PEKIN (AFP) - Liu Xiang est un très mauvais exemple pour les juniors chinois: athlète précoce, champion olympique 2004 du 110 m haies un an après son passage chez les seniors, il a suggéré à ses jeunes compatriotes que leur marche victorieuse vers les JO de Pékin en 2008 n'était qu'une formalité.

Aucun des 79 Chinois en piste aux Mondiaux juniors - qui servent actuellement à la capitale chinoise de test modèle réduit en vue des Jeux -, ne songerait à avouer que son but est d'être... aux Jeux de Londres en 2012. Comme le font les Français et d'autres Européens, conscients que le champion junior mûrit en général en une olympiade, six ans même selon les disciplines.

"L'important pour nos athlètes n'est pas que la médaille soit olympique, mondiale, ou asiatique, l'important c'est de la gagner devant le public chinois", explique l'entraîneur Feng Zhiquan, expliquant que les performances de ses athlètes en 2005, notamment aux Mondiaux d'Helsinki, avaient pâti de la proximité des jeux nationaux de Nankin où est défendu l'honneur des provinces. Pour un Chinois, remporter l'or est un triomphe à Pékin, un succès à Londres.

"Je vise une médaille, cette année et dans deux ans", expliquait à la presse nationale, avant les Mondiaux, Xiaoyi Zhang, 17 ans, auteur de la meilleure performance juniors de l'année à la longueur en 8,17 m. Une marque qui lui aurait offert une médaille d'argent à l'Euro, la semaine dernière à Göteborg mais qu'il n'a pu rééditer mercredi soir. Avec 7,86 m, il a dû se contenter du bronze. Meilleur Chinois, toutes catégories d'âge confondues, il est cependant tout en haut de la liste pour l'attribution des tickets olympiques.

Vie d'ascète pour ticket olympique

Haiqiang Huang, 18 ans, son alter ego du saut en hauteur, affiche, différemment, la même ambition. Ses 2,28 m sont la deuxième m.p.m. juniors de l'année et surtout la deuxième meilleure performance chinoise, juniors et seniors confondus. Un début d'assurance d'être de la partie dans deux ans.

Pour cela, Haiqiang mène une vie d'ascète dans un sport-étude de Hangzhou. "Je n'aurai peut-être pas le niveau dans deux ans mais en tout cas j'aurai fait ce qu'il fallait."

La Chine, qui en deux journées a remporté 3 médailles dont une d'or à Pékin, a d'autant plus besoin d'amener ses jeunes à de rapides progrès que les seniors marquent le pas. Liu Xiang, détenteur du record du monde sur 110 m haies depuis juillet, est l'arbre qui ne parvient pas à cacher une forêt dégarnie. Excepté dans les très confidentielles épreuves de marche, le pays est loin d'être une superpuissance.

L'émergence de Xiaoyi Zhang et Haiqiang Huang ne pouvait mieux tomber. Comme celle de Xingjuan Zheng, favorite cette année de la hauteur dames. Leurs disciplines sont de celles où l'on grandit le plus vite. A contrario, les lancers, où les filles excellent avec notamment un imposant quatuor en tête des performances du javelot, demandent plus de maturité avant un passage réussi chez les seniors.

Mais impossible n'est pas chinois, surtout à l'approche de JO qui font pousser les immeubles, les hôtels, les stades comme des champignons, alors pourquoi pas les athlètes? Mardi soir, Jiahong Liang, finalement 5e, est bien devenu le premier junior Chinois à se qualifier pour une finale mondiale du 100 m.