L'utopie tenace et malmenée des anti-Pékin
Jeux olympiques dimanche, 6 août 2006. 11:20 samedi, 14 déc. 2024. 23:38
PARIS (AFP) - Les prochains JO auront lieu à Pékin du 8 au 24 août 2008: si cette évidence ne souffre pas contestation dans le monde sportif, elle n'est pas encore une fatalité pour les militants des droits de l'Homme opposés à la "légitimation olympique" d'un régime chinois jugé "totalitaire".
Parmi les nombreux mouvements qui appelèrent au boycott dès l'été 2001 - date de l'attribution par le Comité international olympique (CIO) des Jeux d'été 2008 à la capitale chinoise -, Olympic Watch est demeuré le plus jusqu'au-boutiste. Celui qui n'a pas renié l'objectif originel.
"Il sera extrêmement difficile d'empêcher les Jeux de se tenir à Pékin, mais cela reste un but", confirme Petr Kutilek, secrétaire général d'Olympic Watch, organisation basée à Prague et fondée par d'anciens opposants au régime communiste tchécoslovaque. Qui ont depuis mis des bémols à leurs revendications: "Le corollaire, poursuit ainsi M. Kutilek, c'est que si les Jeux devaient avoir lieu en Chine, ils se déroulent dans un pays respectueux des droits de l'Homme et non sous un régime totalitaire."
A l'inverse d'autres organisations qui louent les actions du CIO tout en regrettant son impuissance, Olympic Watch n'a aucune clémence pour les barons de Lausanne (Suisse). "Le CIO pourrait être bien plus influent, juge Kutilek. Il a le pouvoir de retirer les Jeux à la Chine et sait que les JO sont très importants pour asseoir la légitimité du gouvernement. Il pourrait agir mais ne le fait pas. C'est une honte si l'on se réfère aux valeurs de l'idéal olympique qui prône les droits de l'Homme et la dignité humaine."
Pragmatisme et vigilance
Chargé de l'Asie à Reporters sans frontières (RSF), Vincent Brossel est plus indulgent envers l'autorité olympique. "Le CIO sait qu'il n'a pas l'oreille des Chinois. Il est écouté par le comité d'organisation (BOCOG) mais pas par les politiques." Ceux qui, selon RSF, écrasent les opposants, bâillonnent la presse nationale et internationale (32 journalistes et 50 internautes emprisonnés), exécutent plus de condamnés à mort que les autres pays du monde réunis et "vont recevoir grâce aux Jeux un blanc-seing pour poursuivre la répression."
"L'attribution des Jeux n'a pas été le levier pour le retour à la démocratie comme disait l'espérer le CIO, juge Brossel. Les Jeux seront une catastrophe en interne, entachés de manifestations violentes." Pour RSF, le réalisme prime désormais sur l'utopie. "On n'a pas abandonné l'idée du boycott, mais on sait être pragmatique."
Pragmatique, François Loncle l'est depuis 2001. Le député socialiste français est l'un des rares hommes politiques français à agiter le chiffon rouge au nez des autorités occidentales qui "s'assoient sur les droits de l'Homme dès qu'il s'agit de vendre des avions."
"Je suis hostile à la tenue des JO à Pékin", explique-t-il, "mais je ne me suis jamais prononcé pour le boycott qui est une notion assez réductrice. On sait qu'on ne pourra empêcher les Jeux de se tenir à Pékin."
Pour François Loncle, la solution la moins mauvaise est une vigilance de tous les instants et un crescendo de démarches au fur et à mesure que s'approche le 8 août 2008. Pour contrebalancer ce qu'il qualifie de "grande lâcheté internationale", cette manière consensuelle et confortable pour la communauté internationale de préparer Pékin-2008 comme Athènes-2004.
Parmi les nombreux mouvements qui appelèrent au boycott dès l'été 2001 - date de l'attribution par le Comité international olympique (CIO) des Jeux d'été 2008 à la capitale chinoise -, Olympic Watch est demeuré le plus jusqu'au-boutiste. Celui qui n'a pas renié l'objectif originel.
"Il sera extrêmement difficile d'empêcher les Jeux de se tenir à Pékin, mais cela reste un but", confirme Petr Kutilek, secrétaire général d'Olympic Watch, organisation basée à Prague et fondée par d'anciens opposants au régime communiste tchécoslovaque. Qui ont depuis mis des bémols à leurs revendications: "Le corollaire, poursuit ainsi M. Kutilek, c'est que si les Jeux devaient avoir lieu en Chine, ils se déroulent dans un pays respectueux des droits de l'Homme et non sous un régime totalitaire."
A l'inverse d'autres organisations qui louent les actions du CIO tout en regrettant son impuissance, Olympic Watch n'a aucune clémence pour les barons de Lausanne (Suisse). "Le CIO pourrait être bien plus influent, juge Kutilek. Il a le pouvoir de retirer les Jeux à la Chine et sait que les JO sont très importants pour asseoir la légitimité du gouvernement. Il pourrait agir mais ne le fait pas. C'est une honte si l'on se réfère aux valeurs de l'idéal olympique qui prône les droits de l'Homme et la dignité humaine."
Pragmatisme et vigilance
Chargé de l'Asie à Reporters sans frontières (RSF), Vincent Brossel est plus indulgent envers l'autorité olympique. "Le CIO sait qu'il n'a pas l'oreille des Chinois. Il est écouté par le comité d'organisation (BOCOG) mais pas par les politiques." Ceux qui, selon RSF, écrasent les opposants, bâillonnent la presse nationale et internationale (32 journalistes et 50 internautes emprisonnés), exécutent plus de condamnés à mort que les autres pays du monde réunis et "vont recevoir grâce aux Jeux un blanc-seing pour poursuivre la répression."
"L'attribution des Jeux n'a pas été le levier pour le retour à la démocratie comme disait l'espérer le CIO, juge Brossel. Les Jeux seront une catastrophe en interne, entachés de manifestations violentes." Pour RSF, le réalisme prime désormais sur l'utopie. "On n'a pas abandonné l'idée du boycott, mais on sait être pragmatique."
Pragmatique, François Loncle l'est depuis 2001. Le député socialiste français est l'un des rares hommes politiques français à agiter le chiffon rouge au nez des autorités occidentales qui "s'assoient sur les droits de l'Homme dès qu'il s'agit de vendre des avions."
"Je suis hostile à la tenue des JO à Pékin", explique-t-il, "mais je ne me suis jamais prononcé pour le boycott qui est une notion assez réductrice. On sait qu'on ne pourra empêcher les Jeux de se tenir à Pékin."
Pour François Loncle, la solution la moins mauvaise est une vigilance de tous les instants et un crescendo de démarches au fur et à mesure que s'approche le 8 août 2008. Pour contrebalancer ce qu'il qualifie de "grande lâcheté internationale", cette manière consensuelle et confortable pour la communauté internationale de préparer Pékin-2008 comme Athènes-2004.