LE PIREE (AFP) - A côté du petit îlot d'Atalanti, à quelques centaines de mètres de l'entrée du Port du Pirée le méthanier "Cape Sounion", le paquebot "Melody" et le cargo "Cape Akritas" rouillent depuis des années.

Mais en vue des jeux Olympiques de 2004, les autorités de ce port, près d'Athènes, ont décidé de procéder à un grand nettoyage des quelque cent épaves considérées comme "dangereuses" qui infestent ses eaux. D'autant que pendant les JO, le port abritera 11 bateaux de croisière qui hébergeront des milliers de visiteurs.

Les touristes qui traversent la rade à destination des îles en mer Egée ont droit à un spectacle inattendu: les épaves de cargos, remorqueurs, barges ou chalands abandonnés jonchent les eaux situées entre les chantiers navals de Keratsini, banlieue ouest du Pirée, et l'île de Salamine toute proche.

"C'est une image qui ternit le premier port de la Méditerranée, qui doit accueillir dans un an beaucoup plus de visiteurs que d'habitude à l'occasion des Jeux", déplore Franguiskos Papadoyannis, directeur général de la société Ergoport, spécialisée dans les sauvetages en mer et les renflouements.

Négligence

A bord du "Keravnos" ("Tonnerre"), l'un des remorqueurs d'Ergoport, M. Papadoyannis parcourt presque quotidiennement "ce cimetière des bateaux" datant de "deux ou même de trois décennies" qui entravent la navigation dans cette zone.

D'autres épaves totalement immergées sont encore "plus dangereuses car des morceaux qui se sont détachés de la coque ont menacé à plusieurs reprises les bateaux circulant dans cette zone, notamment la nuit", explique-t-il.

Contraint par la négligence des armateurs, qui préfèrent éviter le coût considérable du renflouement et du dépeçage des vieux navires et déterminé à procéder à un "lifting" de ses eaux en vue des Jeux, l'Etat grec a voté en juin une loi donnant à l'Organisme semi-public du Port du Pirée le feu vert pour entreprendre la liquidation des vieilles épaves.

Jusqu'ici il y a eu une certaine tolérance des autorités vis-à-vis des armateurs car la loi "ne nous autorisait pas à intervenir en raison de plusieurs problèmes juridiques liés à la propriété des bateaux", reconnaît Eleni Glava, qui s'occupe des navires naufragés au port.

Appels d'offres

"Il s'agit d'une vaste opération dangereuse et coûteuse dont la durée dépend d'une série des facteurs allant des conditions météorologiques à l'état du bateau naufragé. Mais cette loi est vraiment une grande occasion pour se débarrasser de ce problème présent non seulement au Pirée mais à des dizaines de ports du pays", explique M. Papadoyannis.

Sa société, l'une de sept sociétés du genre en Grèce, est l'adjudicatrice du premier appel d'offres lancé par le port pour le nettoyage d'un premier ensemble d'épaves à Ambelakia, la baie historique de l'île de Salamine, connue pour la victoire navale des Athéniens sur les Perses en 480 avant notre ère.

La mairie et le service archéologique de Salamine attendent avec impatience "le nettoyage de ce lieu historique pour pouvoir le mettre en valeur", dit M. Papadoyannis qui espère que dans deux ou trois mois l'opération, d'un coût de 200.000 euros, sera achevée.

Concernant le reste des épaves, trois autres appels d'offres sont prévus d'ici la fin de l'année sans qu'il soit toutefois sûr que l'ensemble sera nettoyé avant le début des Jeux en août prochain.

Côté du port du Pirée, les responsables parient sur une hausse des recettes après la libération des places occupées pas ces vieux bateaux, ce qui contribuerait à amortir le coût de l'opération.