ATHENES (AFP) - Pour justifier le coût onéreux de l'organisation des Jeux olympiques d'Athènes d'août 2004, le gouvernement ne cessait à l'époque de répéter que les sites olympiques permettront la multiplication des espaces verts et l'amélioration de l'image de la capitale.

Deux ans après, la majorité de cet héritage reste abandonné et fermé au public: seuls trois sites sur les quinze construits pour les Jeux ont réussi jusqu'ici à trouver des débouchés.

Il s'agit du site de badminton à Goudi près du centre-ville, de celui de tennis de table et de gymnastique rythmique à Galatsi dans la banlieue ouest, et le centre international de transmission (IBC) à Maroussi (nord).

Récemment loués pour une période qui varie entre 15 et 40 ans, ces sites seront prochainement convertis en centres commerciaux et de loisirs et "apporteront à l'Etat près de 500 millions d'euros", se prévaut Spyros Kladas, secrétaire général pour l'exploitation des sites.

Ainsi, le fardeau du coût d'entretien, qui s'élève pour l'ensemble des sites à 57 millions d'euros par an, "va être réduit à 37 millions d'euros", ajoute Christos Hatziemmanouïl, président de la société Immobilier olympique.

Décharges

L'image de l'abandon du reste des sites, dont certains se sont transformés en "lieux de décharge", a fait réagir l'opposition et les organisations écologistes qui dénoncent "ce bradage", et le non-respect des "engagements verts" du gouvernement conservateur.

De même, les investisseurs et l'opinion publique s'interrogent sur la rentabilisation des Jeux, financés exclusivement par l'Etat et dont le coût total a atteint 13 milliards d'euros, une somme qui a fait déraper le déficit public.

"Si la Grèce a su gagner en réputation après le succès des Jeux, profitant même d'une légère hausse du tourisme, 5% en 2005 et peut-être un peu plus cette année, nous avons pris du retard sur l'exploitation de cet héritage", relève à l'AFP Yiorgos Drakopoulos, président de l'Union des entreprises touristiques.

Attribuant ce retard à "un amalgame de difficultés allant du manque d'organisation et d'imagination à l'inexistence d'un plan post-olympique", M. Drakopoulos souligne que "les ankyloses de la bureaucratie découragent les investisseurs".

Pour sa part, le gouvernement renvoie la responsabilité au précédent gouvernement socialiste au pouvoir lors des préparatifs des Jeux (2000-2004).

Légués

"La société de l'Immobilier olympique n'a commencé à être opérationnelle qu'après les Jeux, alors qu'elle aurait dû être créée en 1997, parallèlement avec la création du comité d'organisation des Jeux", déplore M. Kladas.

Cependant, il assure qu'au moins trois autres sites seront loués d'ici la fin 2006: le centre de voile à Agios Kosmas, le site de canoë-kayak slalom à Hellinikon et une partie du centre multisports du Phalère, situés tous les trois dans la banlieue balnéaire (sud).

Un appel d'offre sera prochainement lancé pour le centre hippique de Markopoulo (à 40 km d'Athènes) où seront construits un hôtel et un parcours de golf, souligne-t-il.

Pour gagner du temps, trois installations seront léguées au secteur public: le Centre de presse au ministère de la Santé, le site de lutte au ministère de la Culture et celui d'haltérophilie de Nikéa à l'Université du Pirée.

Mais certains sites doivent faire face à des obstacles plus importants: impasse juridique pour l'exploitation du champs de tir à Markopoulo, problèmes environnementaux et financiers pour le bassin d'aviron situé dans une réserve naturelle à Schinias (40 km d'Athènes).

De même, en province, les stades de football de Patras (sud-ouest) et de Volos (centre) "posent aussi de sérieux problèmes d'exploitation car ils ont été construits sans prendre en considération les nécessités et l'importance de la population locale", affirme M. Hatziemmanouïl.