises que le CIO considérait comme sage l'attribution des Jeux à Pékin et nous n'avons aucun regret", a-t-il ajouté avant d'en expliquer les raisons.

"Tout d'abord, Pékin avait un excellent projet, probablement le meilleur de tous. Aux Jeux, nous voulons de la qualité et avec la Chine nous l'aurons", a-t-il dit.

"Ensuite, la Chine était candidate pour la deuxième fois et enfin, il s'agissait, énorme plus-value, d'accorder au cinquième de l'humanité les jeux Olympiques", a-t-il poursuivi.

"Pour toutes ces raisons, nous devions attribuer les Jeux à la Chine", a-t-il dit.

Par ailleurs, Jacques Rogge a estimé "qu'il n'y avait pas de réel élan en faveur d'un boycott de la part des gouvernements".

"Il y a des discussions actuellement sur l'éventualité d'un boycott lors de la cérémonie d'ouverture mais je n'ai pas de commentaires spécifiques à faire sur ce sujet", a-t-il ajouté. "C'est aux chefs de gouvernements de décider s'ils veulent venir ou non à Pékin. Ce n'est pas un domaine dans lequel le CIO est amené à intervenir", a-t-il précisé.

Enfin, le président Rogge a affirmé que le CIO était "pour la liberté d'expression" à condition qu'elle demeure "non violente et digne". "Nous préférerions ne pas avoir de manifestations", mais le cas échéant et à ces conditions, "nous les respecterions", a-t-il conclu.


Droits de l'Homme abordés en commission exécutive

Amnesty International a averti en début de semaine que la répression à l'encontre des défenseurs des droits de l'Homme s'était aggravée en Chine à l'approche des jeux Olympiques, au lieu de diminuer, alors que Pékin s'efforce de montrer un front uni.

Quatre mois avant l'ouverture des Jeux, l'organisation de défense des droits de l'Homme estime qu'il est de moins en moins probable que la situation s'améliore, dénonçant notamment une répression sanglante des protestations au Tibet par l'armée.

"Il est de plus en plus clair que l'essentiel de la vague actuelle de répression se produit non pas malgré les Jeux mais à cause des Jeux", dénonce Amnesty.

De son côté, Jacques Rogge a annoncé que la teneur de ce rapport d'Amnesty serait abordée lors de la commission exécutive du CIO qui doit se tenir les 10 et 11 avril à Pékin.

"Nous sommes ravis de l'état d'avancement des préparations des Jeux", a-t-il en outre ajouté. "A quatre mois de l'ouverture des Jeux nous sommes satisfaits de ce qu'a réalisé le comité d'organisation des Jeux (Bocog)", a-t-il poursuivi estimant qu'il y avait encore quelques questions à régler mais "qu'il restait suffisamment de temps pour cela".

Le président Rogge se trouve actuellement à Singapour pour signer la charte des premiers jeux Olympiques d'été de la Jeunesse qui y sont prévus en 2010.