MONTREAL - Être chef de mission de la délégation olympique canadienne, c'est bien plus qu'avoir un simple rôle de porte-parole auprès des médias et de 'nounou' des athlètes pendant la quinzaine des Jeux olympiques.

D'ailleurs, même si on est encore à un an des Jeux d'hiver de Vancouver, Nathalie Lambert est déjà au travail. Voilà déjà un an qu'à titre de chef de mission, elle fait partie d'une équipe d'une demi-dizaine de personnes qui est en voie de choisir les 125 individus - environ - qui épauleront les 220 athlètes qu'on prévoit qualifier en vue des prochains JO.

"On a commencé à mettre les pions en place. Les attachés de presse sont presque tous choisis et l'équipe médicale est pas mal montée, a indiqué Lambert lors d'un entretien avec La Presse Canadienne. On aura aussi un ombudsman au cas où il y aurait des litiges graves - comme le cas Salé-Pelletier, par exemple. On va aussi avoir des gens aux services aux athlètes, aux transports."

Le travail de Lambert et de ses acolytes, c'est de s'assurer de choisir des individus qui ont des qualités de leadership et sont capables de faire preuve d'un calme... olympien.

"On va être dans un contexte où tout le monde va être un petit peu nerveux et un peu fou - les athlètes, les entraîneurs, les chefs d'équipe. Donc notre rôle à nous, c'est d'être calmes, positifs, de trouver de solutions, a souligné Lambert. Car si on n'est pas de bonne humeur, ça devient contagieux dans un contexte où tout le monde est nerveux.

"On essaie donc de trouver des personnes qui fonctionnent bien en équipe, qui sont capables d'être calmes, comme le petit canard où tout est beau en surface et qui pédale fort sous l'eau."

Des solutions à l'avance

Le rôle de Lambert et de son équipe, c'est aussi d'identifier, dès maintenant, les petits tracas qui pourraient déranger les athlètes canadiens pendant les Jeux et de trouver des solutions avant même que ceux-ci ne se manifestent.

"Le but, c'est de mettre toutes les chances de notre bord pour que chacun de nos 220 athlètes performe vraiment à sa juste valeur aux Jeux", a expliqué Lambert.

"Par exemple, à Vancouver, il se peut qu'il pleuve beaucoup, donc on a déjà établi des solutions au niveau des vêtements, des parapluies, a expliqué Lambert. On va être dans un bâtiment où il va y avoir beaucoup de marbre, alors ça pourrait devenir très glissant, on ne veut pas que les athlètes patinent dans le hall d'entrée."

Lambert s'implique aussi dans l'organisation d'une série de séminaires, appelée la Série de l'excellence olympique, à l'intention de nos olympiens. Ces conférences ont pour but de leur "donner un petit coup de pouce" aux chapitres de la gestion du stress et des distractions.

"Il va avoir plein de conférenciers invités, dont des athlètes qui ont bien performé aux Jeux de Pékin, qui vont venir partager leur expertise, comment ils ont vécu ça, ce qui les a aidés à rester concentrés dans la dernière année avant les Jeux, a affirmé Lambert. C'est facile d'être motivé la journée que tu vas performer aux Jeux, mais on pense que si tu l'es à tous les jours de la bonne façon dans les mois précédents, ça va faire une différence.

"Plusieurs de nos athlètes vont entendre parler, presque à tous les jours, des médailles qu'ils sont supposés gagner. A un moment donné, ça devient quelque chose de difficile à gérer au niveau mental. Ce n'est pas nécessairement facile de rester dans une 'zone' où tu maîtrises tout ce que tu fais."

Au-delà des résultats, la santé

Aux yeux de Lambert, le scénario idéal lors des Jeux de Vancouver, ce serait que "la plupart de nos athlètes qui sont supposés gagner des médailles, le fassent". Si c'est le cas, il y aura peu de gens qui seront déçus, estime-t-elle. Et ce, peu importe que le Canada finisse - comme promis - au premier rang du classement des médailles ou non.

"Ce n'est pas juste le fait de finir premier qui importe, a-t-elle ajouté. J'aimerais aussi que les Jeux amènent les gens à réaliser qu'on peut se servir du sport amateur pour faire la promotion de la santé, des valeurs canadiennes et de bien d'autres choses. Si les Jeux avaient été ailleurs, il n'y aurait pas eu les mêmes opportunités de créer un impact aussi important, mais là on a une opportunité de relancer, pas juste les Jeux d'hiver, mais le programme olympique au complet.

"Si on fait bien à Vancouver, je pense qu'on va dire, OK, on continue de mettre les fonds même si les Jeux ne sont pas au Canada, même s'ils sont en Russie ou en Angleterre."

A plus court terme, Lambert se dit optimiste de voir le Canada réussir "ses" Jeux.

"Je regarde nos performances dans tous les sports et je dirais qu'en gros ça va très bien. A Vancouver, ce que j'ai vu jusqu'à maintenant est magnifique, autant au niveau des installations que de la logistique, a-t-elle indiqué. Je suis allée à la Coupe du monde de courte piste là-bas au début de l'année et j'ai vu que les bénévoles sont bien rodés, les infrastructures sont vraiment bien pensées. Il y avait le souci de la petite touche qui va rendre les athlètes à l'aise.

"Le but des gens du comité organisateur, c'est que les gens de l'étranger repartent des Jeux avec la même belle image qu'ils avaient au départ du Canada. On veut montrer que le Canada est un beau grand pays accueillant, que ses gens sont très amicaux, que c'est plaisant d'être ici.

"Et on veut aussi faire vivre la même chose aux gens du Canada. Il y aura beaucoup d'initiatives pour montrer que ce sont les Jeux de tout le pays, pas juste ceux de Vancouver. Entre autres, le relais (de la flamme olympique) va aller d'un bout à l'autre du pays, en passant même par le nord.

"Et on veut montrer qu'on est des bons organisateurs d'événements. Et je pense qu'on l'est. Honnêtement, après être allée dans d'autres pays, et après avoir vu le fiasco d'Atlanta, je peux dire qu'au Canada, on est des bons organisateurs."

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