KABOUL (AFP) - Pour la première depuis 1996, huit sportifs défendront les couleurs de l'Afghanistan aux Jeux olympiques, en juillet 2004 à Athènes, plus de deux ans après la chute du régime fondamentaliste des talibans pour lesquels le sport était anti-islamique.

Parmi eux, deux boxeurs, Abdul Hamid Rahimi, 31 ans, et Bashirmal Sultani, 19 ans, s'entraînent activement au stade de Kaboul.

Avant de travailler crochets et uppercuts sur les conseils de leur coach, Abdul et Bashirmal font quelques foulées sur le grand stade de la capitale afghane. Un match de foot fait office d'échauffement.

La salle d'entraînement des boxeurs est installée sous une tribune du stade. L'endroit est minuscule, l'atmosphère confinée et presque irrespirable. Une trentaine de boxeurs y jouent des coudes pour se placer face à l'un des quatre sacs de frappe usés par les coups.

Abdul travaille sa technique à l'écart des autres boxeurs, face à un vieux miroir crasseux et brisé. Il boxe depuis l'âge de 20 ans. Avec un poids de forme de 51 kilos, il s'entraîne deux fois par jour, cinq jours par semaine.

Ici, pas de rameur ou d'appareil de musculation sophistiqué. Les boxeurs patientent pour soulever une unique barre de fonte lestée d'un unique jeu de poids.

"Tout donner pour mon pays"

Les douches sont inutilisables. Le vestiaire officiel reste fermé à clef, réservé pour les grandes occasions. Quelques bancs recouverts d'une bâche estampillée HCR -Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés- permettent aux boxeurs de se changer et d'attendre leur tour pour s'entraîner.

"J'aime la boxe. Ce sport est dur, mais il est le plus reconnu dans notre pays", explique Abdul, qui a déjà plusieurs médailles internationales à son palmarès, dont une médaille de bronze aux jeux Asiatiques.

Abdul est fier de représenter l'Afghanistan aux prochains jeux d'Athènes.

"Je vais tout donner pour mon pays", annonce fièrement ce père de deux fillettes qui consacre tout son temps à sa passion: "Je suis sans emploi. Je ne sais rien faire d'autre que boxer", explique-t-il.

Bashirmal Sultani est déjà considéré par le petit milieu pugilistique afghan comme le digne successeur d'Abdul. Lui aussi a remporté une médaille de bronze aux jeux Asiatiques, mais dans une catégorie de poids supérieure.

"Je partage mon temps entre l'université et l'entraînement. J'ai appris à aimer la boxe en regardant des combats à la télévision", explique-t-il en regrettant qu'"il y a encore deux ans, les talibans nous empêchaient de boxer en disant que nous allions nous abîmer le visage".

"Aujourd'hui nous sommes libres et personne ne vient interrompre nos entraînements. Mon seul souhait maintenant est de boxer pour mon pays face à une caméra", sourit-il.

Derniers JO en 1996

Bashirmal est un passionné qui ne manque pas un match de ses trois
boxeurs préférés: "Tyson, Holyfield et Samim. Samim ? c'est mon entraîneur. C'était un très bon boxeur qui a beaucoup combattu à l'étranger, le véritable Monsieur boxe d'Afghanistan qui entraîne 27 boxeurs internationaux. Il sait tout sur tout."

Le Comité international olympique (CIO) a annoncé le 4 juillet la fin de la suspension de l'Afghanistan aux épreuves olympiques imposée en octobre 1999.

Les athlètes afghans avaient participé pour la dernière fois aux JO en 1996 à Atlanta (Etats-Unis), année de la prise du pouvoir par les étudiants en religion, qui devaient plus tard, au nom de l'islam, s'opposer à la pratique de presque tous les sports.

Six autres Afghans participeront aux Jeux d'Athènes: en athlétisme, deux coureurs s'aligneront aux épreuves du 100 mètres, 200 mètres et/ou du 400 mètres. Deux athlètes prendront part à la compétition en lutte. Et deux femmes seront également en lice dans l'épreuve de taekwondo.