ATHENES (AFP) - Score fleuve, technique individuelle, esprit d'équipe festif, le Brésil impose aussi sa domination au football à cinq déficients visuels, une discipline introduite pour la première fois aux jeux Paralympiques d'Athènes, où les non-voyants se repèrent au son du ballon et grâce aux conseils de trois valides.

Mercredi contre l'Espagne, le Brésil a gagné 3 à 0, avec deux buts de Marcos Felipe, qui a les mêmes tics de langage que n'importe quel footballeur: "Je suis content pour mes deux buts mais aussi pour avoir aider le Brésil à gagner".
Dans les tribunes, un journaliste de TV Globo s'est fendu d'un direct par téléphone mobile en fin de rencontre pour informer ses compatriotes que les Auriverde jouaient "moito bem" (très bien).

Deux victoires 4-0 contre la Corée du Sud et la France, 3-0 contre l'Espagne, le Brésil est bien parti pour gagner le tournoi, contre son grand rival, l'Argentine, championne du monde en titre.

"Les Brésiliens sont techniques et rapides, comme les voyants. Et les Argentins ont beaucoup de caractère", estime José Urbano, l'entraîneur adjoint des Espagnols.

Souci d'équité

"Les Brésiliens ont beaucoup plus d'années de pratique", estime Julien Zelela, directeur technique fédéral français, qui a accompagné son équipe aux 3e Mondiaux en 2002, à Rio de Janeiro. "Ils jouent beaucoup plus de rencontres, a-t-il ajouté. Ils ont des championnats régionaux, qui se terminent par une phase finale de dix jours regroupant les deux meilleures équipes de chaque région."

Le Brésil compte une quarantaine de clubs pour déficients visuels, contre six en France.

En vertu des règles, Brésiliens et Espagnols se sont affrontés à cinq contre cinq, avec un gardien voyant et quatre joueurs de champ aveugles dans chaque équipe, en deux périodes de 25 minutes.

A part le gardien, les joueurs portent un épais bandeau blanc en éponge sur les yeux, posé sur deux patchs oculaires. Ce luxe de précaution répond à un souci d'équité entre les joueurs aveugles et des malvoyants qui peuvent percevoir, même faiblement, les formes et la lumière.

Sur le terrain, les joueurs se repèrent au son d'un ballon qui dispose d'une sorte de roulement à billes à l'intérieur.

Derrière une barrière d'environ 1,50 m, qui court des deux côtés sur toute la longueur du terrain (pour éviter les sorties en touche), les entraîneurs conseillent leurs joueurs non-voyants, tout comme le gardien de but et l'entraîneur adjoint, placé derrière les buts adverses.

Chacun s'occupe de sa zone: "Le +coach+ donne des consignes pour la zone du milieu du terrain, le gardien, à sa défense, et le +coach+ adjoint aux attaquants", explique le Français Julien Zelela. Le tout pour éviter la cacophonie: "On avait constaté au début de la discipline que ça braillait dans tous les sens comme on dit chez nous, et que cela gênait énormément les joueurs".