ATHENES (AFP) - L'élection du nouveau président du Comité national olympique (CNO) grec, prévue lundi dernier, a dégénéré en conflit entre ses membres proches de la majorité conservatrice et opposants socialistes, ces derniers dénonçant des manoeuvres pour modifier l'équilibre politique au sein de son comité exécutif.

En raison de ce conflit, l'élection n'a pas pu avoir lieu et a été renvoyée à la semaine prochaine.

La question devrait même être abordée par le Comité international olympique (CIO) lors de la prochaine réunion de sa commission exécutive, vendredi à Turin, sur intervention du président sortant et membre du CIO, Lambis Nikolaou, affirme mercredi la presse grecque.

Initialement les dirigeants, conservateurs et socialistes, des différentes fédérations s'étaient mis d'accord sur un même nom, celui de l'homme d'affaires et magnat de la presse, Minoas Kiriakou, qui était le seul candidat en lice.

Au centre du conflit figure la création récente de quatre nouvelles fédérations sportives nationales, toutes issues de la fédération grecque des sports de glace: bobsleigh et skeleton, luge, curling et hockey sur glace, des sports quasiment inexistants dans le pays.

Fédérations "fantômes"

Les dirigeants de ces quatre nouvelles fédérations sont des proches du parti au pouvoir de la Nouvelle Démocratie (ND).

M. Nikolaou avait refusé de participer à la réunion qualifiant de "curieuse" la convocation de l'assemblée générale du CNO grec par l'autre membre grec du CIO, Nikos Filaretos, qui avait invité les nouvelles fédérations.

Une douzaine de responsables sportifs proches du parti socialiste, représentant les plus grandes fédérations du pays, ont également boycotté la réunion, estimant que la création des quatre fédérations "fantômes" ne visait qu'à assurer un contrôle du comité exécutif du CNO.

Minoas Kiriakou, propriétaire de la chaîne privée de télévision Antenna, l'une des plus importantes de Grèce, et organisateur de la réunion d'athlétisme du Grand Prix de Tsiklitiria, avait indiqué pour sa part qu'il refusait d'être élu "par seulement 10% du mouvement sportif grec".

L'élection a été renvoyée à la semaine prochaine, même si la presse n'excluait pas que la question puisse se transformer en un long feuilleton judiciaire.

M. Nikolaou aurait écrit au président du CIO Jacques Rogge dénonçant le "clonage" des fédérations et assurant que cette affaire était contraire à l'article 30 de la Charte olympique et à la législation grecque, selon le journal To Vima, mercredi.

Constitution

L'ancien ministre socialiste des Sports, Georges Lianis, a accusé M. Filaretou de "couvrir des actes illégaux" et demandé au Premier ministre Costas Caramanlis, qui est également ministre de la Culture et des Sports, de produire tous les documents concernant les quatre nouvelles fédérations afin de déterminer si leur constitution est légale ou non.

Les fédérations sportives en Grèce sont très politisées et leurs dirigeants sont souvent des cadres politiques. Ainsi le président de la Fédération grecque d'équitation est le mari de la maire conservatrice d'Athènes Dora Bakoyannis, numéro deux de la ND.

Les 11 principales fédérations sportives grecques sont tenues par des proches du parti socialiste grec: athlétisme, badminton, base-ball, basket-ball, boxe, football, gymnastique, haltérophilie, natation, tennis de table et volley-ball.

Celles contrôlées par les conservateurs (canoë-kayak, cyclisme, équitation, escrime, judo, patinage, pentathlon moderne, ski, softball, tae kwon do, triathlon, tir à l'arc, tir, voile et les quatre nouvelles fédérations) comptent nettement moins de pratiquants.